Terre Sainte : « Les raisons humaines d’espérer sont faibles »
Paris Notre-Dame du 10 juillet 2025
Face à la dégradation de la situation à Gaza et en Cisjordanie, Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, apporte son éclairage sur la réalité précaire des communautés chrétiennes de la région, plus que jamais vulnérables.

Propos recueillis par Mathilde Rambaud
Paris Notre-Dame – Quelle est la situation des chrétiens en Terre Sainte ?
Mgr Pascal Gollnisch – Les chrétiens palestiniens subissent les mêmes difficultés quotidiennes, organisées à leur encontre, que les musulmans. À titre d’exemple, en Cisjordanie, de nombreux check points mobiles sont érigés et, à tout moment, déplacés pour empêcher le passage ; ils n’ont d’autre intérêt que de compliquer la vie des habitants. D’autre part, en Cisjordanie toujours, les chrétiens subissent – tout comme les musulmans – les violences récurrentes et les menaces de la part des colons. Le peuple palestinien est finalement pris entre d’un côté le Hamas et de l’autre le gouvernement de Benyamin Netanyahou, et n’a que peu de ressources pour naviguer entre ces deux extrêmes. Cependant, les chrétiens sont des gens de paix et, notamment grâce au patriarche latin de Jérusalem Mgr Pierbattista Pizzaballa, recherchent plus que jamais des chemins de paix.
P. N.-D. – Voyez-vous des signes d’espoir ?
P. G. – À vue humaine, il n’y en a pas beaucoup. Lorsque l’on voit le président américain qui soutient la présence des colons en Cisjordanie, le refus de créer un État palestinien ou le comportement des militaires israéliens, les raisons humaines d’espérer sont faibles. Alors, il reste la foi et l’espérance spirituelle. Pour autant, il y a tout de même des signes d’espoir que toute la population israélienne ne suive pas le gouvernement de Benyamin Netanyahou. Et en ce sens, si vous me demandez les raisons d’espérer, il ne faut pas exclure un sursaut de la société israélienne en faveur d’une approche raisonnable. C’est actuellement notre seul espoir.
P. N.-D. – Comment la chute de la fréquentation des pèlerins impacte-t-elle les chrétiens locaux ?
P. G. – Cela crée évidemment de nombreuses difficultés économiques parce que beaucoup de familles chrétiennes vivaient justement de la venue de ces pèlerins. C’est d’ailleurs surtout les Occidentaux qui ne viennent plus parce qu’il y a toujours quelques groupes d’Asie centrale ou d’Extrême-Orient. Mais les pèlerins d’Occident étaient les plus nombreux. Tout est vraiment fait par le gouvernement israélien pour compliquer le quotidien des Palestiniens – chrétiens comme musulmans – dans l’espoir qu’ils partent de leurs terres.
P. N.-D. – De quelle manière l’Église de France, et notamment celle de Paris, peut-elle soutenir ces communautés ?
P. G. – Il y a plusieurs domaines d’action possibles. Tout d’abord l’action menée auprès des quatre écoles de Gaza par le réseau Barnabé coordonné par la direction de l’Enseignement catholique de Paris. Ainsi que les visites des évêques – tel, à la rentrée scolaire dernière, l’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, qui s’est rendu, avec son conseil épiscopal, en Israël et en Palestine, ou la délégation emmenée par la Diaconie et la solidarité de la Conférence des évêques de France (CEF) – qui sont importantes pour redire à nos frères chrétiens d’Orient toute notre proximité. Les autorités françaises ne doivent pas non plus oublier que notre pays a un rôle et une responsabilité dans cette région ; l’Église entretient d’ailleurs des liens réguliers et étroits avec le consulat général de Jérusalem. Enfin, pour sa part, l’OEuvre d’Orient soutient financièrement les chrétiens d’Israël, de Jérusalem et de Cisjordanie. Actuellement, nous ne pouvons apporter à Gaza de soutien immédiat accru – en plus de notre aide régulière – parce qu’il n’y a rien à acheter sur place et que le blocus alimentaire empêche toute livraison. Mais nous nous tenons prêts, dès que les combats auront cessé et que nous pourrons à nouveau circuler. Je souligne également qu’il y a à l’Institut du monde arabe, jusqu’en novembre, une très belle exposition sur Gaza, une ville de plus de 5 000 ans d’histoire, ce que beaucoup ignorent !

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