« La garde rapprochée » de la Couronne
Paris Notre-Dame du 23 mars 2023
Pendant le Carême, il est possible de vénérer la Couronne d’épines, le vendredi, à St-Germain-l’Auxerrois. Destinée à permettre aux fidèles de méditer de façon particulière la passion du Christ, cette tradition est permise grâce à la protection des chevaliers de l’ordre du Saint-Sépulcre. Pourquoi ? Éclairage avec le général Olivier de Portzamparc, représentant de l’ordre auprès de Notre-Dame.
Paris Notre-Dame – Pouvez-vous revenir sur l’origine de l’ordre ?
rOlivier de Portzamparc – Il n’existe pas de documents très précis qui retracent l’origine des chevaliers du Saint-Sépulcre. Nous savons juste qu’au moment des croisades, des adoubements de chevalerie étaient pratiqués en Terre sainte, et plus particulièrement sur le tombeau du Christ. Cette pratique a perduré. En 1847, le pape Pie IX, en rétablissant le patriarcat de Jérusalem, confie une mission particulière à ces chevaliers : celle de soutenir, spirituellement et matériellement, les chrétiens de Terre sainte. Depuis, les chevaliers, de par le monde, prient pour eux, organisent des pèlerinages en Terre sainte et assurent, grâce à diverses collectes de fonds, la presque totalité du fonctionnement financier du patriarcat.
P. N.-D. – Quel est son lien avec les reliques du Christ ?
O. P. – Les reliques de la passion du Christ ont été découvertes au IIIe siècle par sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin qui les met alors à l’abri à Jérusalem. Celles-ci y restent avant d’être transférées à Constantinople. En 1238, saint Louis les rachète et les ramène en France un an plus tard : d’abord à Villeneuve-l’Archevêque (Yonne), puis à Sens et enfin à Paris. Elles sont d’abord conservées au sein de la cathédrale avant d’être transférées à la Sainte-Chapelle, construite par saint Louis pour en être le reliquaire. En 1791, pendant la Révolution française, Louis XVI les transfère à la basilique St-Denis (Seine-Saint- Denis) pour les protéger. Elles réintègrent en 1804 la cathédrale et y restent – d’abord dans le Trésor, puis, en 2008, dans la chapelle axiale – jusqu’en 2019, date de l’incendie de Notre-Dame où elles sont transférées au musée du Louvre. Ces reliques ont pour habitude, depuis 2002, d’être sorties les premiers vendredis du mois et les vendredis de Carême. En 1923, l’archevêque de Paris, restaurant un antique usage, accorda de plein droit aux chevaliers du Saint-Sépulcre la garde des reliques de la Passion lorsque celles-ci sont présentées à la vénération. Ceux-ci constituent alors en quelque sorte leur garde rapprochée. Pendant les vénérations, beaucoup de fidèles se recueillent devant ces reliques. Certains les touchent, les embrassent. Et quelques-uns peuvent avoir des gestes déplacés. Nous sommes toujours quatre chevaliers à les entourer.
P. N.-D. – Qu’est-ce que cette mission représente pour vous ?
O. P. – C’est quelque chose d’assez fort. Il s’agit en quelque sorte de participer au mémorial de la passion du Christ. C’est une occasion de méditer sur le sens profond du mystère pascal, sur ce que le Christ a fait pour nous sauver. Et puis, c’est un privilège d’être aussi près de la Couronne. Il m’est demandé de la préparer avant qu’elle soit présentée. Je ressens à chaque fois une émotion très intense. C’est un symbole très fort que nous avons à cœur d’expliquer, de partager. Nous répondons ainsi à de nombreux fidèles qui s’interrogent, posent des questions. J’ai vraiment le sentiment que nous arrivons, nous tous, réunis devant ces reliques, à partager quelque chose de très fort ensemble et à mieux nous préparer à la venue du Christ, à Pâques. La Passion et la Résurrection sont le cœur de notre foi. Vénérer ces reliques permet de les revivre avec des éléments bien réels.
Isabelle Demangeat @LaZaab
Sommaire
Consulter ce numéro
Acheter ce numéro 1 € en ligne sur les applications iOs et Android