Sainte Madeleine-Sophie Barat
Redécouvrons le cheminement des saints à la suite du Christ : Madeleine-Sophie Barat (1779-1865), grande éducatrice, a profondément marqué son époque.
En deux mots
Femme d’origine modeste, de caractère timide et discret, originaire d’une petite bourgade bourguignonne, Madeleine-Sophie Barat ne semblait en rien destinée à laisser une forte empreinte dans le monde. Par sa réponse à l’appel du Christ, elle devint pourtant la fondatrice d’un ordre fécond et un précurseur de l’éducation des femmes.
Son appel
Submergée par l’émotion à la suite d’un incendie, la mère de Madeleine-Sophie Barat lui donne naissance deux mois avant terme. On craint pour la vie de la chétive petite fille et il est décidé de lui conférer le baptême sur-le-champ. C’est le point de départ d’un autre feu qui la consumera toute sa vie : celui de l’amour du Christ. Relativement instruite pour une jeune fille de son époque, elle est conduite à Paris en 1795, au lendemain de la Terreur, par son frère aîné, prêtre très investi dans un groupe d’inspiration ignacienne centré sur la dévotion au Sacré-Cœur. Parmi les projets qui en émanent, figure la création d’une nouvelle structure spécialisée dans l’éducation des jeunes filles. Rapidement, Madeleine-Sophie est pressentie pour le mener à bien, comme en a témoigné le P. Varin, membre de cette compagnie : « J’allai [la] voir […], et je trouvai une personne très délicate de tempérament, extrêmement modeste et d’une grande timidité. […] Alors je compris tout ! Quelle pierre fondamentale ! [...] En effet, c’était sur elle que Dieu voulait édifier la Société de son Cœur. » D’abord surprise qu’on pense à elle pour une telle tâche, la jeune fille hésite. Mais touchée par la beauté du projet, elle accepte.
Le 21 novembre 1800, Madeleine- Sophie Barat se consacre à Dieu avec trois autres jeunes femmes, fondant ce qui deviendra la Société du Sacré-Cœur de Jésus. En 1806, à seulement 26 ans, elle en est élue Supérieure. Le développement est fulgurant : des petites communautés s’établissent, permettant d’accueillir de nombreuses jeunes filles en quête d’instruction. Les premières constitutions de ce nouvel ordre sont reconnues par le pape en 1816 et son expansion internationale s’accélère. Infatigable, vaillante face aux épreuves, la frêle Madeleine- Sophie poursuit toute sa vie son œuvre d’éducatrice. À sa mort à Paris, en 1865, sa communauté a essaimé, près de cent communautés existent à travers le monde. Un développement qui signe la justesse de sa réponse à l’appel reçu. • Pierre-Louis Lensel