Un chef d’œuvre caché à la Maison Marie-Thérèse
Paris Notre-Dame du 28 septembre 2017
C’est un véritable trésor de la peinture qui a été découvert dans la maison de retraite Marie-Thérèse (14e). Le Repos de la Sainte Famille sur le chemin d’Égypte, peint au XVIIe siècle par Domenico Piola, est actuellement exposé à la galerie Mendes (8e).
Les plus belles découvertes se font souvent quand on s’y attend le moins. En plein hiver de l’année 2016, Philippe Esteves Mendes est invité à visiter la chapelle de la Maison Marie-Thérèse (14e). La Commission diocésaine d’art sacré lui a demandé de venir voir un tableau du XIXe siècle. Dans cet établissement d’hébergement pour les prêtres âgés, le regard aguerri de ce propriétaire de deux galeries d’art est attiré par une autre œuvre, une représentation de la Sainte Famille. Si son vernis est assombri, il laisse quand même entrevoir un génie artistique, notamment au niveau des drapés. Ne serait-elle pas issue de l’école génoise du XVIIe siècle ? La découverte lui paraît trop belle, et pourtant... Plusieurs spécialistes, dont Mary Newcome Schleier, confirment son intuition. Ils reconnaissent les coups de pinceau de l’Italien Domenico Piola (1624-1703), un des maîtres de l’école génoise, qui est de plus en plus étudiée ces dernières années.
Quelques mois plus tard, on sent encore l’excitation dans la voix de Philippe Mendes : « C’est un chef-d’œuvre. À ma connaissance, il n’existe pas de tableau de Domenico Piola d’une telle qualité en France. Il est typique de cette peinture génoise joliment décorative et très joyeuse, d’un style baroque qui se lâche complètement. » Soucieux de préserver ce patrimoine et de révéler toute sa beauté, il a financé sa restauration : « Au nettoyage, on a découvert des couleurs merveilleuses, une touche très sûre, une peinture très savoureuse et généreuse. Piola aimait surcharger son pinceau de pigments. » Sa représentation du Repos de la Sainte Famille sur le chemin d’Égypte est inspirée d’un épisode raconté dans le chapitre 20 de l’évangile apocryphe du pseudo-Matthieu, selon lequel un palmier-dattier se serait incliné jusqu’aux pieds de la Vierge Marie sur les ordres de l’Enfant-Jésus.
La découverte de ce chef-d’œuvre est d’autant plus surprenante qu’aucun spécialiste ne connaissait l’existence de cette version de la fuite en Égypte, l’un des thèmes favoris de Domenico Piola. Comment est-il arrivé à la Maison Marie-Thérèse ? Est-ce une acquisition de Céleste de Chateaubriand qui a aménagé cette résidence au XIXe siècle ? Le mystère reste, pour l’instant, entier. Dans le livret consacré à cette incroyable histoire, Nathalie Volle, conservateur général honoraire du patrimoine et bénévole pour la Commission diocésaine d’art sacré, avance d’un ton rêveur : « Il est certain que les collections diocésaines constituent, à ce jour, un champ d’étude prometteur qui réservera sans nul doute, dans le futur, encore d’autres beaux inédits. »
Céline Marcon
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