La Passion

Les jours de la Passion, des Rameaux à Pâques, montrent un Dieu passionné de la passion des hommes pour qui Christ livre sa vie dans les tortures de La Croix. « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ». Ce don n’est pas le prix d’un échange d’otages, mais le sens que Jésus dévoile en sa louange au Père et en sa volonté ultime de clamer sa miséricorde à une humanité perdue.

La Croix est non seulement un supplice mais surtout un langage de réveil pour des disciples « fatigués de tristesse » comme dit saint Luc au Jardin des Oliviers. À tous ceux qui doutent de Dieu comme sauveur possible et maître du pardon, Jésus oppose l’engagement total, radical, de sa condition commune, repoussant toute dérobade divine au nom de la justice et de la vérité.

Le rêve du peintre ou du sculpteur, représenter le Christ, est un défi à l’inspiration et au talent. Rares sont ceux qui n’y ont pas souffert l’épreuve entre les déferlements de l’expressionnisme ou de l’idéalisation désincarnée. Peut-être, faut-il d’abord chercher un visage très humain qu’habite une passion ardente et l’entourer d’une retenue virile, délicate et respectueuse. Ici, pas de place pour le théâtre ni les poses d’atelier, mais le cri d’un cœur sobre qui consonne à la Passion.

P. Jean-Jacques Launay