“Lumen Fidei”, la lumière de la foi, première encyclique du Pape François

Le 5 juillet 2013, le Pape François a publié sa première encyclique Lumen Fidei pour l’Année de la Foi.

 Lire l’encyclique “Lumen Fidei” du Pape François.

 Lire le décryptage du Père Dupont-Fauville paru dans Paris Notre Dame du 11 juillet 2013

Résumé de l’encyclique

Ce texte, qui s’articule en une introduction, quatre chapitres et une conclusion, est en réalité l’encyclique presque achevée de Benoît XVI sur la foi, à laquelle le Pape François a apporté sa propre contribution.
L’introduction expose les buts et, tout particulièrement, la nécessité de redécouvrir le caractère lumineux de la foi, qui éclaire l’existence, aide l’homme à distinguer le bien du mal alors que la foi est souvent perçue comme une illusion, un saut dans l’inconnu qui entrave la liberté de la personne. En cette Année de la foi et en ce cinquantième anniversaire de Vatican II,“ un concile sur la foi”, il convenait de raviver une large perception de la foi, confessée dans son unité et son intégrité. Il ne s’agit pas d’un préjugé acquis mais d’un don de Dieu qu’il faut nourrir et renforcer. Qui croit, voit ! Car la lumière de la foi, qui vient de Dieu, éclaire toute l’existence humaine. Elle vient du souvenir de la vie de Jésus et ouvre un vaste horizon.

Le premier chapitre (“Nous avons cru en l’amour”), en évoquant Abraham, explique comment l’écoute de la Parole est appelée à sortir de notre ego pour s’ouvrir à la vie nouvelle promise, rendant ainsi possible dans l’espérance la poursuite de notre cheminement. Mais la foi est liée à la paternité, parce que le Dieu qui nous appelle n’est pas un étranger mais un père, source de bonté, origine de toute chose et soutien de chacun. Dans l’histoire d’Israël, la foi est opposée à l’idolâtrie, qui détourne l’homme, le retient prisonnier de ses pulsions et le prive de l’attente de la promesse. La foi est quant à elle la confiance en l’amour miséricordieux de Dieu, qui accueille et pardonne toujours, qui redresse les faux pas de nos vies. Elle est la disponibilité à se laisser transformer au simple appel de Dieu, un don gratuit qu’il nous fait et qui demande le courage et l’humilité de se confier pour découvrir le chemin lumineux de rencontre entre Dieu et les hommes qu’est l’histoire du salut. Le paradoxe de la foi est l’adresse perpétuelle à Dieu qui stabilise l’homme et l’éloigne des idoles. Puis le texte s’attarde sur la figure de Jésus médiateur, qui nous ouvre à une vérité plus grande, à la manifestation de l’amour de Dieu comme fondement de la foi. La foi se renforce de la méditation sur la mort de Jésus, qui révèle son inébranlable amour de l’homme. Ressuscité, il devient un témoin digne de foi par lequel Dieu œuvre dans l’histoire et en détermine le destin final. L’aspect décisif de la foi en Jésus est de participer à sa manière de voir. La foi regarde Jésus mais aussi son point de vue. De même dans la vie où nous faisons confiance à qui en sait plus que nous, pour la foi c’est Jésus qui nous explique Dieu. Nous croyons Jésus lorsque nous acceptons sa parole, nous croyons en lui lorsque nous l’intégrons à notre vie et nous confions à lui. Son incarnation fait que la foi ne nous détache pas de la réalité, qu’elle nous en fait percevoir toute la signification. L’homme se sauve grâce à la foi, car il s’ouvre à un amour qui le précède et le transforme intérieurement. Par cette action de l’Esprit le chrétien porte son regard sur Jésus, ses sentiments et sa disposition filiale. Sans cette présence on ne saurait confesser le Seigneur. La foi devient existence ecclésiale car elle se confesse en communion, entre croyants au sein de l’Église. Sans perdre leur identité, les chrétiens sont un au service d’autrui et chacun y gagne son être propre. La foi n’est pas un fait privé, un concept individuel ou une opinion, mais une écoute commune qui devient annonce.

