Paris rend hommage aux moines de Tibhirine
Paris Notre-Dame du 1er juin 2016
Lundi 30 mai 2016 à 11h, Anne Hidalgo, maire de Paris, a inauguré le « Jardin des moines de Tibhirine » en face de l’église St-Ambroise (11e), après la messe présidée en leur hommage par Mgr Éric de Moulins-Beaufort. Cette décision, très symbolique, est à l’initiative de la Mairie de Paris.
Sept cierges allumés dans le chœur de St-Ambroise. Sept cierges pour symboliser les sept moines trappistes assassinés il y a tout juste vingt ans en Algérie. Dans l’église bondée, le chant des Petits chanteurs de Sainte-Croix de Neuilly s’élève, au cours de la messe présidée par Mgr Éric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris, en présence des familles des moines disparus et des prêtres diocésains qui ont connu le P. Christian de Chergé, prieur du monastère de Tibhirine, quand il était prêtre à Paris. Au dehors, la pluie tombe à verse. À la fin de la messe, le service du protocole de la Mairie de Paris a donc demandé l’hospitalité à l’église. Les représentants des cultes, conviés par la Mairie de Paris, se sont alors installés en haut de la nef. Côte à côte, le P. Thomas Georgeon trappiste et postulateur de la cause en béatification des moines, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, des représentants de la grande Mosquée de Paris, Tabbal abd-el-Halim et Saadi Serisi, le pasteur Claveroly ou encore Abba Athanasios, métropolite de l’Église copte orthodoxe. Anne Hidalgo, Maire de Paris, a remonté la nef, accompagnée du P. Augustin Deneck, curé de la paroisse. Les discours ont eu lieu depuis l’ambon, où se sont succédé le maire du XIe arrondissement, François Vauglin et Mgr de Moulins-Beaufort, qui représentait le cardinal André Vingt-Trois. « Ils ont fait le pari que les hommes pouvaient s’aimer par-delà les différences de religion. Leur mort n’est pas un échec, elle est une promesse de fraternité », a-t-il rappelé. Puis les mots du testament spirituel du P. Christian ont résonné dans l’église par la voix du P. Augustin Deneck et Hubert de Chergé, frère du moine. Évoquant sa mort prochaine, il affirmait attendre de contempler « les enfants de l’islam, investis par le don de l’Esprit dont la joie secrète sera toujours d’établir la communion ». Anne Hidalgo a enfin pris la parole et évoqué « le message de paix et de dialogue des moines » et sa « brûlante actualité ». Elle a également estimé que la tolérance et le vivre-ensemble sont des « valeurs en partage » pour les religions et pour la République.
Tous sont ensuite sortis, à la faveur d’une brève accalmie, pour assister au découvrement de la plaque, avant de partager le verre de l’amitié qu’avait préparé pour eux la paroisse St-Ambroise. • Pauline Quillon
Témoignage
P. Augustin Deneck, curé de St-Ambroise (11e)
« L’exposition Les moines de Tibhirine, témoins de l’espérance, préparée avec une équipe de paroissiens, se déroule du 30 mai au 31 juillet, au fond de l’église. Elle présente des photos inédites fournies par le neveu de frère Luc Dochier, médecin de la communauté. Les moines ont vécu durant la décennie noire de la guerre civile en Algérie, contexte qui nous rappelle ce que nous vivons aujourd’hui, particulièrement après les attentats du 13 novembre, qui ont touché de près ce quartier. Les gens sont encore marqués, les enfants posent des questions à leurs parents : – Si un jour, un terroriste braque une arme sur toi, est-ce que tu dis que tu es chrétien ? –. Les paroles des moines nous ouvrent une espérance et nous apprennent la rencontre avec l’autre. Ce sont des témoins du grand amour de Jésus, qui a pris sur lui la violence et le mal. Ce sont aussi des figures fédératrices, comme le montre l’affluence de ce matin. » • Propos recueillis par Élisabeth Feigneux