Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Confirmations d’adultes du diocèse de Paris à Saint-Sulpice
Samedi 7 juin 2025 - Saint-Sulpice (6e)
– Voir l’album-photos des célébrations de 16h et 21h.
– Solennité de la Pentecôte – 16h00
- Jl 3, 1-5a ; Ps 103 ; Rm 8, 22-27 ; Jn 7, 37-39
Ce que nous dit l’évangile que nous venons d’entendre c’est que, sans l’Esprit Saint, Jésus serait, pour nous et probablement pour tous, un grand homme, un beau modèle d’homme que l’on pourrait aimer suivre. Car sans l’Esprit Saint, nous ne pourrions pas dire de Jésus qu’il est celui auprès de qui nous trouvons l’eau vive du salut. L’Esprit Saint est bien celui qui nous fait dire : « Jésus tu es, pour moi, pour nous, pour tous ceux qui regardent vers toi avec espérance, la source de la vie, la source du salut, parce que tu es en Dieu, tu es son Fils, tu es dans le Père et le Père est en toi. » Ainsi nous pouvons croire, ainsi nous pouvons mener notre vie, avec la certitude qu’en nous tournant vers lui nous serons sauvés : nous irons avec lui dans le Royaume de son Père. Il nous faut l’assistance de l’Esprit Saint pour découvrir qu’entre le Père et le Fils c’est tout un et que la volonté du Père et la volonté du Fils s’accordent sans cesse pour chercher à sauver les hommes, à sauver l’humanité, à sauver la création tout entière.
Alors vous pouvez commencer par remercier, rendre grâce à Dieu, de vous avoir déjà envoyé l’Esprit pour que vous vous dirigiez vers ce sacrement de la confirmation pour le recevoir en plénitude. Il vous a déjà inspirés pour que vous choisissiez le Christ comme celui qui mène à Dieu, celui qui mène au Royaume de Dieu, celui qui mène à l’éternité bienheureuse avec Dieu.
Remerciez-le et demandez-lui de vous accompagner désormais quotidiennement dans les choix de vos vies. Les deux lectures que nous avons entendues avant l’évangile nous permettent de préciser. Dans la Lettre de Paul aux Romains, nous comprenons que l’Esprit est aussi celui qui nous donne l’espérance au milieu des épreuves de l’existence, les épreuves de la vie personnelle bien sûr, les épreuves de la vie du monde dans lequel nous vivons et dont nous comprenons qu’il est tellement en difficulté qu’il ne s’achemine pas de lui-même vers le salut. Et l’Esprit est celui qui nous donne la persévérance, celui qui nous permet de ne pas nous décourager alors que ces épreuves pourraient nous abattre. Celui qui permet que chacun puisse être vraiment sur une bonne ligne de départ et une bonne ligne tout au long de sa vie. L’Esprit nous permet de comprendre que nous n’avons pas à nous laisser arrêter par les oppositions, les contradictions, les ennuis, les épreuves de toutes sortes. Il nous permet aussi d’orienter notre prière. « Nous ne savons pas prier comme il faut mais l’Esprit Saint inspire notre prière » est-il dit. Sans lui, notre prière risque d’être simplement fermée sur nous-même, alors qu’avec lui elle est ouverte sur le don de Dieu, sur le don de Dieu pour tous, sur la joie d’être croyant, ouverte sur la joie de pouvoir partager ce que nous croyons, sur la joie de pouvoir aider les frères et sœurs sur le chemin, ouverte sur une prière qui, montant vers Dieu, est capable de redescendre vers ceux pour lesquels nous la formulons. L’Esprit nous aide ; l’Esprit nous indique quelle prière peut être la nôtre ; l’Esprit nous sort de nous-même et de nos préoccupations trop individuelles pour les ouvrir à un amour universel qui est celui de Dieu pour tous.
