Interview du cardinal André Vingt-Trois dans Famille chrétienne
Famille chrétienne – 25 novembre 2017
Entretien avec Antoine-Marie Izoard et Samuel Pruvot paru dans Famille Chrétienne n°2080 du 25 novembre au 1er décembre 2017.
Le franc-parler d’un cardinal
Portrait. Archevêque de Paris depuis douze ans, le cardinal a atteint le 7 novembre l’âge de la retraite canonique. Sa gloire ? Avoir donné sa vie au Christ, dit-il.
Le cardinal André Vingt-Trois est un homme à sang froid. « Maîtrise de soi » pourrait être sa devise frappée sur un blason imaginaire doté d’une solide tour dominant les flammes mondaines. Ce Parisien a peut-être des ancêtres scandinaves ? Un signe : il reçoit rue Barbet-de-Jouy, non loin de l’ambassade de Suède. « C’est un homme qui vous parle d’espérance avec un regard triste, confie un proche collaborateur. Il attend tout de Dieu et pas grand-chose des hommes. » Pour autant, il n’est pas un être impassible. Loin de là.
L’archevêché – l’hôtel de Rambuteau – est une charmante demeure postée derrière de hauts murs blancs percés d’un porche aux lourdes portes. Ponctuel, sans artifices et résigné à l’interrogatoire journalistique, cet homme de devoir n’a pas l’habitude de reculer mais de servir – quitte à accepter la torture d’une séance de photographie. Après une salutation discrète, il vous tourne le dos pour aller son chemin. À petits pas. Le cardinal est encore convalescent après avoir développé le syndrome de Guillain-Barré, une cruelle maladie auto-immune qui engendre la paralysie.
Immobile et serein, le cardinal laisse venir à lui les questions comme autant de phoques glissant sur la banquise. Ce prélat qui vient de souffler ses soixante-quinze bougies pendant l’assemblée des évêques à Lourdes est aux antipodes du prince de l’Église. Il explique volontiers qu’il s’est retrouvé « numéro un » sans trop savoir comment. Il a consenti.
Succéder au cardinal Lustiger en 2005 était pourtant une rude mission. En devenant archevêque de Paris, il s’est fait héritier de celui dont il avait été vicaire à la paroisse parisienne Sainte-Jeanne-de-Chantal. Le philosophe Bernard de Chartres disait, au XIIe siècle, que les penseurs étaient, de tout temps, « comme des nains assis sur les épaules de géants ». Tel devait être le sentiment de ce fidèle disciple de Jean-Marie Lustiger. Selon un proche, ce dernier était « une formidable locomotive… mais tout le monde n’était pas bien accroché derrière. Le cardinal Vingt-Trois a pris soin de visiter tous les wagons. Il a beaucoup insisté sur la mission : “À moins de se résigner à n’être qu’une société philanthropique de plus, notre Église doit annoncer clairement à quelle source elle puise son énergie : le Christ ressuscité”, disait-il. »
Comment résumer son épiscopat ? Lui ne veut pas le savoir. Autre est le semeur, autre est le moissonneur. Voilà toute sa philosophie. Le cardinal se méfie des mondanités comme de la peste. Et de la vaine gloire qui va avec. « Pour les hommes, disait-il dans une homélie, la gloire qui mérite le respect consiste à attirer les foules. La gloire est conférée par le statut de vedette. Le Christ nous invite au contraire à déchiffrer la puissance de la miséricorde de Dieu dans la faiblesse. »
Le cardinal Vingt-Trois aime à redire que sa gloire à lui consiste à avoir donné sa vie à Jésus-Christ et non à être devenu archevêque de Paris. Les honneurs, les décorations, très peu pour lui. Les intrigues du monde ne lui font pas peur. Il a taillé sa route dans la jungle hostile des drames de l’actualité. Sans révérence excessive pour les hommes politiques. Ni mépris.
Dans un questionnaire de Proust (FC n° 1557) en 2007, il expliquait que sa qualité préférée chez l’homme était la « persévérance ».
