Amour
Extrait de la Lettre pastorale “La famille et la jeunesse : une espérance !”.
(45) Le succès de cet investissement repose sur le fait qu’un homme et une femme ont un amour suffisamment fort et décidé pour s’engager définitivement. On peut raconter beaucoup de choses édifiantes sur le mariage mais sans tenir vraiment compte des réalités. Dans les années ou les décennies qui viennent, les chrétiens vont être amenés à rendre un témoignage direct sur ces questions, en faisant le nécessaire pour vivre en vérité l’engagement qu’ils ont pris. Quand on prépare un mariage, on pose aux futurs époux la question : « Êtes-vous décidés à vous engager pour toujours ? » Bien souvent ils répondent : « Mais je ne peux pas vous dire ce que je ferai s’il survient des événements que je ne connais pas ». Alors on leur dit : « Personne n’est capable d’un engagement « aveugle », mais aujourd’hui je vous demande à vous deux qui êtes là devant moi : « Êtes-vous décidés à vous engager réellement pour toujours ? » Forcément l’un de vous mourra un jour, puis l’autre, mais cela ne vous empêche pas aujourd’hui de dire que vous voulez vivre ensemble. Il pourra arriver des accidents qui rendent la vie impossible. Il est statistiquement inévitable que cela arrive. Mais pourquoi voulez-vous que ce soit forcément à vous que cela arrive ? » Ce n’est pas exactement la même chose de se marier en incluant l’échec comme une règle ordinaire ou bien de se marier en disant : nous voulons vraiment réussir. Quand vous mettez des enfants au monde, ce n’est pas pour qu’ils tombent malades, et pourtant ils seront tous malades à un moment ou à un autre ! Mais Dieu ne nous demande pas de prendre une assurance tous risques sur la santé, pas plus qu’il ne nous demande de prendre une assurance tous risques sur la fidélité. Il nous demande de savoir ce que nous voulons pour nous-mêmes, quel est le choix de notre liberté.
(46) Si nous n’acceptons pas cet acte de vérité nous sommes dans une hypocrisie dévastatrice, dans un jeu autodestructeur. Cela ne veut pas dire que ne peuvent se marier devant le Seigneur que des saints, mais que le mariage suppose l’orientation du cœur, le dynamisme de la liberté soient tournés vers l’objectif de cette vérité. Et si nous sommes authentiques dans notre liberté, si nous prenons les moyens de notre liberté, alors nous sommes à même d’assumer les difficultés lorsqu’elles surviennent. Mais si nous avons inscrit dès le départ que la difficulté signifiera l’échec, alors il n’y a pas d’engagement. Nous sommes dans une situation culturelle et sociale dans laquelle l’équivalence entre mariage et engagement définitif ne fait plus partie du bagage commun. Cela ne signifie pas que les chrétiens ont un modèle de mariage particulier, mais bien plutôt que, quand ils se marient, ils se marient vraiment. Il faut donc que nous aidions le plus que nous le pouvons ceux qui préparent leur mariage, qui le célèbrent et qui le vivent à assumer réellement les différences que j’évoquais : la différence sexuelle, la différence sociale, la différence culturelle, non pas comme des obstacles à la réussite mais comme le moyen de la réussite de leur amour.
– Lire la lettre pastorale du cardinal André Vingt-Trois “La famille et la jeunesse : une espérance !”.
À lire également
- Paragraphe 35 de la Lettre pastorale
– "Notre vie nous est donnée par amour et (...) notre plus grande tâche terrestre est d’apprendre à aimer en vérité (...)"