Interview du Père Brice de Malherbe à propos de l’Instruction “Dignitas Personae” sur certaines questions de bioéthique

Interview réalisée en décembre 2008.

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi vient de publier une nouvelle Instruction sur certaines questions de bioéthique : « Dignitas Personae ». Pourquoi cette prise de position ?

Le 22 février 1987, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi publiait l’Instruction Donum Vitæ sur le respect de la vie naissante et la dignité de la procréation. Il s’agissait alors de répondre aux nombreuses interrogations soulevées par l’avènement de nouvelles techniques de fécondation artificielle. Ce document garde toute sa valeur morale. De nouveaux développements de la technologie biomédicale depuis vingt ans rendaient cependant nécessaire une mise à jour.

A qui s’adresse ce texte ?

Dignitas Personae s’adresse aux fidèles de l’Eglise catholique et à « tous les hommes de bonne volonté, en particulier les médecins et les chercheurs ouverts au dialogue et désireux de parvenir à la vérité ». Le langage est celui d’un document doctrinal. Chacun comprendra que la technologie biomédicale pose à nos sociétés des questions d’une importance cruciale justifiant un effort de lecture. D’autant plus dans la perspective du débat sur la révision des lois de bioéthique en France.

Quelles sont les nouvelles questions apparues depuis Donum Vitae ?

L’Instruction en retient trois : la recherche sur les embryons humains, l’utilisation des cellules souches à des fins thérapeutiques et ce qui est de l’ordre de la médecine expérimentale (thérapie génique, clonage). L’Instruction aborde ces domaines avec précision et offre une évaluation morale nourrie d’une réflexion sur le sens de la vie humaine à la lumière de la raison et de la foi. Si l’Eglise élève fortement la voix contre tout ce qui entraîne la destruction d’embryons – ces êtres humains particulièrement vulnérables – elle encourage par exemple la recherche sur la capacité thérapeutique des cellules souches adultes, qui ne posent pas les mêmes problèmes éthiques.

Quel est le critère de discernement de l’Eglise en matière de bioéthique ?

Le critère central de discernement est la dignité de la personne qui « doit être reconnue à tout être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle ». Le désir d’avoir des enfants ou de guérir des malades, la souffrance de la stérilité ou de certaines maladies ne peuvent justifier l’utilisation de moyens incompatibles avec la dignité humaine. La technique progresse quand elle favorise un progrès en humanité. Or, en dissociant la procréation de l’union personnelle des époux et en sacrifiant la vie de nombreux embryons humains, certaines techniques de procréation ou certaines recherches sont porteuses de ruptures et de violences individuelles et sociales. L’Eglise appelle au contraire à favoriser les techniques et les recherches qui promeuvent « une civilisation plus humaine ». Elle se souvient « qu’en tout être humain, en particulier dans les plus petits, on rencontre le Christ lui-même (cf. Mt 25, 40).

Père Brice de Malherbe, Enseignant à l’Ecole Cathédrale
Propos recueillis par Paris Notre-Dame

Lire aussi la présentation du contenu de l’Instruction Dignitas Personae

L’embryon et la recherche

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