Ce n’est pas pour rien que le cardinal aime méditer le cardinal de Retz. Coadjuteur de l’archevêque de Paris, ce mémorialiste contemporain de Richelieu et Mazarin décrit avec soin les labyrinthes du pouvoir : « Il y a très loin de la velléité à la volonté, de la volonté à la résolution, de la résolution au choix des moyens, du choix des moyens à l’application. » Voilà, en résumé, toute l’ambition poursuivie par le cardinal Vingt-Trois : mettre sa volonté au service d’une cause qui le dépasse. Au service d’un Autre.
Le cardinal se tourne les pouces en voyant venir la fin de l’entretien. Il attend son heure en scrutant les feuilles d’automne en feu qui dansent dans le jardin. « Les petites choses sont souvent de meilleures marques que les grandes » a-t-il l’air de dire. Il n’existe pas, pour parler de lui, de meilleur mémorialiste que le cardinal de Retz.
Samuel Pruvot
« La foi a toujours existé en milieu hostile »
Entretien. Sur la famille, les questions sociétales, la mission des catholiques et les vocations, le cardinal livre ses dernières réflexions d’archevêque de Paris.
Éminence, les familles catholiques sont déstabilisées ces dernières années par les évolutions de la société. Comprenez-vous qu’elles redoutent les assauts du monde et fassent tout pour protéger leurs enfants ?
On ne sauve pas ses enfants sans sauver les autres ! C’est une illusion de croire qu’on peut embarquer sur le dernier canot de sauvetage et laisser Le Titanic derrière soi. Il y a une solidarité humaine : on est responsable de soi et de ses proches, mais aussi de l’ensemble de l’humanité. Rien ne justifie le fait de nous retirer dans un château fort. Me défendre, protéger ma famille, cela ne suffit pas. Pourquoi ? On ne protège pas sa famille si on n’affronte pas la réalité du monde. On peut protéger ses enfants pendant quelque temps, mais arrive un moment où ils devront se confronter au monde. S’ils n’y ont pas été préparés, ils seront déboussolés.
N’existe-t-il pas un risque de ghettoïsation de la communauté catholique ?
Il y a toujours des phénomènes de ghettoïsation : ce phénomène n’est pas propre aux catholiques. Cela arrive chaque fois qu’un groupe particulier a le sentiment qu’il détient la vérité et que les autres sont dans l’erreur. Comme les autres n’entendent pas raison, on met les chariots en cercle pour se protéger des Indiens ! Il y a toujours la tentation d’établir un fortin qui nous protégera de l’extérieur. Encore une fois, ce n’est pas spécifique aux catholiques. Regardez la société française… Elle a aussi la tentation d’attribuer les horreurs qui se produisent à des facteurs extérieurs. Il ne faut surtout pas dire que l’une des racines du mal se trouve en nous. On accuse les autres. L’État islamique nous rendait ce service de cristalliser l’origine du mal ailleurs. On va vite s’apercevoir que les racines du mal n’ont pas été déracinées. Car elles sont aussi chez nous.
L’ambition politique de déraciner le mal est une illusion ?
(Sourire) Il suffit de lire l’Évangile. Le royaume de Dieu n’est pas le royaume de la terre. Vouloir façonner la société comme une réalisation de la volonté de Dieu, c’est une illusion dont nous sortons toujours déçus. Cela ne se réalise jamais. L’engagement de la foi dans la société, c’est précisément la volonté de travailler avec les autres pour améliorer le monde. Mais sans imaginer que le monde sera un jour parfaitement conforme à la volonté de Dieu !
Comment expliquer que coexistent aujourd’hui une conscience humaine plus aiguisée et une explosion des conduites barbares ?
C’est la logique de l’aventure humaine. Elle est ambivalente, comme le dit saint Paul dans l’épître aux Romains : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. » Cette coexistence n’est pas surprenante. Une aspiration à des comportements plus civilisés peut exister simultanément avec des comportements barbares. La communauté humaine est traversée par des dynamismes qui ne sont pas forcément compatibles les uns avec les autres. Nous devons faire notre chemin entre ces tendances contradictoires qui habitent le cœur de l’homme.
Mais par où passe ce chemin dont vous parlez ?
La caractéristique de la foi chrétienne, ce n’est pas de normaliser tous les comportements, mais plutôt de permettre à ceux qui suivent le Christ d’affronter les difficultés et de garder le cap malgré tous les assauts.
Sur les questions sociétales, vous insistez sur la cohérence entre les principes que les chrétiens professent et leurs comportements…
Le témoignage à l’égard de nos contemporains ne doit pas simplement rester un témoignage virtuel d’adhésion à des principes. Il faut aussi un témoignage réel à travers des choix de vie qui orientent notre existence. Si on prend par exemple le premier Commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… », que fait-on concrètement pour manifester cet amour de Dieu ? Il ne suffit pas de se dire catholique. Si on ne participe pas à la vie sacramentelle, si nos principes ne changent rien dans notre vie, c’est une profession de foi qui ne coûte pas cher !
Comment cela pourrait-il se traduire dans le débat à venir sur la PMA ?
On voit bien comment le débat sur la procréation médicalement assistée est une sorte d’exposition du principe du droit à l’enfant. Il y a ici une instrumentalisation du désir d’enfant. Nous sommes tous appelés à avoir une réflexion sur notre manière de considérer les enfants. Les traitons-nous comme une projection de nous-mêmes, comme l’aboutissement de nos projets ? Acceptons d’apprendre à découvrir – à mesure qu’ils grandissent et que nous les éduquons – qu’ils ont leur personnalité, leur autonomie, leur réalité propre, qui ne correspond pas forcément à la nôtre. C’est le drame de beaucoup de familles de se rendre compte que l’éducation n’est pas un simple processus de reproduction. C’est un processus de libération et d’éducation de la liberté qui peut engendrer des choses que nous ne voulons pas. Mais c’est à ce prix que l’homme est libre.
Si Dieu a créé l’homme libre, ce n’est pas pour se contenter d’appliquer aveuglément des consignes ! Construire son comportement en fidélité à la parole de Dieu, cela demande du temps. Il y a des périodes hautes et des périodes basses. C’est parfois dur à accepter pour des parents que ce développement de la liberté humaine prenne du temps. Mais c’est ce que Dieu supporte depuis la Création.
Le Synode sur la famille continue de susciter parmi les catholiques des remous, en particulier l’exhortation apostolique Amoris lætitia… Certains s’inquiètent de « changements doctrinaux » en cours. Est-ce vraiment le cas ?
Non, c’est une erreur de perspective. Plus exactement, une pollution de l’intelligence de la situation chrétienne par la civilisation technicienne. Je m’explique… Dans une civilisation technicienne, il y a des savants qui établissent une théorie et des ingénieurs qui la mettent en œuvre. Quand on a la théorie, on a la pratique. Mais il n’en va pas de même dans la vie chrétienne !
Pourquoi ?
Parce que la pratique ne correspond jamais à la mise en œuvre d’une théologie. Ce qui existe, c’est un chemin de vérité dans le Christ qui se développe à travers une doctrine. Il y a des situations humaines que l’Église doit conduire vers la sainteté. L’action pastorale est un travail d’accompagnement des situations humaines, ce n’est pas simplement l’application d’une doctrine ! Il s’agit d’une confrontation permanente à des situations, à des personnes à qui nous sommes appelés à annoncer la libération dans le Christ.
On n’annonce pas la libération seulement avec une doctrine, mais en proposant un chemin de conversion. Si on pose comme a priori qu’il n’y a pas de chemin de conversion (tout le monde est juste et il n’y a pas de pécheurs), ce n’est pas la peine de faire de la pastorale ! Il suffit de mettre une pancarte sur la porte. Si l’on considère que tout homme est appelé à un chemin de conversion – depuis le pape jusqu’au dernier des mécréants –, il faut l’accueillir tel qu’il est et entrer en conversation avec lui.
Vous comprenez l’inquiétude de certains catholiques par rapport à la situation des divorcés remariés par exemple ?
Bon nombre de gens étaient habitués à penser qu’un élément doctrinal poussait tout le monde à s’incliner respectueusement et que le problème posé était ainsi réglé. L’affirmation de la doctrine, l’appel du Christ à la sainteté, s’accomplissent à travers des cheminements parfois douloureux et qui peuvent s’étaler sur plusieurs décennies. Nous ne pouvons nous contenter de dresser le poteau des certitudes en disant aux gens : « Ou vous prenez tout, ou vous êtes fichus. » La mission de l’Église est d’accueillir les efforts de ceux qui veulent une vie meilleure… Mais tout le monde ne souhaite pas nécessairement une vie meilleure.
Désirer une vie meilleure, c’est un combat ?
La foi a toujours existé en milieu hostile. La tradition biblique, depuis Caïn et Abel, est une tradition de guerre et de combats permanents entre des forces qui veulent prendre le pouvoir sur l’homme et la foi en Dieu qui est le seul maître de l’homme. Ce combat est permanent. Vous le savez, l’acte de naissance du christianisme, c’est le procès de Jésus et sa crucifixion. La foi chrétienne est un champ de bataille et de désaccord avec les mœurs ambiantes.
Pour répondre à votre question, il n’est pas extraordinaire que nous éprouvions à notre tour une résistance au christianisme. Sauf à recomposer l’Histoire avec des images d’Épinal (que personne ne va vérifier) en imaginant des périodes de grande foi. La condition chrétienne est donc une condition de combat permanent. Je mesure que cela provoque un déplacement important pour beaucoup de chrétiens qui ont l’illusion que la foi chrétienne peut s’appliquer parfaitement à la société.
Mais peut-on se résigner au décalage croissant – et douloureux – entre la société française et l’Évangile ?
Une inquiétude, et même une forme d’anxiété, est tout à fait naturelle. Ce n’est pas un manque de foi que d’être préoccupé par les forces qui traversent nos sociétés ! Il s’agit d’un réflexe humain tout à fait compréhensible. Cette situation me surprend d’autant moins que ceux qui sont les plus vulnérables sont en général les plus inquiets. Les pauvres gens qui n’ont ni la sécurité matérielle, ni les moyens culturels d’analyse, ni la sécurité d’une famille protectrice, se retrouvent complètement à découvert. C’est pourquoi les pratiques politiques se sont orientées vers le registre de la protection. Voire de la compassion. Elles tentent de répondre à ce sentiment général d’inquiétude
Si nous croyons que Dieu met en œuvre les moyens pour nous sauver, nous ne sommes pas complètement démunis face aux risques de l’aventure humaine.
En quoi la foi est-elle une réponse valable ?
Notre défi est de savoir si la foi chrétienne assume ou non cette condition humaine. C’est la question du salut. Qu’est-ce qui peut sauver l’homme ? Le pouvoir politique doit-il devenir le rédempteur de l’humanité ? S’il s’engage dans cette illusion d’incarner le salut de l’humanité, je lui souhaite bien du plaisir…
Mais comment annoncer le salut qui vient de Dieu dans un climat individualiste et matérialiste ?
L’existence chrétienne, c’est la communion profonde au Christ ressuscité. La mission des chrétiens est précisément d’annoncer cette richesse, de la partager et de la transmettre. Annoncer, c’est finalement très simple. Nous sommes dans une société où un grand nombre de nos contemporains sont effectivement ignorants de l’existence de Jésus de Nazareth. Annoncer suppose de désigner la personne de Jésus, mort et ressuscité, comme celle qui structure notre vie. Nous sommes conscients d’être dépositaires de quelque chose qui peut être très utile aux autres et nous leur en parlons. Si nous ne leur disons rien, nous sommes coupables de cacher quelque chose !
Que répondez-vous à ceux qui taxent l’Église de pratiquer le prosélytisme ?
Mais nous devons aller au-devant des gens ! Il ne faut pas attendre qu’ils nous demandent quelque chose s’ils ne savent pas ce que nous portons.
Être missionnaire, dans la France du XXIe siècle, ce n’est quand même pas à la portée de tout le monde ?
Si on s’imagine la mission exclusivement sous la forme d’un discours public un peu provocateur, ce n’est pas le fait de tout le monde. Mais si on comprend la mission comme un effort pour mettre en œuvre la parole du Christ dans notre vie, tout change. Cela implique de prendre cette parole au sérieux, y compris concernant le partage des biens…
Je sais que beaucoup de parents sont préoccupés de transmettre à leurs enfants l’héritage de leur culture familiale. On observe par ailleurs une panne de la transmission en ce qui concerne la foi… La foi est-elle vraiment une richesse que l’on veut transmettre à ses enfants, ou un handicap qu’il faudrait leur éviter ?
Comment donner envie à des jeunes de devenir un jour prêtre ?
D’abord, il faut des jeunes pour se poser la question de la vocation. Sinon, elle ne se pose pas… Dans certains lieux en France, la situation démographique rend un peu illusoire cette interrogation. Mais passons…
Il y a deux éléments constitutifs dans la vocation au sacerdoce. Il y a l’appel de Dieu (sur lequel nous n’avons pas de prise), et puis, le terreau sur lequel cet appel tombe. C’est à nous de travailler ce terreau. Ce qui importe, c’est de permettre aux jeunes d’accéder à une relation personnelle avec le Christ. Cela dépasse la catéchèse et la pratique religieuse. Il faut que le Christ devienne quelqu’un pour eux. Ce dialogue personnel avec le Christ, c’est l’élément de base de la vocation.
Mais il y a aussi l’éducation humaine. Comment aide-t-on des jeunes à intégrer le service des autres, le service d’une cause, en un mot, à découvrir une expérience de la gratuité ?
À propos de gratuité… qu’avez-vous pensé de la proposition de Stéphane Bern de faire payer l’entrée de Notre-Dame-de-Paris ?
C’est du buzz ! Stéphane Bern a lâché cette idée sans mesurer exactement ce qu’il faisait. Je suppose qu’il n’a jamais vraiment vu qui y entrait ni comment. Aujourd’hui, la cathédrale n’est pas un musée, mais un lieu de vie rempli par des foules aux motivations très diverses. Nous avons des détecteurs de métaux et des gardiens qui vérifient que les gens n’entrent pas avec des engins dangereux, mais nous n’avons pas encore de détecteur de motivation. (Rires) Autrement dit, nous ne sommes pas capables de dire : « Celui-là est un touriste pur et il doit payer ; celui-là est un chrétien 100 % et il doit entrer gratuitement. »
Quelle sera demain votre prière pour Paris et la France ?
Ma prière va se transformer dans ses modalités. Pour une part, aujourd’hui, ma prière est constituée par la responsabilité de conduire des célébrations, de faire exister un peuple priant et moi priant dans ce peuple. Je n’aurai plus cette mission-là.
Demain, je serai plus investi dans la prière que l’on appelait chez les auteurs spirituels « oraison mentale ». Le dialogue avec Dieu passera davantage par le dialogue intérieur. C’est une autre étape de la vie qui s’ouvre. On a plus de loisir et de disponibilité intérieure pour penser sa relation avec Dieu.
Vous êtes désormais soulagé, avec le sentiment du devoir accompli ?
Pour être soulagé, il aurait fallu que je sois accablé… J’ai le sentiment d’avoir fait ce que j’ai pu, les fruits ne m’appartiennent pas, je n’ai pas à en juger.
Mais cela doit être très frustrant… Le cultivateur attend les fruits de son travail !
Ce n’est pas moi le moissonneur. Et ce n’est donc pas à moi d’anticiper la récolte !
Propos recueillis par Antoine-Marie Izoard et Samuel Pruvot