Reportage : La Couronne d’épines, signe d’espérance et de miséricorde
Paris Notre-Dame du 20 mars 2025
Alors que, depuis le 8 décembre dernier, les six basiliques mineures du diocèse de Paris ont été choisies par Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, pour être églises jubilaires, Paris Notre-Dame a décidé de se rendre dans chaque lieu afin de présenter l’une des démarches proposées aux fidèles. Première étape à Notre-Dame, où la vénération de la Couronne d’épines – présentée à la vénération puis à l’ostension chaque vendredi de Carême – est l’occasion de poser un véritable acte de foi, de charité et d’espérance.

« Je ne savais pas… Je ne savais pas… » Alexandre est encore bouleversé de ce face-à-face inattendu. Alors qu’il déambulait – à contre-sens – dans Notre-Dame, il a été prié par un bénévole de la cathédrale de s’arrêter, le temps de laisser passer, coincé contre un pilier, la procession des chevaliers du Saint-Sépulcre et des chanoines portant la Couronne d’épines. Lui, l’orthodoxe qui n’emprunte plus beaucoup le chemin de l’église, a tout de suite reconnu la précieuse relique sertie dans son écrin d’or et de verre, posée sur son coussin rouge. Son coeur n’a fait qu’un bond : « une émotion intense », « un moment gravé à vie » … et un certain trouble. Sonné par une mauvaise nouvelle reçue quelques heures plus tôt à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, il a suivi, sans conviction, ses pas qui l’ont mené tout droit sur le parvis de Notre-Dame. Il croyait la cathédrale inaccessible, il est entré facilement. Et le voici, malade et angoissé, face à cette Couronne, signe de la Passion du Christ.
Ecce Homo
Voici l’Homme. Voici les hommes. Chaque vendredi porte avec lui son lot de rencontres providentielles. Chaque semaine, depuis la réouverture, de 15h à 17h, ils sont plus de 1 500 personnes à rejoindre la longue procession qui remonte la nef jusqu’au chœur, afin d’aller vénérer – par une inclinaison, un baiser ou l’imposition du front – « la plus belle et la plus grande des reliques que possède la chrétienté », selon les mots de Mgr Olivier Ribadeau Dumas, recteur-archiprêtre de la cathédrale.
Dès 14h30, la nef est comble ; aux premiers rangs, des habitués sont venus plus d’une heure en avance pour honorer ce rendez-vous qu’ils ne manqueraient pour rien au monde. « Ce n’est pas n’importe quelle relique, confie Philomène, de St-Nicolas des Champs (3e), son chapelet à la main. Venir la vénérer, surtout en ce temps de Carême, fortifie et approfondit ma foi. Vu les temps que l’on traverse, nous avons besoin d’être unis dans ce même élan de prière. » Dans l’assemblée, tous les âges, tous les codes vestimentaires, tous les états de vie – écoliers et collégiens, jeunes couples, mères de famille avec enfants et poussette, grands-parents et adolescents, prêtres et religieux… –, tous les dialectes aussi ; Notre-Dame, parfois, a des airs de Pentecôte.
