« Que les personnes handicapées soient vraiment partenaires de la pastorale »
Paris Notre-Dame du 18 février 2021
Le vicariat pour les personnes handicapées du diocèse de Paris créé en septembre 2019 à la demande de Mgr Michel Aupetit, accompagne, aussi, les personnes porteuses d’un handicap physique et polyhandicapées, ainsi que leurs familles. Enquête à l’occasion de notre série.
« Comme une petite liturgie. » Voilà comment Laetitia présente la catéchèse qu’elle donne, avec d’autres bénévoles, une fois par semaine, au centre médico-social Lecourbe (15e) fondé par l’Ordre hospitalier des frères de Saint Jean de Dieu. « Le temps d’accueil des enfants et des adolescents se termine par le son d’une petite cloche, explique-t-elle. Puis, nous faisons un grand signe de croix, disposons une grande corde de telle sorte qu’elle touche les genoux de chacun avant de réciter, ensemble, le Notre Père, et d’installer la Bible sur un support. » L’idée est d’arriver à « rejoindre » chaque participant au plus profond de son cœur. Car les enfants et adolescents que Laetitia et son équipe accompagnent, ont une singularité : ils sont polyhandicapés. Comme tout catéchiste, l’équipe de Laetitia a dû s’adapter. Elle a choisi le langage sensoriel. Exemple : les textes ne sont jamais lus mais racontés en les reliant avec ce que les jeunes vivent. « Nous parlons lentement, répétons, n’hésitons pas à garder des temps de silence, présente Laetitia. Nous utilisons beaucoup d’images que nous imprimons en grand et affichons. » La préparation de ces rencontres – qui durent environ quarante-cinq minutes – est toujours portée par la prière de l’équipe, consciente qu’elle s’approche, devant chaque enfant, d’une « terre sainte ».
Ce style de catéchèses que Laetitia n’aime pas trop qualifier de « spécialisées » puisqu’elles restent avant tout des « catéchèses », sont proposées dans différents endroits, à Paris. Isabelle Dieudonné, responsable adjointe du vicariat pour les personnes handicapées, recense actuellement une douzaine de groupes de catéchèse adaptée dans les paroisses. À celles-ci s’ajoutent les dix-neuf groupes du mouvement Foi et lumière. Ils constituent une nécessité pour la pastorale des personnes handicapées car ils permettent de rejoindre les enfants porteurs d’handicap et permettent d’accompagner les familles. « Les faire connaître est un volet de notre action au vicariat qui tente de mutualiser ce qui existe à Paris, explique Isabelle Dieudonné. Tout en mettant à disposition une bibliothèque d’ouvrages et de documents existants. » Un autre volet du vicariat est de travailler à l’accessibilité des églises et à l’accueil des personnes porteuses d’un handicap physique ou polyhandicapées dans les paroisses. Ce n’est pas facile. La plupart des églises parisiennes étant classées, il peut être compliqué d’installer des rampes d’accessibilité. Mais l’accueil est plus vaste et « passe souvent par des petits détails », comme le souligne Isabelle Dieudonné. « Veiller à ce que la largeur des travées permette aux personnes de circuler, à ce qu’elles reçoivent la communion… » Pour sensibiliser à l’accueil, le P. Franck Souron, responsable du vicariat, et ses cinq délégués, rendent visite aux différentes paroisses. Ils sont aidés dans leur démarche par deux personnes porteuses de handicap. L’un d’entre eux est Pierre Fournier, « le diacre à roulettes du diocèse », se présente-t-il en souriant, convaincu qu’il « faut beaucoup d’humour et de joie pour mener le combat du handicap ». Lui considère que « beaucoup » a déjà été fait et que sa mission ne consiste pas « à faire un catalogue de revendications ». « Il ne s’agit pas non plus de faire uniquement une bonne action, poursuit-il. Mais bien que les personnes handicapées soient vraiment partenaires de la pastorale, avec des moyens adaptés aux spécificités de chaque handicap. »
Isabelle Demangeat @LaZaab
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