« La famille, un bonheur à construire »

Paris Notre-Dame du 17 février 2011

PN.-D. - Pourquoi avoir choisi le thème de la famille et de la jeunesse pour la deuxième année du programme « Paroisses en mission » ?

Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris.
© Yannick Boschat

Mgr André Vingt-Trois - Si j’ai fait ce choix dès 2005 c’est que c’est l’un des thèmes principaux de préoccupation pour un certain nombre de nos contemporains.

1. Il y a un enjeu décisif pour la société. Je suis convaincu que si nous ne réussissons pas à surmonter les obstacles de la vie familiale, nous allons vers une société qui sera une société de violence. Ce n’est pas un motif évangélique, c’est un motif sociopolitique. Je ne vois pas aujourd’hui dans la société telle qu’elle est, quelle sera l’institution de base, la cellule de base où s’éduqueront les vertus sociales, si la famille ne joue pas son rôle.

2. Du point de vue de la foi, de la révélation chrétienne, il y a un enjeu décisif dans la stabilité familiale, dans l’engagement mutuel des époux. On ne peut pas parler d’une fidélité absolue de Dieu à son alliance si on n’a aucune expérience humaine de la fidélité définitive. Et l’expérience humaine de la fidélité définitive, c’est l’expérience conjugale, contrairement à l’idée commune qui serait que l’expérience de la fidélité définitive est celle des prêtres, des religieux ou des religieuses. Mais il ne faut pas se laisser prendre aux apparences. Il est beaucoup plus difficile de réussir une vie de couple dans la fidélité définitive que d’être fidèle à un engagement au célibat. Mon engagement au célibat s’accomplit à travers un réseau d’actions où je rencontre des difficultés, mais pas celle de vivre quotidiennement avec quelqu’un qui est complètement différent de moi. Pour les couples, il s’agit bien de vivre cette communion comme un acte d’amour et pas comme une contrainte. […]

3. Par ailleurs, toute notre société a un problème avec sa jeunesse. C’est une question globale qui ne concerne pas telle ou telle famille en particulier. Les difficultés du système éducatif, scolaires et extrascolaires, sont des problèmes qui préoccupent tout le monde.

4. Il y a ensuite le problème de l’éducation au jour le jour dans les familles particulières. Comment les parents qui sont en général des gens plutôt responsables, plutôt soucieux de ne pas manquer à leur responsabilité de parents, vont-ils s’y prendre pour espérer échapper aux accidents qui se produisent si souvent dans l’éducation des enfants ? Cette difficulté peut aller jusqu’à une forme d’anxiété et,même, à une forme d’inhibition : des gens se considèrent comme inaptes à avoir des enfants parce qu’ils ne voient pas comment ils pourraient les élever. […]

5. Enfin, il y a un niveau de questionnement encore plus radical : Faut-il une famille ? Jusqu’à quel point est-il nécessaire qu’il y ait une famille ? A quels critères une famille doit-elle correspondre ? Pourquoi ces critères ? N’importe quel couple peut-il être considéré comme une famille ? Pourquoi met-on des conditions ? […]

On peut remarquer qu’à travers ce que nous connaissons de l’espèce humaine, il n’y a pratiquement pas de société qui ait abandonné l’éducation des enfants à la seule initiative privée. […]

Il y a toujours eu une interférence entre la relation parentale et la relation éducative, même si celle-ci ne se réduit pas à la relation parentale. • Propos recueillis lors de la présentation du livre « La famille, un bonheur à construire. Des couples interrogent l’archevêque de Paris » (Éditions Parole et Silence) aux médias, le 11 janvier 2011, par le cardinal André Vingt-Trois.

Lire l’intégralité de l’intervention sur Présentation par le cardinal André Vingt-Trois du livre “La famille, un bonheur à construire. Des couples interrogent l’archevêque de Paris”.

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