Les grands fondateurs des établissements catholiques parisiens
Des idées prophétiques toujours d’actualité : “Bref historique des grands fondateurs des établissements catholiques parisiens” par Pascale de Lausun.
L’éducation est l’un des plus gros budgets mondiaux : 2000 milliards de dollars (2300 milliards d’euros – Courrier de l’Unesco, mars 2001). Ce critère à lui seul permet d’en mesurer l’enjeu et il est de taille ! On pourrait s’arrêter là et n’envisager l’éducation que sous l’angle financier, mais ce n’est pas notre propos aujourd’hui. Faisons l’hypothèse que l’avenir d’une société dépend de la manière dont elle traite et résout la question de l’éducation.
L’éducation est une question fondamentale pour l’avenir de notre pays. Que veut dire éduquer ? C’est une question centrale posée par les philosophes grecs. Question récurrente parce que les conditions d’exercice changent rapidement et c’est là, bien sûr, que le problème se pose.
Pourquoi en toutes époques et en tous lieux, l’Église et les chrétiens se préoccupent-ils d’éducation ? En quel sens y voient-ils un moyen privilégié d’évangélisation, comment la conçoivent-ils, l’organisent-ils et la gèrent-ils ? En quoi tient cette permanence d’une éducation chrétienne qui, en dépit d’évidentes diversités, comporte en profondeur et révèle avec constance, unité et dynamisme ? Elle n’est pas seulement un passé dont on pourrait se souvenir, mais une créativité incessante dans la fidélité à la mission d’évangélisation.
Nos fondateurs et nos fondatrices ont ouvert des chemins d’Évangile originaux qui ont interpellé l’Église, car ils ont innové au plan pédagogique, éducatif et pastoral. Ils ont su, en leur temps, discerner les besoins éducatifs et inventer des réponses concrètes et novatrices. Nos fondateurs et nos fondatrices nous invitent d’abord à comprendre le monde dans lequel nous vivons et non à reproduire des solutions toutes faites.
Les congrégations religieuses n’ont pas été créées par voie hiérarchique. Elles sont nées d’une initiative prise au service de L’Église et de la société. C’est particulièrement vrai, tout au long de leur histoire, en regard des besoins de la jeunesse et de son éducation, depuis les écoles des monastères jusqu’au foisonnement des congrégations enseignantes du XVIe au XIXe siècle. Chaque fondation correspond à un besoin nouveau : la culture moderne avec les Jésuites, la culture populaire avec les frères enseignants, l’enseignement technique avec les Salésiens et les sœurs de Saint Vincent de Paul, l’instruction des filles avec les religieuses enseignantes.
Le génie des fondateurs et fondatrices n’a pas, d’abord, consisté à léguer des exercices, des statuts, des constitutions : il s’agit là de fruits. Leur génie, a surtout consisté à savoir, à un moment donné, partir à l’aventure droit devant eux, sans savoir peut-être où ils arriveraient. Nos fondateurs et nos fondatrices ont « fondé », c’est à dire qu’ils ont pris l’initiative de créer et d’établir solidement. Ils ont créé, non pas pour le plaisir d’innover, mais pour réagir vigoureusement à des déficiences éducatives, pour lutter contre toutes formes d’exclusion et de pauvreté, pour répondre concrètement à des attentes éducatives nouvelles.
Les écoles catholiques ont été fondées par des personnalités singulières qui, à la lumière de leur Foi, ont considéré qu’elles devaient apporter une réponse à des besoins éducatifs non satisfaits de leur temps. Plus que des courants pédagogiques, ce sont des visages humains, tels Jean-Baptiste de la Salle, Louise de Marillac, Jean Bosco, qui ont façonné l’école catholique. Les fondateurs ont suscité des vocations venues les rejoindre pour les épauler, partager, prolonger ou dépasser leur action.
Allons ensemble à la source de ces fondateurs congréganistes, refaisons leur chemin.
« Il faut connaître son passé, pour construire le présent et l’avenir », dit un proverbe africain. Nous sommes donc les héritiers d’hier et souvent, nous sommes les héritiers d’un engagement qui dure depuis plusieurs siècles. Parler de « l’héritage », c’est dire le charisme, l’inspiration des fondateurs, et la tradition vivante au cours des siècles.
Pour cela, nous vous proposons un survol historique allant du XVIe au XXe siècle. Il faudrait pouvoir raconter toute l’histoire de ces congrégations, mais en raison de la richesse du sujet, nous avons choisi de mettre en exergue les idées prophétiques et originales toujours d’actualité de certains fondateurs et fondatrices des congrégations représentées à Paris.