Homélie de Mgr Laurent Ulrich – Messe des Rameaux au Frat

Dimanche 13 avril 2025 – Lourdes

 6e dimanche de carême – Année C
 Is 50, 04-07 ; Ps 21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a ; Ph 2, 6-11 ; Lc 22, 14-23, 56.

Mes amis,

Monseigneur Guillet, tout à l’heure, nous a recommandé d’aimer les temps de silence. Et après l’évangile que nous venons d’entendre, tiré de saint Luc, il est bon que nous ayons justement quelques instants de silence pour nous demander quel mot, quelle phrase, quelle attitude de Jésus, quel moment nous retenons dans ce récit de la Passion. Quelques instants de silence pour cela… chacun essaie de se dire : « Qu’est-ce que j’ai retenu de cette lecture ? »

Je voudrais vous dire maintenant ce qui m’a moi-même frappé à la lecture de cet évangile que j’ai déjà entendu si souvent. C’est la répétition dans la bouche de Pilate, le gouverneur romain, de ces mots : « Je n’ai rien trouvé en lui qui mérite condamnation et condamnation à mort ; je ne vois pas ce qu’il y a de mal en lui ». Et puis le Bon Larron, celui que l’on appelle le Bon Larron, qui dit : « Nous, nous n’avons que ce que nous méritons, mais lui il n’a jamais rien fait de mal. »

Elle est frappante cette répétition dans cet évangile : au moment où nous savons que Jésus va être condamné à mort, on ne trouve pas vraiment de raison pour lesquelles il pourrait avoir mérité cette mort. Et c’est important, il y a une insistance, cinq fois : quatre fois Pilate, et une fois le Bon Larron. Cela s’appelle, dans le langage grammatical, un superlatif : vraiment il n’y a rien qui puisse peser contre lui et qui mérite la mort. Nous accueillons cela.

Nous comprenons que l’évangéliste Luc veut essayer de sauver Pilate, montrer que ce n’est pas tout à fait de sa faute. C’est vrai, Pilate n’a rien trouvé qui mérite la mort, mais pourtant il n’a pas été assez courageux pour l’empêcher. Ce superlatif, il est très important et il nous dit qu’en effet Jésus n’a rien fait de mal, qu’il a au contraire passé sa vie à faire le bien comme il est dit ailleurs, notamment dans l’Évangile mais aussi dans le Livre des Actes des Apôtres. Jésus n’a pas cessé de faire le bien, partout où il passait, en paroles et en gestes, et c’est pour cela qu’on voulait le tuer : c’est parce qu’il s’est dit Fils de Dieu, c’est plus exactement parce qu’on a senti qu’avec lui il y avait la puissance de Dieu pour faire du bien en toute occasion. Ce qui ne nous arrive pas à nous toujours : nous essayons de faire du bien, mais Jésus, lui, il le fait, parce que la puissance de Dieu est avec lui. Et c’est parce que Dieu est avec lui qu’on a envie de le supprimer, qu’on a envie de ne pas le suivre.

Pendant ce temps où vous allez être ici au Frat, pendant ces quelques jours, pendant cette Semaine Sainte, nous allons suivre Jésus qui donne sa vie, qui nous dit que le pain et le vin, c’est lui-même qui est présent à nous aujourd’hui encore. Alors, pendant cette semaine, je vous invite à regarder Jésus, à le voir, à contempler ce qu’il fait de bien et à vous dire : « Et pourtant, il a été mis à mort ; et pourtant, le monde dans lequel nous sommes, et nous-mêmes, nous n’avons rien fait pour l’empêcher, nous ne faisons pas assez pour l’empêcher d’aller à la mort. » Nous pouvons observer l’Évangile, écouter l’Évangile, regarder Jésus agir et aller jusqu’au fond de lui-même : nous comprendrons que c’est uniquement parce qu’il nous aime qu’il a accepté de mourir. Il a bien compris que le monde a toujours envie de rejeter la présence de Dieu, mais cette présence de Dieu avec le Christ nous rend capables de faire quelque bien, si possible.

Alors n’hésitons pas ! Tout au long de cette semaine, regardons Jésus l’innocent qui donne sa vie tout simplement parce qu’il nous aime, et disons-nous aujourd’hui : « Jésus, au cours de cette semaine, je veux approfondir le sens de ce que tu es venu faire pour nous ; je veux mieux comprendre à quel point tu nous aimes, jusqu’où tu es allé pour nous tirer du monde du mal et du péché, et nous ouvrir à toi et à ton amour et à celui de ton Père. »

Mgr Laurent Ulrich
archevêque de Paris

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