Le second chapitre (“Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas”) expose le lien étroit existant entre foi et vérité. Sans la vérité, la foi ne sauve pas ! Elle demeure une fable projetant notre désir de bonheur. Nous vivons une crise de la vérité qui rend nécessaire le rappel de ce lien, d’autant que la culture dominante ne tend qu’à croire en la réalité technologique, en ce que l’homme parvient à construire et mesurer par la science. Ce qui fonctionne serait vérité, valable pour un tel et non au service du bien général. La vérité qui explique toute vie est vue avec suspicion. La grande vérité n’est pas celle qui fut à la base des totalitarismes du siècle dernier, le grand oubli du monde contemporain qui, à l’avantage du relativisme et du fanatisme écarte la question que posent la vérité, la vie et Dieu. Ensuite le texte souligne le lien entre foi et amour, non l’amour vagabond mais celui de Dieu qui transforme et permet de voir le réel sous un autre jour. Si la foi leur est liée, la vérité et l’amour ne sauraient être séparés. L’amour véritable surmonte le temps et devient connaissance. L’amour fidèle de Dieu qui révèle la foi constitue une vérité dont le cœur est la rencontre du Christ incarné, venu à nous pour offrir sa grâce et nous convertir. Puis il est question du dialogue entre foi et raison, particulièrement important lorsque la vérité du monde est souvent réduite à un réel subjectif. Faisant peur, la simple vérité est perçue comme une imposition intransigeante, alors qu’elle est l’amour de Dieu qui lui ne s’impose pas par la violence et n’écrase personne comme le fait le totalitarisme. La foi n’est pas intransigeante et le croyant ne peut être arrogant mais porteur humble d’une conviction qui respecte l’autre. Ainsi la foi porte-t-elle au dialogue en tout, dans la science où elle réveille le sens critique et attise la raison face à la splendeur de la création, mais aussi dans la culture, dans le dialogue inter-religieux et avec les incroyants ou qui s’efforcent d’agir comme si Dieu existait... Eux aussi sont en recherche de cette lumière et pratiquent le bien. Connaître Dieu sans la foi est impossible. La théologie enseigne que Dieu n’est pas un objet mais un sujet qui se fait connaître. La théologie, qui participe à cette connaissance, doit être mise au service de la foi des chrétiens. Quant au magistère ecclésial, il ne doit pas dicter de limite à la liberté théologique mais en être un élément constitutif assurant le lien avec la Parole.

