Intervention de Mgr André Vingt-Trois lors de la rentrée académique de l’Institut Catholique de Paris
Le mardi 16 octobre 2007
Doctorats honoris causa à M. François Cheng, de l’Académie française, et à M. Michel Chapuis.
Monsieur le Recteur,
Mesdames et Messieurs les Doyens,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs les Professeurs,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs les étudiants de cette Université,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, membres de l’Administration de l’Institut Catholique et de ses services techniques,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
L’an passé, un voyage inopiné à Rome m’avait privé de l’honneur et de la joie de célébrer avec vous l’ouverture de l’année académique. Je suis heureux de pouvoir être parmi vous aujourd’hui et de vous assurer ainsi de ma disponibilité et de mon attention de Grand-Chancelier.
Je veux avant tout souhaiter la bienvenue à ceux d’entre vous qui rejoignent cette année l’Institut Catholique de Paris. Je remercie très spécialement les enseignants qui ont accepté de choisir ce cadre significatif pour exercer leur activité. Ils ont été ou seront, j’en suis sûr, bien accueillis, et surtout ils trouveront un milieu adéquat pour poursuivre et approfondir leurs recherches.
Aux étudiants, je souhaite de trouver toujours du goût dans leurs études, de découvrir toujours mieux comment à travers la formation de leur intelligence et l’acquisition de connaissances et de compétences, c’est leur esprit qui se fortifie et leur humanité qui se déploie et s’ouvre au vaste monde et à la mission qui sera la leur au milieu des autres. Vous avez la chance de pouvoir étudier dans une unité voulue, réfléchie, articulée, de la raison et de la foi chrétienne ; c’est pour chacun de vous, que vous soyez chrétiens fervents ou pleins d’interrogations ou croyants d’une autre religion ou que Dieu reste pour vous un mot énigmatique, sans grande portée, une atmosphère favorable pour déployer votre liberté intérieure à distance des conformismes du moment si séduisants soient-ils.
Maintenant, permettez-moi d’adresser un mot particulier à ceux qui vont recevoir aujourd’hui un doctorat honoris causa de notre Institut Catholique. Merci, Messieurs, d’avoir accepté ainsi d’honorer l’Institut Catholique. A l’hommage qui va vous être rendu, permettez-moi seulement d’ajouter un bref mot personnel.
M. Cheng, cher Maître, en un temps de l’histoire du monde où tous les peuples ont les yeux tournés vers la Chine, vous êtes un maître dans l’art de faire communiquer deux cultures. Votre œuvre entière témoigne que les cultures, les grandes, les vraies cultures, ne sont pas des ensembles clos sur eux-mêmes, mais des forces d’assimilation et de transformation. C’est une unique humanité qui se cherche, se trouve, se dit, souffre et se réjouit. Si « catholique » dit un peu plus qu’universel, c’est notamment parce que cet adjectif appelle cette interpénétration mutuelle des cultures. Acceptez, je vous en prie, mes félicitations reconnaissantes.
Vous, M. Michel Chapuis, vous savez que j’ai eu bien des fois l’occasion de profiter de votre art. Vous avez fait si longtemps et si souvent sonné les orgues de Saint-Séverin, et cette église au cœur de Paris joue un rôle important dans notre vie diocésaine en même temps qu’elle est l’une des plus visitées de notre ville. Je suis donc heureux et ému de vous voir ici et d’avoir une occasion de vous exprimer ma gratitude. Les organistes permettent à l’assemblée liturgique d’être soutenue, accompagnée, relayée, par une musique vivante, une musique en création. C’est la louange ou la supplication qui monte maintenant, ici, de la terre vers le ciel et déjà la voix du ciel qui répond par sa promesse. Vous êtes aussi, ce doctorat le manifeste, un savant musicologue et un professeur apprécié. Merci de savoir ainsi partager ce qui vous fait vibrer.
Monsieur le Recteur, je vous laisse désormais mener cette cérémonie.
+ André Vingt-Trois,
archevêque de Paris