« Vérité et signification de la sexualité humaine : des orientations pour l’éducation en famille »
Texte du Conseil pontifical pour la famille du 8 décembre 1995, destiné à aider les parents dans leur tâche d’éducation à l’amour authentique. Il aborde les questions de l’éducation à l’amour conjugal sous tous ses aspects mais aussi l’éducation au célibat, à la chasteté.
Formation de la communauté de vie et d’amour
52. La famille chrétienne est en mesure d’offrir une atmosphère imprégnée de cet amour pour Dieu qui rend possible un authentique don réciproque. Les enfants qui font une telle expérience sont plus disposés à vivre selon ces vérités morales qu’ils voient mises en pratique dans la vie de leurs parents. Ils auront confiance en eux et apprendront cet amour qui triomphe des peurs — rien ne pousse plus à aimer que de se savoir aimé. Ainsi le lien d’amour réciproque, témoigné par les parents dans leur attitude vis-à-vis des enfants, deviendra une sûre protection de leur sérénité affective. Un tel lien affinera l’intellect, la volonté et les émotions, repoussant tout ce qui peut dégrader ou avilir le don de la sexualité humaine. Celle-ci, dans une famille où règne l’amour, est toujours comprise comme faisant partie de l’appel au don de soi dans l’amour pour Dieu et pour les autres : « La famille est la première école, l’école fondamentale de la vie sociale ; comme communauté d’amour, elle trouve dans le don de soi la loi qui la guide et la fait croître. Le don de soi qui anime les époux entre eux se présente comme le modèle et la norme de celui qui doit se réaliser dans les rapports entre frères et sœurs, et entre les diverses générations qui partagent la vie familiale. La communion et la participation vécues chaque jour au foyer, dans les moments de joie ou de difficulté, représentent la pédagogie la plus concrète et la plus efficace en vue de l’insertion active, responsable et féconde des enfants dans le cadre plus large de la société ».
53. En définitive, l’éducation à l’amour authentique, qui ne peut être tel s’il ne devient amour bienveillant, comporte l’accueil de la personne aimée, et le fait de considérer le bien de cette personne comme le sien propre. Il implique donc d’éduquer à entrer dans un rapport juste avec les autres. Il faut enseigner à l’enfant, à l’adolescent et au jeune comment entrer en relation avec Dieu, avec ses propres parents, avec ses frères et sœurs, avec ses compagnons du même sexe et de sexe opposé, avec les adultes.
54. On ne peut pas non plus oublier que l’éducation à l’amour est une réalité globale : on ne peut progresser dans l’établissement de rapports justes avec une personne sans le faire, en même temps, dans les rapports avec toute autre personne, quelle qu’elle soit. Comme il a été dit précédemment, l’éducation à la chasteté, en tant qu’éducation à l’amour, est en même temps éducation de l’esprit, de la sensibilité et des sentiments. L’attitude vis-à-vis des personnes dépend en grande partie de la manière dont on gère les sentiments spontanés qu’on a envers eux, faisant se développer certains, contrôlant d’autres. La chasteté, en tant que vertu, ne se réduit jamais à un simple discours sur la capacité d’accomplir des actes conformes à la norme de conduite extérieure, mais exige l’activation et le développement des dynamismes de nature et de grâce qui constituent l’élément principal et immanent de notre découverte de la Loi de Dieu comme garantie de croissance et de liberté.
55. Il est par conséquent nécessaire de souligner le fait que l’éducation à la chasteté est inséparable de la tâche de cultiver toutes les autres vertus, et, en particulier, l’amour chrétien qui est caractérisé par le respect, l’altruisme et le service et qui, en définitive, a pour nom charité. La sexualité est un bien de grande importance, qu’il est nécessaire de protéger en suivant l’ordre de la raison illuminée par la foi : « Plus un bien est grand et plus on doit en lui observer l’ordre de la raison ». Il en découle que l’éducation à la chasteté « implique nécessairement la maîtrise de soi, laquelle présuppose des vertus comme la pudeur, la tempérance, le respect de soi et des autres, l’ouverture au prochain ».