Prêtres emprisonnés, moines fusillés… Les martyrs oubliés de la Commune de Paris
Famille Chrétienne – 15 mai 2021
Il y a 150 ans, lors de la Commune de Paris (18 mars-28 mai 1871), prêtres et religieux ont été tués. Parmi eux, cinq sont en voie de béatification. Le jubilé offre l’occasion de retracer ces vies données.
Une exécution sommaire, prison de la Grande Roquette. Des dominicains abattus avenue d’Italie. Une fusillade acharnée à Belleville, rue Haxo. Paris a-t-elle oublié ses quelque vingt-trois prêtres et religieux tués lors de la Commune ? De ces événements de mai 1871, il reste peu de vestiges, peu de lignes dans les livres d’histoire. Difficile de se frayer une place au sein du délicat récit de cette insurrection. L’année 2021 vient pourtant tirer de l’ombre ces belles figures ecclésiastiques : un jubilé célèbre les 150 ans de leur « martyre ».
Les célébrations se centrent autour de la paroisse Notre-Dame-des-Otages, rue Haxo (20e arrondissement), lieu même de l’assassinat de trente-cinq gardes nationaux, quatre civils et dix religieux. Parmi eux figurent le Père Planchat, religieux de Saint-Vincent-de-Paul (voir p. 39), les Pères jésuites Olivaint, de Bengy et Caubert, les Pères picpuciens Radigue, Tuffier, Tardieu, Rouchouse, le Père Sabatier, du diocèse de Paris, et le séminariste Paul Seigneret. « Ces prêtres ont mis de l’amour là où il y avait de la haine, ils ont prié pour leurs bourreaux, leur mort est un acte rédempteur, commente le Père Stéphane Mayor, curé de Notre-Dame-des-Otages. Il est bon qu’il y ait un lieu où l’on fasse mémoire de ce don de soi par amour. Il ne s’agit pas de faire un procès aux Communards. Nous sommes dans une lecture spirituelle, et non politique. »
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Réputation de martyrs
« Martyrs », « saintes reliques », « nouveaux témoins de Jésus-Christ ». Imprimés sur une page jaunie du quotidien catholique français L’Univers, daté d’août 1871, ces mots attestent d’une réalité indubitable : ces victimes jouissent immédiatement d’une réputation de martyrs parmi le peuple chrétien. Pourtant, aucune n’a été, jusqu’à présent, officiellement reconnue comme telle par l’Église. « Odium fidei – “Morts en haine de la foi” – a été écrit dès le début sur leur tombe par la piété populaire, confirme le Père Jacques Benoist, historien et théologien. Mais la promotion par un évêque de telle ou telle personne revêt de fortes implications pastorales, elle donne un modèle au peuple chrétien. » Plusieurs initiatives voient le jour. Dès 1872, les récits de témoins ou de survivants, qui racontent ce qu’ils ont vu et entendu, font figure de précieuses ressources. « Toutes ces informations enrichissent alors les procès diocésains qui ont été réalisés peu de temps après les événements », précise le Père Yvon Sabourin, prêtre de Saint-Vincent-de-Paul et actuel postulateur de la cause en béatification du Père Planchat et des quatre religieux picpuciens.
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Noémie Bertin.
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