Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Appel décisif des catéchumènes adultes en la cathédrale Notre-Dame

Samedi 8 mars 2025 - 10h - Notre-Dame de Paris (4e)

 Voir l’album-photos des deux célébrations.


 Lc 19, 1-10

Zachée cherchait à voir Jésus, mais il ne le pouvait pas parce qu’il était trop petit et « il courut et monta sur un arbre pour le voir passer ». C’est l’histoire d’un chercheur d’or qui devient chercheur de Dieu : il n’était pas chercheur d’or comme au temps de la ruée vers l’or dans l’Ouest américain, mais il semblait aimer l’argent en tout cas. Et, tout à coup, voilà qu’il cherche à voir Jésus. Il court pour le voir, il franchit des obstacles parce qu’il était de petite taille, et il monte sur un arbre pour voir Jésus parce qu’il le cherchait. Quelque chose s’est produit en lui, quelque chose l’a transformé. Et ce quelque chose, il va s’apercevoir que c’est quelqu’un : quelqu’un qui l’a transformé, qui a fait de lui un être nouveau.

Quand je pense à vous, quand je pense aux lettres d’un grand nombre d’entre vous que j’ai déjà pu lire, je vois qu’il y a parmi vous - non pas un certain nombre mais tous - des hommes et des femmes qui cherchent à voir Jésus. Vous avez votre vie, vous avez votre vie personnelle, sociale, familiale, professionnelle, vous avez cette vie-là dans laquelle vous cherchez non pas de l’or probablement, mais à bien vivre. Vous cherchez certainement à être aimés, vous cherchez à aimer, vous cherchez du sens à votre vie, vous cherchez ce qui pourrait mobiliser vraiment et donner de la force au fait de vivre qui ne soit pas simplement de consommer et de passer de rendez-vous en rendez-vous qui occupent l’existence. Vous sentez qu’il y a quelque chose de plus. Et il me semble que beaucoup d’entre vous courent après Jésus, et cherchent à le voir depuis longtemps. Le Père Géniteau, tout à l’heure, a dit que pour certains cela fait des mois, pour quelques-uns cela fait des années, que peut-être sans oser vraiment, vous cherchez à entrer dans la relation avec quelqu’un qui vous fasse vraiment du bien, qui vous dise quelque chose de vrai pour votre existence.

Il se trouve en effet, dans l’évangile que nous venons d’entendre, que Jésus aperçoit Zachée sur son arbre. C’est important parce que souvent, dans les récits de l’Évangile, quand Jésus fait une rencontre on a l’impression qu’il remarque quelqu’un sur le chemin, qu’il se baisse vers quelqu’un qui est courbé, qu’il est capable de s’arrêter devant quelqu’un qui ne peut plus bouger. Et là, il lève les yeux vers cet arbre où Zachée est monté pour le voir. D’habitude quand Jésus lève les yeux c’est vers le ciel pour prier son Père, et là c’est pour regarder l’homme qui a cherché à le voir. Ça n’est pas rien ! Il lève les yeux vers l’arbre, vers Zachée, et peut-être vers le ciel, pour lui dire : « Tu es monté, tu cherchais, tu voulais aller à la rencontre de Dieu, - parce que quand on monte sur une montagne, quand on monte sur un arbre on s’en rapproche et le sens, à cette époque, du verbe « monter », c’est s’élever vers Dieu - mais maintenant je t’appelle à redescendre aussi chez les autres. Je t’appelle à redescendre vers tes frères et tes sœurs que tu vas servir par amour pour moi, parce que tu as découvert en moi celui qui te sauve d’une recherche vaine, de désirs qui ne conduisent nulle part. Je t’invite à suivre un chemin où, par amour de celui que tu cherches, Jésus, de celui qui t’a donné la vie, Dieu le Père, tu vas pouvoir entrer au service des autres et vouloir - par exemple dans le cas de Zachée qui se reconnaît pécheur - chercher le pardon des autres et la réparation du mal qu’il a fait. »

Quand on est sur le chemin vers Dieu, vers le Christ, on est ainsi capable de monter vers lui, mais en entendant sa voix on est invité à redescendre aussi vers les autres pour se mettre au service de ceux que Dieu aime aussi comme nous. Parce que vous avez fait une découverte importante - que le Christ vous aime, le Christ nous aime - et c’est la raison profonde pour nous de vivre. Savoir que le Christ nous aime c’est la raison profonde pour nous, désormais, de vivre chaque jour.

J’ai été frappé, dans les lettres que j’ai lues cette année, plus que d’autres années - et peut-être par la grâce de la réouverture de cette cathédrale - par le fait que beaucoup d’entre vous ont cité la rencontre qu’ils ont faite, l’apaisement qu’ils ont trouvé, en entrant dans une église, que ce soit celle-ci, que ce soit une autre. Entrer dans une église c’est un peu comme monter à l’arbre de Zachée, c’est un peu comme aller à la recherche de celui de qui nous tenons la vie, c’est être un peu comme celui qui désire voir passer Jésus dans sa vie.

C’est extraordinaire comme vous avez pu, spontanément, dans vos lettres, dire comment une église a marqué votre démarche. Vous ne vous attendiez pas forcément à y entrer, ou vous étiez entré là pour visiter, ou pour accompagner des amis, de la famille qui vous ont entraîné à découvrir ce qui se passe à l’intérieur d’une église, ou bien de vous-même, et spontanément, vous vous êtes senti attiré par l’église elle-même, et vous avez couru pour y entrer, la regarder, vous y arrêter, et vous trouver bien. C’est une formule que j’ai lue plusieurs fois : se trouver ici apaisé par la rencontre avec le Seigneur. Mais maintenant il vous dit : « Redescends de l’arbre, ne reste pas toujours à l’intérieur de l’église et va à la rencontre des frères pour leur dire la lumière que tu as trouvée. Ou, mieux encore, sans leur dire la lumière que tu as trouvée, les aider sur le chemin où ils la trouveront eux aussi. »

Voilà ce que nous vivons, voilà ce que ce matin vous venez résumer, résumer tout un c cheminement de plusieurs mois ou de plusieurs années. Aujourd’hui une vie nouvelle commence pour vous. Vous vous préparez à recevoir le baptême, l’eucharistie, la confirmation. Vous vous préparez désormais à écouter cette Parole régulièrement, qui vous a mobilisés, transformés. Vous vous préparez à prier davantage le Seigneur et le temps du carême qui vient de s’ouvrir est très favorable à cela. Entrer dans la relation avec lui par l’écoute de sa Parole et par votre parole en échange, votre désir de l’aimer et de vous laisser aimer par lui, et votre désir, enfin, de servir les autres.

Aujourd’hui vous êtes invités à cela : participer à la vie en Église, participer à la vie fraternelle, vous laisser aimer par Dieu et par les autres, être porteurs de l’amour de Dieu et du Christ pour tous.

Que le Seigneur vous accompagne encore et toujours sur ce chemin.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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