Jubilé de Notre-Dame : que faisons-nous de ce que nous avons reçu ?
Paris Notre-Dame du 22 novembre 2012
P. N.-D. - Pourquoi fêter le jubilé des 850 ans de N.-D. de Paris ?
Mgr André Vingt-Trois – Fidèle à la tradition biblique, qui ordonnait de proclamer une année sainte tous les cinquante ans (Lév 25, 10), l’Église depuis des siècles célèbre des anniversaires particuliers, pour nous inciter à reprendre conscience des dons que Dieu nous accorde par amour et par grâce, tout en stimulant un renouvellement de notre conversion et notre réconciliation avec le Seigneur. On se rappelle le Grand jubilé de l’an 2000 ou celui de 1983 initié par Jean-Paul II pour l’année de la Rédemption. Le jubilé des 850 ans de N.-D. s’inscrit dans cette intention. Le célébrer, c’est aussi l’occasion de nous demander ce que nous faisons de ce que nous avons reçu. Comment n’en faisons-nous pas un patrimoine gelé, mais la source d’un dynamisme nouveau ?
P. N.-D. -Comment ne pas s’arrêter à une mise en valeur du patrimoine de ce haut monument historique ?
Mgr André Vingt-Trois – N.-D. de Paris est un patrimoine admirable que nous recevons des générations précédentes. C’est donc un signe très fort de la foi qui a animé tous ceux qui ont contribué à la construction et à l’embellissement de cet édifice pour célébrer la foi au Christ. Il nous appartient de garder vivant ce monument, en le faisant vivre pour sa finalité propre : être le lieu de la célébration de la foi. A ce titre, le jubilé rejoint l’Année de la foi voulue par Benoît XVI. La cathédrale proposera un parcours jubilaire pour vivre une démarche de pèlerinage autour de la phrase de saint Augustin : « Via viatores quaerit – Je suis la voie qui cherche des voyageurs. » Franchir le portail de la cathédrale, ce sera bien traverser symboliquement la « porte de la foi » pour renouveler la joie de la foi.
P. N.-D. - En quoi la cathédrale a-t-elle une place particulière dans le diocèse ?
Mgr André Vingt-Trois – L’Église est fondée sur les apôtres qui ont reçu du Christ la mission d’annoncer à l’humanité entière l’accomplissement des promesses faites par Dieu au peuple d’Israël. Par les apôtres et leurs successeurs, les évêques, le peuple chrétien entre dans la nouvelle Alliance que le Christ a scellée. La cathédrale est l’église de l’évêque qui y enseigne et y siège sur sa cathèdre. C’est un signe visible de la dimension universelle de la nouvelle Alliance de Dieu avec les hommes. Elle est donc la maison du diocèse, la maison de l’Église qui est à Paris, le signe de la communion des chrétiens du diocèse de Paris.
P.N.-D. - En tant qu’archevêque, quel rapport entretenez- vous avec N.-D. de Paris ?
Mgr André Vingt-Trois – Au-delà d’un lien personnel, intime et mystérieux, il appartient essentiellement à ma mission d’archevêque, comme pour tous les chrétiens du diocèse de Paris, de reconnaître dans cette cathédrale le lieu de notre identité. Évêques, prêtres et diacres, nous y avons été ordonnés, nous y avons reçu notre consécration au service de l’Église. J’y consacre aussi chaque année les huiles qui vont servir à la célébration des sacrements dans les paroisses parisiennes, si bien que la vie sacramentelle vécue dans chaque paroisse est en communion avec la vie de la cathédrale. C’est également à N.-D. que nous accueillons les nouveaux chrétiens pour l’appel décisif au cours duquel ils sont reçus dans l’Église. En cette Année de la foi, le jubilé est une occasion supplémentaire de vivre ensemble le renouveau de la foi. J’espère que de nombreux catholiques de Paris pourront en profiter ainsi que les visiteurs de toute provenance. • Propos recueillis par Ariane Rollier