Magda et son frère Raphaël, Marina, ont été adoptés dans deux familles
Magda est arrivée de Pologne en France à l’âge de 14 ans, elle en a 21 et parle un français parfait. Seul un très léger accent trahit une origine étrangère.
Son frère, Raphaël, 16 ans, est arrivé à 9 ans. Il dit n’avoir quasiment aucun souvenir du polonais.
Parler de la vie d’avant ? Mission presque impossible avec les plus jeunes.
« Je ne me souviens de rien », annonce Raphaël, qui réagit toutefois aux anecdotes de l’orphelinat racontées par sa sœur plus loquace.
Magda ne racontera pas en détail la première rencontre. Mais elle se souvient que la perspective de l’adoption lui plaisait.
« Je n’avais pas peur, je me disais que j’avais la chance de refaire une autre vie. »
Pour son frère, c’est sa mère qui raconte :
« Je me souviendrai toujours de Raphaël, dans la forêt de l’orphelinat où nous étions allés nous promener. Tout le temps de notre ballade, il a marché à reculons, face à moi, sans détacher son regard du mien. »
Le retour en France, après un mois en Pologne pour voir si les uns et les autres s’adoptent, se passe plutôt bien.
« Raphaël faisait tous les placards avec une lampe de poche et était ravi de voir “qu’il y avait des choses pour jouer”. »
Quant à Marina, elle prononcera le mot “maman” dès le voyage vers la France. Parents adoptés ? « Il y a une part de mystère dans le développement de l’enfant », tempère sa mère.
Après quelques mois de cours de français, les enfants sont intégrés dans des classes normales.
Les enfants grandissent, avec leurs joies, leurs crises, dont il est difficile de savoir si elles sont dues à l’adolescence où à d’autres souffrances.
Raphaël est retourné une fois en Pologne, pour apprendre le polonais. Sans grande motivation.
Magda n’y est jamais retournée.
Comme beaucoup de jeunes filles, elle rêve aujourd’hui d’avoir un logement bien à elle, « même une chambre de bonne ! », ce qui ne ravit pas sa mère, qui préfèrerait mieux pour elle.
Elle s’est engagée dans des études courtes pour trouver rapidement du travail, même si elle a visiblement du talent pour le dessin.
Parfois étouffante, la famille ? « Oui, confie Magda. A 14 ans, à l’âge où l’on veut sortir du cocon familial, on m’y faisait entrer. »
Elle veut peut-être à son tour construire une famille...