DPI, DPN, la tentation de l’eugénisme

La finalité du diagnostic prénatal (DPN) et sa pratique ont été définies par la loi. Elle a cantonné la pratique du diagnostic préimplantatoire (DPI) à des cas exceptionnels.

Le diagnostic prénatal

Le DPN consiste à étudier les caractéristiques d’un enfant in utero grâce à divers moyens d’imagerie (échographie) ou par des prélèvements par amniocentèse (prélèvement du liquide amniotique) ou biopsie de placenta. Il a pour but de détecter les affections d’une particulière gravité. Les deux derniers examens ne sont pas sans risque pour la grossesse.

Rechercher des anomalies en vue du bien de l’enfant à naître est absolument souhaitable lorsque cela permet d’envisager un traitement. C’est le cas de certaines anomalies cardiaques ou rénales pour lesquelles on peut programmer un acte chirurgical réparateur dès la naissance, voire pendant la grossesse.

En revanche quand le DPN a pour but de rechercher une affection en vue de supprimer l’enfant par une IMG (interruption médicale de grossesse) s’il n’est pas « parfait », il pose une vraie question. Face à un diagnostic de handicap, la pression médicale et familiale permet rarement un vrai discernement à des parents en pleine souffrance qui ont besoin d’un réel soutien. Dans ce cas, la médecine ne recherche plus le bien du malade mais le condamne. Sur le plan sociétal, la sélection des enfants sur leur code génétique relève d’une démarche eugéniste.

Le diagnostic préimplantatoire

Le DPI consiste à étudier, toujours au cours d’une fécondation in vitro (FIV), certains caractères de l’embryon avant son transfert in utero, pour sélectionner des embryons répondant aux caractéristiques recherchées. Le DPI peut être envisagé soit comme une alternative au DPN, soit (depuis la loi de 2004) comme un moyen pour sélectionner des bébés utiles au traitement d’un autre atteint d’une affection grave (technique dite du bébémédicament).

Indépendamment du risque très important que le DPI fait courir à l’embryon, il n’existe jamais dans ce cas une recherche du bien de l’enfant : la seule sanction en cas de diagnostic positif est au mieux la destruction, au pire l’utilisation pour expérimentation. Par ailleurs le DPI repose sur une dissociation de la procréation et de l’union des époux qui soulève toutes les réserves éthiques associées à cette technique.

Dépistage de la trisomie 21 par les marqueurs sériques (HT21)

Il ne s’agit plus ici de diagnostic, mais seulement d’une évaluation statistique d’un risque d’attendre un enfant porteur d’une trisomie 21. Cet examen, obligatoirement proposé aux femmes enceintes, provoque une augmentation très importante des amniocentèses et des risques y afférant, et transforme de nombreuses grossesses normales en source d’angoisse pour les parents. Indépendamment de son aspect eugénique, son intérêt médical est discutable.

Diagnostic de la trisomie 21 dans le sang maternel

Une nouvelle technique pourrait permettre un diagnostic fiable de la trisomie 21 et d’autres maladies génétiques sur un simple prélèvement de sang maternel. Il s’agit d’une sorte particulière de DPN qui soulève donc les mêmes questions. • La Rédaction, en collaboration avec Mgr Michel Aupetit, vicaire général

L’avis d’un expert

Jacques Testard, biologiste, père scientifique du premier bébé éprouvette français né en 1982, n’a pas souhaité travailler sur le diagnostic préimplantatoire (DPI).

« Le DPI est le problème éthique le plus grave car il peut avoir une extension mondiale. Je suis persuadé qu’avant la fin de ce siècle, plus aucun enfant ne naîtra sans passer le DPI, au moins dans les pays développés… Dès les années 80, après mes travaux sur la fécondation in vitro, j’ai dit que je ne participerai pas aux recherches sur le diagnostic préimplantatoire (DPI). Pour moi, il n’était pas question d’aller vers des bébés programmés. Dans le livre L’oeuf transparent que j’ai écrit en 1986, je disais qu’un jour on trierait des enfants pour éviter d’avoir des myopes. Tout le monde me riait au nez. Or, depuis un an, en Angleterre, on trie des embryons pour éviter d’avoir des enfants qui louchent ! C’est une grave dérive. On peut aller très loin. Pour l’avenir de notre démocratie, il est urgent que l’opinion publique prenne la mesure de ces dérives éthiques et de leurs conséquences. »

Pour en savoir plus, voir le site http://jacques.testart.free.fr

Dossier de vulgarisation “Bioéthique” 2009 de Paris Notre-Dame