Sur les pas de Madeleine Delbrêl

Paris Notre-Dame du 1er septembre 2022

Pour ces deux mois d’été propices à l’évasion, Paris Notre-Dame vous propose de marcher sur les pas d’un saint afin de rallier Paris à l’un des diocèses de la petite couronne. Pour ce quatrième volet, nous vous proposons de vous rendre dans le diocèse de Créteil, sur les pas de la vénérable Madeleine Delbrêl.

© Charlotte Reynaud

Marcher à la suite de Madeleine Delbrêl, qui quitta la paroisse de St-Dominique (14e) pour la ville d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), c’est découvrir une figure du christianisme, déclarée vénérable en 2018, extrêmement moderne. Avec ses « équipières », comme elle les appelait, elle décide, en 1933, de franchir le périphérique afin de vivre – comme elle l’indique en titre de son livre Ville marxiste, terre de mission – son apostolat auprès des ouvriers et des communistes, à une époque où communisme et catholicisme sont inconciliables. Ivry, municipalité communiste, est la ville industrielle par excellence, avec pas moins de trois cents usines sur son territoire. Rien ne prédestinait pourtant la jeune Madeleine Delbrêl, fille unique choyée d’une famille indifférente à la religion, brillante intellectuelle et farouche athée dans sa jeunesse, à devenir assistante sociale pour servir le Christ. Mais en 1924, âgée de 20 ans, elle vit une conversion radicale et réoriente complètement sa vie. Accompagnée par l’abbé Lorenzo, curé de St-Dominique, elle entreprend des études pour devenir infirmière, puis assistante sociale, tout en fondant un groupe de femmes qui se retrouvent pour étudier la Bible. Elles se donnent le nom de La Charité, mais il faut attendre leur déménagement à Ivry-sur-Seine pour embrasser la vie communautaire. « Plutôt que le Carmel, elle a traduit le “tout pour Dieu” d’une manière totalement nouvelle, confie Marie-Noël Brelle, hôte de la maison et membre de l’association Les amis de Madeleine Delbrêl. Il fallait être le Christ là où Il n’était pas connu. »

Après quelques temps au centre paroissial, elles finissent par investir une maison de ville, sans lien direct avec la paroisse, pour être au plus près de ceux qui ne fréquentent plus les églises. C’est dans cette maison, au 11, rue Raspail, que nous conduisent nos pas. Une plaque signale que la « poète, assistante sociale et mystique chrétienne a habité cette maison » de 1935 à sa mort, en 1964. La maison Madeleine Delbrêl est une oasis dans la ville, repensée et rénovée en 2019. Son portail largement ouvert sur la rue, aux heures d’ouverture, est une invitation au chaland à flâner dans le jardin. Une allée serpente à travers des bosquets de fleurs et des arbres. Cinq tonnelles achèvent de dessiner l’espace, comme un appel à s’asseoir et à méditer. Au verso de grandes photographies de Madeleine Delbrêl, accrochées à chaque tonnelle, on peut lire et entendre un de ses textes, grâce à un enregistrement sonore de l’auteur elle-même. Dans la maison, sa chambre a été reconstituée telle qu’avant sa mort, tandis que son visage, d’une grande douceur, s’affiche en transparence à l a fenêtre. Dans l e salon, la bibliothèque accueille désormais des plaques de bois, traitées comme des livres, sur lesquelles sont reproduites des citations et des extraits de textes de Madeleine Delbrêl. L’ensemble est très réussi, et permet au néophyte de plonger rapidement dans l’univers de cette femme visionnaire, dont les écrits pourraient inspirer nombre de chrétiens aujourd’hui. Allez donc flâner à la bibliothèque du 11, rue Raspail ; vous y trouverez, à coup sûr, un texte inspirant qui donnera une autre saveur à votre journée.

Charlotte Reynaud

Informations pratiques :
Maison Madeleine Delbrêl, 11, rue Raspail, Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) ; Métro 7, arrêt Mairie d’Ivry ;
maisonmadeleinedelbrel.com ;
madeleine-delbrel.net

Madeleine Delbrêl