“Un Sauveur dans les langes” : la chronique hebdo #7 de Mgr Jachiet
« Devant l’enfant Jésus notre joie est de savoir que Dieu a endossé notre fragilité, que le Tout-puissant s’est fait vulnérable, que le Verbe s’est fait chair. »
Si l’ordinateur qui vous est devenu si utile pour correspondre avec vos proches ou pour faire des achats vient à ne plus répondre à vos sollicitations, vous vous sentez perdu. Et si un ami, bien plus versé que vous dans la chose informatique, passe par là et remet votre ordinateur en bonne marche, vous lui dites joyeusement : « tu es mon sauveur ! »
Dans le langage courant, le sauveur est la personne qui a prise sur la réalité qui nous oppresse et nous en libère. C’est nécessairement une personne compétente, efficace.
Voici que nous venons de célébrer la venue du Sauveur des hommes, le Christ. Il ne vient pas comme un leader de ce monde, armé de puissance, exerçant des pouvoirs et apportant des compétences pour améliorer nos conditions de vies. Il vient comme un enfant, et encore, pas comme un jeune prince qui disposerait de soldats, de ministres et de courtisans. Le Messie qui vient à nous n’est qu’un nouveau-né. Il ne trône pas car il est couché dans une mangeoire. Il ne commande pas car il est enserré dans des langes. Notre Sauveur est dans l’âge et l’état le plus démuni de la vie humaine.
Nous célébrons dans la joie ce qu’il est dans la crèche : un Sauveur livré aux mains des hommes dans sa faiblesse et son impuissance. Devant l’enfant Jésus notre joie est de savoir que Dieu a endossé notre fragilité, que le Tout-puissant s’est fait vulnérable, que le Verbe s’est fait chair.
Devant la crèche nous n’attendons pas qu’il résolve nos soucis matériels mais qu’il nous sauve d’un drame bien plus essentiel et profond : l’enfermement du péché qui nous sépare de la vie de Dieu.
Si Dieu, qui est à l’origine de tout, est descendu au plus profond de notre impuissance humaine, c’est que rien de ce qui nous habite ne lui est inaccessible. Aucune fragilité, aucun asservissement, aucun péché en nous qui ne puisse être rejoint, dominé, pardonné.
« Aujourd’hui est né un Sauveur qui est le Christ Seigneur (…) un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche » (Lc 2, 11-12)