Comment choisir le prénom de son enfant ?
« Parents, quel nom avez-vous choisi pour votre enfant ? »
Faites bien attention. L’Église ne se livre pas à une vérification d’identité, comme un agent de l’administration qui vous invite à décliner vos noms, prénoms et domicile. Mais l’Église reconnaît par là votre mission de parents. Elle authentifie votre conscience d’avoir enfanté de votre chair une être créé « à l’image de Dieu » : cet enfant, personne singulière, unique au monde parmi la multitude de ses semblables.
Vous êtes le père, vous êtes la mère Vous êtes les parents, c’est-à-dire bien plus que des procréateurs biologiques. Et par ce geste rituel – donner son nom à votre enfants et le confier à la mémoire de l’Église –, vous prolongez votre acte d’enfantement. Dans la Bible, en effet, donner un nom, c’est qui est quelqu’un, le faire exister devant soi, signifier sa vocation. Souvenez-vous de Dieu nommant Adam et lui laissant désigner tout être vivant (Genèse 2, 19), et d’Adam nommant Ève : l’homme appela sa femme du nom d’Ève – c’est-à-dire la Vivante, car c’est elle qui a été la mère de tout vivant » (Genèse 3,20). Souvenez-vous aussi d’Abraham : « On ne t’appellera plus du nom d’Abram, mais ton nom sera Abraham, lui dit Dieu, car je te donnerai de devenir le père d’une multitude de nations » (Genèse 17,5). Souvenez-vous encore de Simon-Pierre. « Tu es Simon, le fils de Jean ; tu seras appelé Céphas » lui dit Jésus- ce qui veut dire Pierre [1] » explique l’évangéliste (Jean1,42).
Le réflexe de tous les parents par le monde, c’est de dire : « nous voulons que notre enfant ait le meilleur de ce qu’il peut recevoir. Nous voulons lui donner tout ce que nous n’avons pas eu. » Parents, en donnant son nom à votre enfant au jour de son baptême, vous manifestez que vous lui transmettez un appel à l’existence pour qu’il vive sa vocation de personne voulue par Dieu, aimée de Dieu. Vous ne lui donnez pas une vie au rabais. Vous ne le privez pas de l’essentiel. Vous lui permettez au contraire de se constituer et d’exister en vérité, en toute liberté. Bref, par votre réponse à cette première question du prêtre dans la liturgie baptismale, vous reconnaissez à voter bébé sa place dans le dessein de Dieu, sa qualité d’enfant de Dieu.
Dire le nom choisi, premier acte du sacrement de baptême, a dons une importance décisive. Bien sûr, le choix du nom est l’affaire de chaque couple, de chaque famille. Mais je soulignerai un point : c’est que l’Église demande de donner le nom d’un saint, d’une sainte qu’elle vénère, afin de créer une autre parenté, toute spirituelle celle-là, entre le bébé qui vient au monde et ces hommes et ces femmes qui ont fait l‘histoire de l’Église et que nous admirons et que nous aimons.
Par exemple, appeler un petit garçon François, c’est l’inscrire dans la lignée de saint François d’Assise, de saint François de Sales et de beaucoup d’autres François qui ont été canonisés. Mettre votre petit enfant sous la protection d’un saint, c’est espérer qu’il va être saint, qui sait ? Chaque génération voit naître de nouveaux visages de sainteté.
Cardinal Jean-Marie Lustiger – Le baptême de votre enfant – Éditions Fleurus
[1] Le jeu sur les mots, ou plutôt sur les noms, est explicité en Matthieu 16,18 : c’est la pierre sur laquelle le Christ entend « bâtir son Église »