Un geste de foi
« Soyez tous les bienvenus, d’où que vous veniez », lance le recteur de Notre-Dame au début de la célébration, tandis que dans la foule des visiteurs, certains, interloqués, marquent un temps d’arrêt pour regarder la scène qui se déroule sous leurs yeux. La relique – posée sur l’autel, le temps de la lecture d’un extrait de l’évangile de la Passion et d’une courte homélie – suscite de nombreuses questions. Beaucoup interrogent les bénévoles ; certains, très émus, demandent à rejoindre l’assemblée des fidèles dans la nef ; d’autres, immobiles dans les transepts, se contentent d’un long moment de recueillement. La procession se met peu à peu en place sous l’autorité des chevaliers du Saint-Sépulcre, tandis que le P. Emmanuel Boudet, doyen du Chapitre, invite chacun, à la fin de son homélie, « à poser un geste de foi » : « Dieu sauve et sauve vraiment. Puisse cette espérance être toujours plus partagée dans ce monde. » Jusqu’à 17h, chants, temps de silence, écoute des paroles du Christ et méditations s’alternent ; en ce temps du Carême, l’accent est mis sur le désir du pardon, la « miséricorde infinie du Père » et, selon les mots de Mgr Ribadeau Dumas, « ce même regard que porte Jésus sur Marie, sa mère, et Marie-Madeleine, prostituée ; un regard de tendresse et de miséricorde, à poser aussi sur nos frères. » Une méditation qui résonne aussi avec l’année jubilaire, consacrée à l’Espérance : « Le Jubilé éclaire d’un sens nouveau la vénération de la Couronne d’épines, en l’inscrivant dans une perspective d’espérance, parce que c’est le Christ couronné d’épines qui pardonne à ses bourreaux », partage le P. Guillaume Normand, vice-recteur de la cathédrale, qui poursuit : « Cette vénération est à vivre en écho à la prière de l’Angélus, récitée trois fois par jour à Notre-Dame : “Que ta grâce, Seigneur notre Père, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien-aimé. Conduis-nous par sa Passion et par sa Croix jusqu’à la gloire de la Résurrection.” » « Notre espérance, c’est la vie en Dieu, abonde, de son côté, le P. Denis Metzinger, chanoine, présent pour la vénération, et curé de St-Léon (15e). Cette vie nous est donnée par le Christ mort pour nos péchés et ressuscité. Vénérer la Couronne d’épines, signe de la Passion, nous donne à contempler le Christ. C’est là un pèlerinage d’espérance. »
Pendant près de deux heures – et même ensuite, lorsque la relique sera déposée dans la châsse-reliquaire pour un temps d’ostension –, une file ininterrompue et fervente de fidèles viendront poser cet acte de foi et d’espérance. Qui sait ce qu’ils déposent ainsi au pied de la croix du Christ ? Beaucoup retournent à leur place en larmes, visiblement bouleversés, quand d’autres arborent un large sourire apaisé. « Chacun a son histoire, philosophe Suzy, bénévole qui aime dire que la Couronne d’épines est le trésor du monde. La vie est faite de joies et d’épreuves, et cette Couronne récapitule tout. » « Le vendredi est jour béni », abonde Évelyne, bénévole également et témoin privilégié, chaque semaine, de la dévotion et de l’émotion de la foule présente à la vénération. « Quand je pense, poursuit-elle, à tous ces gens qui criaient, il y a 2 000 ans : “Crucifie-le ! Crucifie-le !” Et là, toute cette foule qui contemple et se remet à l’amour du Seigneur. Je pleure, parfois, de voir toute cette foi. Comme l’amour du Seigneur transforme les cœurs ! »
Charlotte Reynaud
Vivre le Jubilé à Notre-Dame
- Parcours du Jubilé : en choisissant le parcours « Pèlerin » sur l’application ou dans le livret proposé à l’accueil, ou en le préparant en amont sur le site Internet de Notre-Dame, le visiteur est invité à devenir pèlerin d’espérance en suivant une déambulation spirituelle dans la cathédrale.
Informations sur notredamedeparis.fr- Horaires des messes : la messe est célébrée à 8h, 12h et 18h (précédée des vêpres à 17h30) en semaine ; à 8h30, 12h et 18h (précédée des vêpres à 17h15) le samedi ; à 8h30, 10h, 11h30 et 18h (vêpres à 17h15) le dimanche.
- Confessions : de 10h à 12h et de 14h à 18h, du lundi au samedi ; de 16h à 18h, le dimanche.
- Vénération de la Couronne d’épines à 15h, puis ostension dans la châsse-reliquaire de la chapelle axiale à partir de 17h, tous les vendredis de Carême ; dès mai 2025, tous les premiers vendredis du mois, de 15h à 17h.

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