Huitième marche : Adhérer au mystère de la croix
Le combat pour la civilisation de l’amour nous conduit au pied de la Croix, au cœur de la souffrance humaine. Levant les yeux vers le Crucifié, nous accueillons le don de l’amour infini et la source de la vie.
Présentation audio de cette marche
(à écouter en parcourant cette page web ou en feuilletant le carnet)
MESSAGE DU PAPE AUX JEUNES
Aux frères contaminés par ces idées étrangères à l’Évangile, l’apôtre Paul rappelle la puissance du Christ mort et ressuscité. Ce mystère est le fondement de notre vie, le centre de la foi chrétienne. Toutes les philosophies qui l’ignorent, le considérant comme « folie » (1 Co 1, 23), montrent leurs limites devant les grandes questions qui habitent le cœur de l’homme. C’est pourquoi moi aussi, en tant que successeur de l’apôtre Pierre, je désire vous affermir dans la foi (cf. Lc 22, 32). Nous croyons fermement que le Christ Jésus s’est offert sur la Croix pour nous donner son amour. Dans sa passion, Il a porté nos souffrances, Il a pris sur lui nos péchés, Il nous a obtenu le pardon et nous a réconciliés avec Dieu le Père, nous donnant accès à la vie éternelle. De cette façon, nous avons été libérés de ce qui entrave le plus notre vie : l’esclavage du péché. Nous pouvons alors aimer tous les hommes, jusqu’à nos ennemis, et partager cet amour avec les plus pauvres et les plus éprouvés de nos frères.
Chers amis, la Croix nous fait souvent peur, car elle semble être la négation de la vie. En réalité, c’est le contraire ! Elle est le « oui » de Dieu à l’homme, l’expression extrême de son amour et la source d’où jaillit la vie. Car du cœur de Jésus ouvert sur la Croix a jailli cette vie divine, toujours disponible pour celui qui accepte de lever les yeux vers le Crucifié. Je ne peux donc que vous inviter à accueillir la Croix de Jésus, signe de l’amour de Dieu, comme source de vie nouvelle. En dehors du Christ mort et ressuscité, il n’y a pas de salut ! Lui seul peut libérer le monde du mal et faire grandir le Royaume de justice, de paix et d’amour auquel nous aspirons tous.
DANS LA BIBLE
ANCIEN TESTAMENT
La figure paradoxale du Serviteur annonce la Passion et la mort du Christ. Il se charge de toutes nos souffrances, jusqu’à notre péché. Saurons-nous reconnaître en lui notre Sauveur ?
Livre d’Isaïe 52,12.53,12 : 12 Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! 13 La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’aspect d’un fils d’Adam. […] 1 Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? À qui la puissance du Seigneur a-t-elle été ainsi révélée ? […] 3 Le serviteur était méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. 4 Pourtant, c’était nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu, humilié. 5 Or, c’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. […] 10 Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. Mais, s’il fait de sa vie un sacrifice d’expiation, il verra sa descendance, il prolongera ses jours : par lui s’accomplira la volonté du Seigneur. […] 12 C’est pourquoi je lui donnerai la multitude en partage, les puissants seront la part qu’il recevra, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.
NOUVEAU TESTAMENT
La Croix est le chemin incontournable de la suite du Christ. Quelles que soient les modalités selon lesquelles elle s’offre à nous, elle est le moyen de la communion avec Jésus dans un don réciproque.
Évangile selon saint Luc 9, 20.23-26 : 20 Jésus expliquait à ses disciples : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » 23 Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. 24 Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. 25 Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est en se perdant lui-même et en le payant de sa propre existence ? 26 Si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des anges. »
Lettre aux Galates 2, 19b-20 : 19 Avec le Christ, je suis fixé à la croix : 20 je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie aujourd’hui dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi.