Le troisième chapitre (“Je vous transmets ce que j’ai reçu”) traite de l’importance de l’évangélisation. Qui s’est ouvert à l’amour de Dieu ne peut le garder pour lui. La lumière de Jésus brille pour les chrétiens qui doivent la transmettre comme un flambeau qui en allume d’autres de génération en génération, tout au long d’une chaîne de témoins de la foi. Ceci implique un lien étroit entre foi et mémoire car la foi n’est pas une option personnelle. Dieu nous unit tous dans le temps en nous rendant contemporains de Jésus. On ne peut croire seul d’autant que la foi s’ouvre à chacun au sein de la communauté qu’est l’Église. Qui croit n’est par conséquent jamais seul. Notre ego s’élargit pour générer de nouveaux liens de vie. Le moyen particulier de transmission de la foi restent les sacrements, qui communiquent une mémoire incarnée. Le baptême, des enfants comme des adultes, et le catéchuménat ne peuvent être accomplis seuls. La foi n’est pas un acte individuel et isolé mais une démarche accomplie dans la communion ecclésiale. Personne ne saurait se baptiser, ni confesser la foi par soi même. L’enfant a besoin du soutien de la famille qui lui transmet la foi et des parrains dont le geste montre la synergie existant entre l’Église et la cellule familiale. Et puis l’Eucharistie est la nourriture indispensable de la foi, un acte de mémoire actualisant le mystère conduisant du monde visible au monde invisible. Le Credo implique le croyant dans la vérité qu’il confesse, tandis que le Pater permet au chrétien de commencer à voir avec les yeux du Christ, et que le Décalogue permet en réalité d’entrer pratiquement en dialogue avec Dieu. Loin d’être une série de préceptes négatifs il permet d’embrasser la divine miséricorde et d’engager un chemin de gratitude vers la pleine communion avec Dieu. La foi est une car Dieu est un, Elle s’adresse à un Seigneur unique et offre une unité de vision que l’Église partage comme seul corps et seul esprit. Mais la foi doit aussi être confessée dans sa pureté et dans son intégrité. Il en va de l’unité de l’Église car enlever quoi que ce soit à la foi serait le retrancher de la vérité de communion. Et puis l’unité de la foi étant celle d’un organisme vivant, elle démontre sa catholicité, une universalité éclairante capable d’exprimer au mieux le cosmos et l’histoire. En outre cette unité est garantie par la succession apostolique.
Le quatrième chapitre (“Dieu prépare pour eux une cité”) explique le lien qu’il y a entre foi et bien général, qui tend à la constitution d’un meilleur espace de vie de l’homme et des autres espèces. La foi renforce la solidarité entre les êtres humains et les met au service de la justice, du droit et de la paix. Elle n’éloigne pas du monde et des nécessités de l’homme, d’autant que sans l’amour fidèle de Dieu l’unité de l’humanité ne se fonderait que sur l’utilité, l’intérêt ou la peur. A l’inverse la foi, qui tend à l’harmonie des rapports humains et à leur finalité en Dieu, nous met tous au service du bien général. Elle est un bien de tous pour tous, qui ne sert pas seulement à préparer l’Au-delà mais à édifier la société terrestre en marche vers l’espérance. Au premier plan des structures qu’éclaire la foi il y a la famille fondée sur le mariage, union stable d’un homme et d’une femme, née de la valeur de la différence sexuelle et vivant de l’amour qui vient de Dieu. En reconnaissant un amour éternel, la famille reconnaît celui du Créateur qui porte à enfanter. A propos ensuite des jeunes, le document parle des JMJ qui leur permettent d’exprimer la joie de la foi et l’engagement à la vivre généreusement. Les jeunes veulent une vie de qualité et leur rencontre du Christ leur offre une espérance qui ne les décevra pas. La foi n’est pas le refuge de personnes timorées mais une dilatation de la vie. Ainsi dans les rapports sociaux la foi permet-elle aux enfants de Dieu de donner une signification nouvelle à une fraternité universelle qui n’est pas une simple égalité mais l’expérience de la paternité de Dieu et la perception de la dignité de toute personne. La foi enfin aide à trouver des moyens de respecter la nature, de trouver des modèles de développement respectueux, échappant à l’utilitarisme et au profit. Œuvre de Dieu, la nature doit être perçue comme un don à utiliser pour le bien de tous. Il faut donc trouver une bonne gestion au service de l’humanité entière et capable de dépasser tout esprit conflictuel. Lorsque la foi fait défaut les fondements mêmes de la vie communautaires sont à risque. Si la foi en Dieu est écartée de la société nous perdrons notre confiance en nous, et si l’on est pas unis dans la confiance on le sera dans la peur. D’où l’impérative nécessité de confesser publiquement Dieu pour éclairer la vie de la famille humaine. Quant à la question de la souffrance et de la mort, le chrétien sait qu’elles ne peuvent être éliminées. Mais il sait aussi qu’elles ont un sens lorsqu’on s’en remet à la volonté de Dieu, en en faisant des étapes de croissance dans la foi. Dieu ne fournit pas une explication complète à qui souffre, mais sa présence et son accompagnement qui ouvre un passage des ténèbres vers la lumière. En cela la foi rejoint l’espérance. Et de revenir sur la recommandation du Pape à ne jamais se laisser voler l’espérance en permettant des solutions immédiates sans issue.

La conclusion de l’encyclique (“Bienheureuse celle qui a cru”) est une invitation à suivre Marie, l’icône parfaite de la foi. Mère de Jésus elle a conçu la foi et la joie. Prions la afin de ne jamais oublier que le croyant n’est jamais seul, et pour qu’elle nous enseigne à voir avec les yeux de Jésus.

Source : Vatican Information Service, bureau de presse du Saint-Siège, 5 juillet 2013

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