Pourquoi vénérer la Couronne d’épines à Notre-Dame ?
Paris Notre-Dame du 10 juin 2010
Le cardinal André Vingt-Trois invite les prêtres,les diacres et les séminaristes du diocèse à vénérer la sainte Couronne d’épines le mercredi 16 juin, jour de la fête de la Dédicace de la cathédrale. À cette occasion, Mgr François Fleischmann, doyen du chapitre de Notre-Dame et chancelier du diocèse, nous donne des éclairages sur cette relique.
Paris Notre-Dame : Comment la Couronne d’épines est-elle arrivée à Notre-Dame ?
Mgr François Fleischmann : Son existence est attestée à Jérusalem par saint Paulin de Nole, à la fin du IVe siècle. Elle fut ensuite transférée à Byzance et conservée dans la chapelle palatine des empereurs. En 1238, l’empereur latin de Byzance, Baudoin de Courtenay la mit en gage auprès des banquiers vénitiens. Après les avoir dédommagés, saint Louis accueillit la relique en France. Pour l’abriter, il fit construire la Sainte-Chapelle à Paris entre 1239 et 1248. À la Révolution française, les reliquaires furent saisis. Seuls ont pu être sauvés la Couronne d’épines, un morceau de la croix et un clou. Ces reliques ont été rendues à l’archevêque de Paris après le concordat, confiées par lui aux chanoines du chapitre de Notre-Dame et placées sous la garde des chevaliers du St-Sépulcre de Jérusalem.
A-t-on besoin des reliques pour prier ?
Mgr F. F : Non ! La relique est un signe visible de la Passion du Christ. Précisons que l’authenticité d’une relique n’est pas un acte de foi ; les personnes qui vénèrent la relique font un acte de foi au Christ dans l’acte rédempteur majeur qu’est le don de sa vie pour le salut du monde. Le fait que la Couronne d’épines ait été vénérée au fil des siècles lui donne un poids considérable. Ainsi, la relique peut aider le croyant dans l’adoration du Christ fait homme qui a souffert et qui a livré sa vie. Le risque, c’est un dolorisme excessif, car les Évangiles de la Passion n’insistent pas sur la souffrance elle même, mais bien sur le don total du Christ.
Comment se déroule la vénération de la Couronne d’épines ?
Mgr F. F. : Celle-ci est apportée en procession. Il y a d’abord une liturgie de la Parole, afin de bien situer la vénération dans le cadre d’une prière ecclésiale. En tant que doyen du chapitre, j’ai toujours été frappé par la diversité des gens qui viennent vénérer la Couronne d’épines : personnes de toutes les générations, étrangers, dont beaucoup d’orientaux.
Le 16 juin, les prêtres sont invités à vénérer cette relique. Quel sens particulier cela a-t-il pour un prêtre ?
Mgr F. F. : C’est d’abord une occasion de clore l’Année sacerdotale. Prêtres du Christ, nous sommes invités à ce geste de dévotion, en particulier parce que nous sommes au premier plan pour célébrer le don que Jésus fait de lui-même aux hommes dans l’Eucharistie. • Propos recueillis par Anna Latron
Des reliques vénérées tout au long de l’année
Tous les premiers vendredis du mois, et tous les vendredis de carême, les chanoines, avec un chapelain de la cathédrale, célèbrent la vénération de la Couronne d’épines. Les chevaliers du St-Sépulcre assurent la garde l’honneur et organisent l’assemblée. De nombreux fidèles catholiques et orthodoxes – notamment des Russes – participent à cette cérémonie. Le Vendredi saint est un jour de vénération particulière, depuis l’office du matin jusqu’à l’office du soir. « Entre trois et quatre mille fidèles y viennent dans un beau recueillement », indique Mgr Fleischmann. • A.L.