MAGISTERE
ENSEIGNEMENT DES PAPES
La réponse à l’interrogation sur la souffrance et sur le sens de la souffrance, le Christ la donne non seulement par son enseignement, c’est-à-dire par la Bonne Nouvelle, mais avant tout par sa propre souffrance qui est complétée d’une manière organique et indissoluble par cet enseignement de la Bonne Nouvelle. Et c’est là le mot ultime, la synthèse, de cet enseignement : « le langage de la croix », comme le dira un jour saint Paul. […]
Lorsque le Christ dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » […], par la profondeur divine de l’union filiale à son Père, il perçoit d’une façon humainement inexprimable la souffrance qu’est la séparation, le rejet du Père, la rupture avec Dieu. Mais c’est justement par cette souffrance qu’il opère la Rédemption et qu’il peut dire en expirant : « Tout est accompli. » […] La souffrance humaine a atteint son sommet dans la passion du Christ. Et, simultanément, elle a revêtu une dimension complètement nouvelle et est entrée dans un ordre nouveau : elle a été liée à l’amour, […] à l’amour qui crée le bien, en le tirant même du mal. (Jean Paul II, Salvifici doloris, n°18)
Nous pouvons chercher à limiter la souffrance, à lutter contre elle, mais nous ne pouvons pas l’éliminer. Justement là où les hommes, dans une tentative d’éviter toute souffrance, cherchent à se soustraire à tout ce qui pourrait signifier souffrance, là où ils veulent s’épargner la peine et la douleur de la vérité, de l’amour, du bien, ils s’enfoncent dans une existence vide, dans laquelle peut-être n’existe pratiquement plus de souffrance, mais où il y a d’autant plus l’obscure sensation du manque de sens et de la solitude. Ce n’est pas le fait d’esquiver la souffrance, de fuir devant la douleur, qui guérit l’homme, mais la capacité d’accepter les tribulations et de mûrir par elles, d’y trouver un sens par l’union au Christ, qui a souffert avec un amour infini. (Benoît XVI, Spe salvi, n°37)
PAROLES DE SAINTS
La bienheureuse Chiara Luce Badano, jeune italienne souffrant d’un cancer des os, a transformé son chemin de croix en chemin d’amour. Cette phrase ponctuait ses journées : « Si tu le veux, Jésus, je le veux aussi. »
Sainte Thérèse des Andes : « La souffrance ne m’est pas inconnue. J’y trouve ma joie, car sur la croix on trouve Jésus et Lui est amour. » (Lettre 14)
Saint Jean d’Avila aimait à répéter dans ses lettres : « Tu as été aimé sur la croix, aime donc sur la croix. »
QUESTIONS
1. « La croix nous fait souvent peur » : est-ce vrai pour moi aussi ? Quelles sont ces peurs ?
2. « La croix du Christ est le « oui » de Dieu à l’homme, l’expression extrême de son amour et la source d’où jaillit la vie » : comment est-ce que je comprends cela ?
3. Comment est-ce que je « prends ma croix chaque jour » ? Est-ce, pour moi, un lieu de communion avec le Christ ?
4. Le Christ a voulu porter nos souffrances : à son exemple comment puis-je être proche de ceux qui souffrent, compatissant ?
POUR ALLER PLUS LOIN
– Le sacrement des malades
Par l’onction sacrée des malades et la prière des prêtres, c’est l’Église tout entière qui recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu’il les soulage et les sauve ; bien mieux, elle les exhorte, en s’associant librement à la passion et à la mort du Christ, à apporter leur part pour le bien du Peuple de Dieu. (Lumen Gentium, n°11)
La grâce première de ce sacrement est une grâce de réconfort, de paix et de courage pour vaincre les difficultés propres à l’état de maladie grave ou à la fragilité de la vieillesse. Cette grâce est un don du Saint-Esprit qui renouvelle la confiance et la foi en Dieu et fortifie contre les tentations du malin, tentation de découragement et d’angoisse de la mort. Cette assistance du Seigneur par la force de son Esprit veut conduire le malade à la guérison de l’âme, mais aussi à celle du corps, si telle est la volonté de Dieu. (CEC n°1520)
– La croix des JMJ
Jean Paul II puis Benoît XVI ont confié aux jeunes la Croix des JMJ pour qu’ils la portent dans le monde comme signe de l’amour du Seigneur. Pour marquer notre désir d’accueillir ce signe, nous pouvons poser un geste de vénération, par exemple en embrassant la Croix comme nous le faisons le Vendredi Saint.