La première encyclique du pape François
Paris Notre-Dame du 11 juillet 2013
Le pape François a publié le 5 juillet l’encyclique Lumen Fidei (La lumière de la foi). Largement rédigée par son prédécesseur Benoît XVI, cette lettre est adressée à l’ensemble des fidèles. Le P. Dupont-Fauville, professeur de théologie au Collège des Bernardins, nous en livre son éclairage.
P. N.-D. - En quoi ce texte répond à des besoins de notre époque ?
P. Dupont-Fauville – Après les deux encycliques de Benoît XVI sur la charité "Deus Caritas Est" en 2006) et l’espérance "Spe Salvi" en 2007), le pape François achève avec le thème de la foi la trilogie consacrée aux vertus théologales. Ainsi, les deux papes auront-ils mené à bien une série qui vise à faire (re)découvrir des notions fondamentales de la foi chrétienne. L’ordre de publication, surprenant (au lieu du “foi, espérance, charité” classique), part du plus important qui est la charité, pour rappeler que la foi découle de l’expérience de l’amour de Dieu. À notre société, dans laquelle beaucoup pensent que la foi restreint la liberté et empêche de chercher à mieux comprendre notre monde, "Lumen Fidei" montre au contraire que seule notre croyance en Dieu peut nous faire atteindre le cœur du réel.
P. N.-D. - Quels sont les éléments saillants et nouveaux ?
P. D.-F. – La lettre nous offre avant tout un regard d’espérance : elle affirme que la foi, qui nous a été donnée par Dieu,nous permet de construire un avenir qui fasse droit à toutes les dimensions de l’homme. Le plan du document est assez classique car il se fonde sur les quatre types d’interprétations de la Parole : le sens littéral, le sens allégorique, le sens moral et le sens eschatologique. Le pape reprend des thèmes classiques mais de manière renouvelée et étonnamment claire. Le fait que deux papes aient écrit une même encyclique montre qu’il existe “une” seule foi, qui peut avoir des expressions diverses, et illustre aussi en actes que la foi n’est pas d’abord un ensemble de considérations intellectuelles mais une réalité qui ouvre à une communion.
P.N.-D. - Comment ce texte parle-t-il aux Français aujourd’hui ?
P. D.-F. – D’abord, il éclaire nos perspectives dans un contexte où beaucoup de Français ont une vision morose de leur situation. Certains paragraphes font aussi écho à des débats français actuels : par exemple, quand le pape (§52) écrit que la foi passe par la famille, « union stable de l’homme et de la femme dans le mariage », pour éclairer la cité des hommes ; ou quand il affirme (§54) que la foi permet de « revenir à la vrai racine de la fraternité », l’histoire ayant montré comment la fraternité fondée sur l’égalité, « privée de la référence à un Père commun comme son fondement ultime », ne réussit pas à subsister, au contraire de la fraternité chrétienne.La foi donne à notre fraternité de traverser les millénaires ! • Propos recueillis par Céline Marcon
Extrait de Lumen Fidei du Pape François
« 4. (…) La lumière de la foi possède, en effet, un caractère singulier, étant capable d’éclairer toute l’existence de l’homme. Pour qu’une lumière soit aussi puissante, elle ne peut provenir de nous-mêmes, elle doit venir d’une source plus originaire, elle doit venir, en définitive, de Dieu. La foi naît de la rencontre avec le Dieu vivant, qui nous
appelle et nous révèle son amour, un amour qui nous précède et sur lequel nous pouvons nous appuyer pour être solides et construire notre vie. »
– Lire le résumé de l’encyclique Lumen Fidei
Lumen Fidei. Éd. Parole et Silence/ Rocher. Version commentée par le P. Antoine Guggenheim, enseignant à l’École cathédrale.
À paraître en juillet 2013. 120 p., 10€.