Et puis le prophète Joël - c’était avant Jésus - nous dit aussi quelque chose de très important. Il nous dit que ceux qui croient qu’ils sont menés par l’Esprit de Dieu, ceux-là alors savent donner le témoignage de leur vie et de leur foi par leur parole. Qu’ils soient des enfants ou des jeunes, qu’ils soient des gens d’âge mûr ou des personnes âgées, qu’ils soient de toutes catégories sociales - et on évoque ici seulement les serviteurs et les servantes - de n’importe quelle catégorie, de n’importe quel âge, dans n’importe quelle situation, ceux qui se tournent vers Jésus, ceux qui accueillent l’Esprit vivant en eux comme un Esprit qui vient de Dieu, ceux-là tout d’un coup sont capables d’une parole et d’un témoignage. C’est ce que signifie la prophétie dont il est question au Livre de Joël : un témoignage de vie, un témoignage de foi, un témoignage d’espérance, un témoignage de charité.
Alors, comment le donnez-vous ce témoignage, vous dont j’ai lu des lettres ? Vous le donnez d’abord avec ce sentiment - et vous utilisez là un mot très actuel - d’être, grâce à l’Esprit Saint, connectés ou reconnectés à Dieu, connectés ou reconnectés à la foi de l’Église, connectés ou reconnectés à Jésus. Je trouve que ces mots disent quelque chose de très profond. Ils parlent d’une expérience courante maintenant : on sait ce que c’est que d’être connecté. Et vous reconnaissez le Saint-Esprit comme la force, la puissance de connexion à Dieu, à la foi de l’Église, à celle de Jésus, à l’amour qu’ils portent en eux, à l’amour qu’ils nous distribuent, à l’espérance dont ils nous gratifient. Connecté, c’est un beau mot pour dire une réalité très importante. Et vous découvrez que, connectée au Christ, à la parole évangélique, votre parole à vous porte quelque chose. Et j’ai lu cela souvent : non seulement vous avez senti que vous étiez changé en vous-même, mais vous avez compris la joie qui est en vous d’être croyant, d’être proche de l’Église, membre de l’Église, et vous en avez parlé. Vous étiez capables d’en parler alors que, bien souvent, c’est difficile de dire sa foi dans le monde présent. Vous en parlez tout simplement parce que vous avez l’air heureux d’être croyant. L’un et l’autre d’entre vous, peut-être beaucoup, ne l’ont-ils pas écrit dans leur lettre mais l’ont pensé, se disant : « C’est vrai, quand je parle de ma foi ou quand je montre que je suis heureux d’être croyant, cela touche les autres, et d’autres se mettent en route, d’autres se disent : Puisque cela à l’air de lui donner à lui, à elle, beaucoup de joie, pourquoi je n’essaierais pas moi-même ? » Le témoignage est capable de porter avec la force que l’Esprit donne.
Et enfin, vous comprenez que recevoir l’Esprit Saint se met à vous obliger, non pas dans un sens terrifiant mais dans un sens porteur : il vous oblige à vous ouvrir aux autres et à avoir envie de les servir. Je l’ai lu plus d’une fois dans les lettres : « Tout d’un coup l’Esprit Saint ouvre ma vie et lui donne la capacité de se mettre au service des autres. » Eh bien, cela c’est l’Esprit de charité qui vous est donné, qui nous est donné à tous je l’espère, nous qui sommes dans cette église aujourd’hui et qui accueillons la Parole de l’Esprit Saint.
Qu’il nous donne à tous de croire que le témoignage de la foi est capable de se transmettre, est capable de transpirer de nos vies, est capable d’être entendu dans le monde d’aujourd’hui. Qu’il nous donne de croire que le témoignage de la foi est capable de changer les cœurs, de les rendre plus ouverts les uns aux autres, de les rendre plus charitables, plus aimants, plus espérants pour l’avenir de notre monde.
Ensemble remercions l’Esprit de Dieu d’être là avec nous, de nous ouvrir le cœur et de nous permettre d’être ses témoins.
+Laurent Ulrich, archevêque de Paris