Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe de Noël à l’hôpital Vaugirard-Gabriel Pallez
Mardi 24 décembre 2024 - hôpital Vaugirard-Gabriel Pallez (15e)
– Nativité du Seigneur
- Is 9,1-6 ; Ps 95,1-3.11-13 ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14
Nous entendons chaque année à Noël ce passage du Livre du prophète Isaïe. C’est un texte très ancien qui date de bien avant Jésus et qui nous invite à voir, dans le moment que nous vivons, une grande lumière pour chacun d’entre nous, un grand moment où la lumière de Dieu vient jusqu’à nous. Et c’est quelque chose qui s’est passé si souvent dans la vie du peuple de Dieu, d’être réjoui. Il est question dans le texte que nous avons lu : « Tu as prodigué la joie et tu as fait grandir l’allégresse. » La joie et l’allégresse, Dieu nous les envoie très régulièrement, tout au cours de l’histoire et puis dans notre vie à chacun d’entre nous. Aujourd’hui, nous sommes invités tout simplement dans la joie que Dieu nous apporte. Bien sûr, il y a des souffrances dans cette vie, chacun de nous le sait, vous le savez autant que tout le monde. Il y a des moments de solitude, des moments de douleur, des moments de souffrance, et puis il y a dans le monde des tas d’occasions d’être attristé par ce qui s’y passe. Je n’ai pas besoin d’en ajouter beaucoup car il y a des guerres partout, il y a des souffrances comme ce qui s’est passé il y a quelques jours à Mayotte, un ouragan qui a dévasté l’île, qui a fait des victimes et de nombreuses pauvretés de toutes sortes. Bien sûr il y a tout cela, mais il y a aussi une lumière qui nous rejoint sans cesse : Dieu ne nous oublie pas.
Et l’Évangile nous le dit d’une façon très forte et très précise. On dit : « il n’y avait pas de place pour Marie et Joseph dans la salle commune. » Eh bien voilà qu’ici, dans cette salle commune, nous sommes rassemblés et nous essayons de faire place à Jésus, nous essayons de l’accueillir au milieu de nous. Nous nous disons qu’il est là, avec nous pour nous apporter cette joie de ne pas être seuls, parce que si nous ne sommes pas seuls c’est parce qu’il y a dans notre cœur quelque chose qui nous a dit de nous rassembler, de ne pas rester chacun isolé, de ne pas rester sur des moments de souffrance que nous pouvons vivre. Alors nous entendons que cette venue du Seigneur dans la salle où nous sommes, par l’eucharistie que nous allons célébrer et par la Parole que nous venons d’entendre, qui nous l’a annoncé, et par la prière que chacun d’entre nous nous faisons, nous savons, nous comprenons, nous croyons que le Christ Seigneur est là avec nous, qu’il donne la main à chacun d’entre nous. Quand nous nous donnons la main les uns aux autres c’est un signe de la main que Jésus nous tend pour nous emmener avec lui dans sa joie, dans sa lumière, dans sa bonté, dans le don qu’il fait de lui-même à chacun d’entre nous. Et alors cela nous transforme, cela nous fait vivre autrement, cela nous ouvre les uns aux autres. Cela nous permet d’être toujours aussi la main tendue vers les autres pour leur dire que nous sommes là ensemble, que nous ne nous oublions pas les uns les autres, et surtout qu’il y en a un qui ne nous oublie jamais : il est toujours présent, nous pouvons toujours nous tourner vers lui.
Voilà la joie de Noël, celle que nous célébrons aujourd’hui. Nous avons vraiment besoin de l’entendre dire. Je sais que, depuis plusieurs semaines, vous y pensez. Je sais qu’il y a des préparatifs dans cette maison qui vous y font penser. Alors, ensemble, nous nous tournons les uns vers les autres avec joie en nous disant : c’est Noël, ne restons pas dans la peine mais vivons avec l’espérance que nous avons fait de la place à Jésus dans notre vie, que nous continuerons de la faire et que nous ne cesserons pas de nous soutenir les uns les autres et de nous montrer le chemin qui conduit, dans la lumière, vers le Seigneur.
Soyez heureux d’être ainsi rassemblés, soyons heureux tous ensemble de pouvoir chanter la gloire de Dieu comme nous l’avons fait il y a quelques instants.
+Laurent Ulrich, archevêque de Paris