Pourquoi faire baptiser son enfant ?
Parents, vous vous posez des questions pour savoir si vous allez faire baptiser votre enfant. Vous hésitez. Pourquoi ?
Peut-être par réaction contre l’éducation que vous avez reçue. Vous avez été baptisés à votre naissance. Or, ce baptême qui vous a été donné comme une grâce par le choix de vos parents, plus tard vous l’avez ressenti comme une contrainte, et vous avez connu ou vous connaissez crise et révolte.
Ou encore, peut-être ne savez-vous pas bien où vous en êtes aujourd’hui. Vous êtes devenus incertains dans votre adhésion à la foi. Vous êtes déconcertés par les changements successifs intervenus dans la vie de l’Église. Peut-être, enfin, vous trouvez-vous sans repères, sans communauté d’Église, sans compagnons de route pour avancer dans cette marche vers Dieu. Bref, vous hésitez à embarquer votre petit enfant dans cette aventure spirituelle dont vous-mêmes vous êtes éloignés, par rapport à laquelle vous avez pris vos distances, en gardant le souvenir (d’ailleurs plus ou moins distinct) d’une certaine pression familiale.
Mais à l’inverse, vous hésitez tout autant à interrompre une transmission. Je me souviens à cet égard d’une réflexion que j’ai entendue, lorsque j’étais curé, de la bouche d’un père de famille non pratiquant. Il m’a dit à peu près : « Je viens vous voir parce que je voudrais que mon enfant reçoive de l’Église ce que j’ai reçu, même si moi je n’y adhère pas. Pour ma part, je n’ai pas puisé dans cette richesse de la foi familiale. Mais je voudrais qu’elle lui soit quand même transmise. Voilà pourquoi je demande que mon enfant soit baptisé. » J’ai été surpris par la démarche de cet homme, intellectuel à l’esprit assez critique, issu d’un milieu catholique très marqué. Son souci de ne pas rompre la chaîne n’était pas fidélité à un ordre social, ni respect de coutumes ancestrales, ni conformité à une identification culturelle. Non, c’était vraiment le sentiment qu’il ne fallait pas rompre la transmission de la vie divine, de même qu’il n’avait pas rompu la transmission de la vie humaine.
Parents qui hésitez, par votre attitude, vous mettez le doigt sur une réalité essentielle. La voici : baptême et foi sont inséparables. Ils naissent l’un de l’autre, au point qu’il est exact de dire que la foi est le fruit du baptême, ce baptême qui est la porte d’entrée dans la vie chrétienne et l’accès aux autres sacrements de l’Église. Surprenant, n’est-ce pas ?
Celui qui est baptisé l’est pour recevoir la foi, et non parce qu’il l’aurait déjà suffisamment. On comprend dès lors qu’un petit enfant puisse recevoir le baptême comme une grâce qui lui advient et dont il n’a pas conscience. On ne peut pas dire qu’il pose des actes de foi comme le fait un nouveau baptisé adulte. Mais il reçoit en lui la foi comme un germe de vie et de liberté que l’Esprit Saint, agissant en lui et par l’Église, va éveiller, déployer, nourrir. C’est parce qu’il a été choisi par Dieu « dès le sein de sa mère », comme Jérémie (1, 5), comme Jean le Baptiste (Luc 1, 15), comme Jésus (Luc 1, 42), comme Paul (Galates 1, 15), comme tout être humain (Psaume 139, 13), qu’il reçoit le pouvoir de choisir librement la volonté de Dieu tout au long de sa vie.
Cardinal Jean-Marie Lustiger - Le baptême de votre enfant - Editions Fleurus