Le chant aux martyrs d’Alexandrie par Mgr Michel Chafik - Janvier 2011
« En ce 7 janvier 2011, jour de la Nativité selon le calendrier julien , les coptes ont éprouvé le besoin de se réunir. De se réunir pour pleurer leurs morts, pour crier leur colère, pour témoigner aussi, envers et contre tout, de leur espérance. »
Le ciel est bas et gris, il bruine sur Paris quand, sur le parvis de Notre-Dame, les croix coptes dessinent le cœur douloureux du Seigneur.
En ce 7 janvier, jour de la Nativité selon le calendrier julien , les coptes ont éprouvé le besoin de se réunir. De se réunir pour pleurer leurs morts, pour crier leur colère, pour témoigner aussi, envers et contre tout, de leur espérance.
Ils sont là, rassemblés autour de leurs prêtres, si proches de leurs abounas que ceux-ci en suffoquent.
Il y a beaucoup de jeunes parmi la foule. De nouveaux venus, arrivés les mains vides mais la foi chevillée à l’âme, ont les yeux noyés de nostalgie ; d’autres, nés en France et parfaitement intégrés, conjuguent avec ferveur leur double identité.
Les témoignages se succèdent : Le clergé copte, ses fidèles, des représentants des différentes Églises chrétiennes et de la société civile prennent tour à tour la parole.
Une jeune égyptienne vient réclamer les droits, incompatible en Intégrisme, de vivre, de rire et de dire sa foi. Un algérien converti depuis peu au christianisme, un apostat pour la communauté musulmane, hurle son amour pour le Christ, un amour qui, comme tout amour, brûle, déchire et fait danser la vie. Une militante des droits de l’homme revendique, pour tous, la liberté de croire ou de ne pas croire ; et rappelle que celle-ci est consubstantielle à la démocratie.
Quand leurs frères restés au pays sont interdits de parole, les coptes de France parlent, ils parlent à perdre haleine. Ils chantent aussi, à tue-tête, pour calmer la colère qui, par spasmes, leur tord le cœur ; et, les mains levées vers le ciel, ils prient le Père, lui demandant le don de la paix.
La nuit tombe sur le parvis. Lentement Notre-Dame s’habille de lumière. Elle enveloppe de son ombre protectrice ses enfants souffrants qui, une dernière fois, entonnent pour les morts d’Alexandrie le chant des martyrs.
« Douce Mère des martyrs est si belle.
Le sang de tes enfants qui ruisselle,
L’océan des douleurs, tu traverses.
Et ta foi, en Jésus, tu professes. »
Mgr Michel Chafik
Recteur de la Mission copte catholique de Paris
Notre Dame d’Egypte
www.notredame-egypte.fr
Chaque dimanche, messe copte à 11h en la chapelle « Notre Dame d’Égypte ».
15, rue Philippe de Girard. Paris 10ème.