Ils avaient donné leur vie…
Paris Notre-Dame du 30 mai 1996
Par Mgr André Vingt-Trois, évêque auxiliaire.
Il y a longtemps qu’ils avaient donné leur vie, sans volonté de retour. Ils avaient donné leur vie par amour de Dieu pour le salut des hommes. Témoins de l’amour, au-delà des prudences humaines, ils sont restés fidèles à leur engagement et à leur amour du peuple algérien.
Ceux qui les ont massacré leur ont pris ce qu’ils avaient déjà donné, mais en les tuant ils ont infligé une nouvelle blessure à l’humanité.
Cette folie meurtrière n’a rien à voir avec aucune conviction religieuse, ni chrétienne, ni islamique. Elle est l’œuvre de l’esprit du mal qui conduit à la mort sans aucune considération de race ou de religion, fruit vénéneux de la haine qui alimente la spirale de la violence.
La folie homicide a traversé notre siècle et continue son œuvre de mort sur tous les continents, morts des innocents, mort de la conscience des peuples précipités dans l’illusion d’une violence supposée efficace.
Ne donnons pas au bourreaux la satisfaction d’admettre que le terrorisme est un moyen politique parmi d’autres. Avec tous les croyants sincères, remettons-nous devant le commandement absolu du Tout-Puissant : « Tu ne tueras pas ». Prions pour que cette Parole de vie atteigne les cœurs les plus endurcis, en Algérie, en Afrique et dans tous les pays gangrenés par la peste noire du terrorisme.
Que le sacrifice de nos frères soit le grain de blé tombé en terre pour donner du fruit : le respect pour les créatures de Dieu, une nouvelle moisson d’amour.
Devant l’horreur pouvons-nous faire une autre prière que celle du Christ lui-même au moment où il offrait sa vie sur la croix :
« Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »