Mot de remerciement du cardinal André Vingt-Trois à l’occasion de la Messe d’action de grâce pour ses 80 ans à Saint-Étienne-du-Mont
Dimanche 13 novembre 2022 - Saint-Étienne-du-Mont (5e)
Merci !
Je pense que c’est le moment tant attendu où je dois vous remercier ! Je remercie particulièrement Mgr Laurent Ulrich, car je sais ce que représente un dimanche après-midi dans la vie d’un archevêque, et je suis très sensible au fait qu’il ait accepté de présider cette eucharistie dans cette église qu’il ne connaissait peut-être pas, mais qui sera maintenant gravée à jamais dans son cœur, non pas à cause de moi mais à cause de la beauté du lieu !
Je remercie évidemment tous les évêques et vicaires généraux qui ont participé à cette eucharistie, le Père Denis Metzinger et ses équipes qui ont tout préparé, jusqu’à la dernière bougie !
Et je veux évidemment remercier chacune et chacun d’entre vous d’être venus aujourd’hui, je ne peux pas vous identifier tous depuis cette place mais soyez sûrs que vous êtes présents dans mon cœur et dans ma prière.
Je voudrais dire un mot particulier aux clercs qui ont servi à l’autel parce qu’il y a 70 ans, j’étais l’un d’entre eux, et je ne doute pas que parmi eux, l’un ou l’autre sera appelé par le Christ pour que l’Église continue d’assumer son service parmi les hommes. Et je ne doute pas qu’ils répondront généreusement à cet appel.
Je voudrais vous dire aussi qu’il me reste - parmi beaucoup de choses que je n’ai pas faites -, un verset de l’Écriture que je n’ai pas encore bien compris ! Mais je ne doute pas que, - peut-être -, Dieu me donnera encore le temps de le comprendre. « La joie du Seigneur est votre rempart » (Néhémie, 8, 10). Ce verset qui est tout à fait banal dans sa formulation, dans les mots qu’il utilise, me plonge dans des abîmes de perplexité car je peine à imaginer quelle est la joie du Seigneur qui est mon rempart. Ou plutôt, j’essaye de comprendre quelle est cette joie du Seigneur, à partir de ce que nous dit le Christ dans l’Évangile sur la joie qu’il y a au Ciel pour un pécheur qui se convertit, et sur la joie des élus autour du Père.
Dans les circonstances que nous vivons, je pense à l’aridité de l’épreuve qui n’est ni nouvelle ni la dernière mais qui est la nôtre. On ne nous demande pas d’assumer l’épreuve d’il y a deux siècles, ni celle du siècle prochain, mais on nous demande d’assumer l’épreuve de ce siècle qui est le nôtre. Je pense que cette épreuve va travailler au cœur la foi des chrétiens, les passer au creuset du feu de l’épreuve, et leur permettre de choisir à nouveau qui ils veulent suivre, qui ils veulent servir, et de qui ils veulent devenir les disciples.
Cela fait partie de mon action de grâce aujourd’hui de constater en tout cas que parmi vous, beaucoup parmi ceux que j’ai rencontrés depuis 50 ans, pour qui j’ai été à un moment un signe, - surtout et souvent à mon insu -, ont suivi la parole du Christ.
Si je peux me permettre de vous raconter une petite histoire édifiante… Je suis allé célébrer un jour, comme cela m’arrivait de temps en temps, au Carmel de Montmartre, et la sœur qui s’occupait de la sacristie me dit : « est-ce que je peux vous dire un mot ? » Je lui dis : oui, bien sûr. Elle me raconte alors qu’elle avait participé au Frat à Lourdes quelques années auparavant, et que, dans le commentaire que j’avais fait de l’évangile, j’avais dit que l’appel du Christ s’adressait à quelqu’un qui était présent, que je ne savais pas qui c’était, mais que Dieu le savait. C’était elle ! Comme quoi, on peut dire des paroles qui ont un effet au-delà de ce qu’on imagine…
Alors je souhaite que la joie du Seigneur soit notre rempart, contre les difficultés, contre les épreuves de notre vie et qu’elle nous permette à tous de progresser à la suite du Christ.
Je vous remercie beaucoup de votre présence, de votre prière et de votre communion.
+André cardinal Vingt-Trois, archevêque émérite de Paris
– Lire les interventions de Mgr Laurent Ulrich et voir l’album-photos.