« Sans pardon, on reste aveugle »
Paris Notre-Dame du 3 mars 2011
« Mon père n’est pas quelqu’un de très démonstratif. J’ai longtemps souffert de ne pas recevoir de marques d’affection de sa part. Je me comportais comme une petite fille bien élevée, mais, à l’intérieur, j’étais révoltée. Je suis allée jusqu’à le détester. Cela me donnait mauvaise conscience,mais j’étais incapable de faire preuve d’indulgence à son égard.
Quelques années après mon mariage, j’ai perdu une fille et ce drame a fait ressortir de grandes angoisses. Je suis allée faire une retraite dans un Foyer de charité. Là, j’ai pris conscience que des choses n’avaient pas été réglées avec mon père. J’ai également compris que moi aussi j’avais pu le faire souffrir. Je suis allée consulter un thérapeute qui m’a aidée à formuler ce que je reprochais à mon père. A chaque fois que je sortais de chez lui, j’allais prier pendant des heures devant le saint-sacrement : je suppliais le Seigneur de me donner la grâce de pardonner.
Au fil du temps
Au fil du temps, j’ai commencé à ressentir de la compassion, et même de l’amour pour mon père. J’ai compris que j’étais sur un chemin de miséricorde. Je me suis sentie moins tendue, plus heureuse, et surtout plus vivante. J’ai compris que sans pardon, on reste aveugle, prisonnier de sa colère. J’ai aussi petit à petit réalisé que j’avais reproduit certains comportements de mon père avec mes enfants. J’ai donc écrit à chacun pour m’en excuser. Nos rapports se sont assainis, nous communiquons mieux. A présent, j’essaie de transmettre à mes petits-enfants l’importance de la clémence et j’essaie de témoigner de mon expérience en animant un groupe de réflexion sur la mise en œuvre de la Parole de Dieu. » • Propos recueillis par Anne-Louise Sautreuil