Synthèse du 2e module sur le thème “Famille, école de communion et de relation”
Le samedi 15 janvier 2011, la 2e rencontre de formation de “Paroisses en mission” a porté sur le thème “Famille, école de communion et de relation” à l’Immaculée Conception (12e).
Synthèse de la formation par M. Jean-Marie Meyer
“Famille, école de communion et de relation”
(Ce texte est la version transcrite à partir d’un enregistrement et en garde le caractère oral )
Il s’agit en cette fin de matinée de proposer à partir de ce que vous avez et des textes qui vous avaient été proposés non pas exactement une synthèse, mais quelques pistes de réflexion pour tenter d’aller plus loin. C’est dans cet esprit au moins que j’ai tenté de construire quelque chose en incluant au maximum un certain nombre de réflexions faites dans les carrefours qui viennent d’avoir lieu. Et, bien entendu, il n’est pas question pour moi de prétendre à une exhaustivité parce que tout simplement je n’ai pas eu le temps de travailler à fond l’ensemble des informations qui m’ont été données.
Prenez s’il vous plait cette réflexion qui va avoir lieu maintenant comme une tentative de circuler entre trois pôles. D’abord le pôle des interventions qui sont les vôtres. Deuxièmement, mon expérience et votre propre expérience de vie familiale. Et enfin, troisièmement, un certain nombre de convictions quant à la conception de l’homme, quant à la définition de l’homme, quant au destin de l’homme. Ces convictions sont éclairées par notre foi.
Je crois qu’il est très important au moment de lancer cette réflexion de nous rappeler une chose tout à fait simple : chacun d’entre nous a son histoire personnelle et familiale et est situé dans cette histoire d’une façon très particulière. Je crois que ça vaut vraiment la peine d’approfondir ce point. Pour ce qui me concerne je ne peux oublier de faire mémoire de mes parents, de mon épouse et de nos enfants. Ce sont eux qui me permettent aujourd’hui de prendre la parole. J’insisterai en second lieu sur la perspective de la transmission. Il est capital de savoir si nous voulons transmettre quelque chose et ce que nous voulons transmettre. Transmettre nous demande d’être associés à quelque chose de plus grand et de plus durable que nous et, dans la Foi, à une aventure plus mystérieuse qui nous met en relation avec une Trinité de Personnes qui est effectivement plus grande que nous ! Cette transmission de la foi nous y participons « avec les moyens du bord » et je crois que personne, ici, n’a le sentiment de dominer la situation, je veux dire sa propre situation. Mais, de surcroit, c’est notre foi elle-même qui souligne le fait que si nous pouvons transmettre quelque chose, ça n’est pas d’abord en notre nom propre mais parce que le Seigneur nous associe à son mystère, à son mystère de vie.
Enfin, si comme je l’affirmais plus haut chacun d’entre nous a son histoire et donc une certaine expérience de la vie familiale, nous voyons les choses d’une certaine façon lorsque l’on est marié depuis quelques années, et on les voit forcément de manière différente lorsque l’on a évolué dans la vie et qu’on a vu ses enfants grandir. Je crois que cette dimension du temps est absolument essentielle.
De quoi s’agit-il dans la perspective de l’éducation ? D’être témoins d’une sagesse. Témoins d’une sagesse, et ce mot là m’importe beaucoup, pas simplement parce que je suis professeur de philosophie, mais parce que, si je réfléchis au travail qu’on a fait ce matin, que vous avez bien voulu faire ce matin, vous voyez qu’on est bien obligé les uns et les autres de s’interroger sur ce qui est important, essentiel même, dans notre vie. Cette question n’est pas une question technique. Ce n’est pas une question d’expert. C’est une question d’amoureux. De façon transversale, dans la quasi-totalité de vos interventions, de vos prises de parole, de vos interrogations, jaillit à longueur de lignes l’idée que sans l’amour que Dieu nous porte et sans l’amour que nous portons à Dieu et à nos frères, l’éducation dans la famille n’aurait pas de sens. Ceci est une perspective de sagesse, la sagesse se reconnaissant à ceci qu’au-delà des connaissances que l’on a, des pouvoirs que l’on possède, que l’on exerce, se trouve le sens de ce qui est essentiel. Il est légitime que chacun d’entre nous le dise avec ses propres termes. Ma parole aujourd’hui s’efforce de circuler entre ma propre expérience, celle de mon épouse, celle de nos enfants, les différents textes de l’Écriture ou du magistère dont je vous ai parlé. Cette sagesse s’éclaire à partir de notre identité de fils et de filles de Dieu. Il s’agit donc d’une sagesse théologique qui renvoie au projet que le Seigneur a sur chacun d’entre nous ; et il nous faut répondre à cette invitation de la Sagesse au-travers de toute notre vie. Quel qu’âge que nous ayons, nous sommes concernés. Que nous nous sentions très « en direct » parce que nous avons laissé nos enfants il y a quelques dizaines de minutes et que nous allons les retrouver tout à l’heure ou que nous ayons pris davantage de distance par rapport aux tâches éducatives immédiates, de toute façon la manière dont nous allons parler du sens de notre vie est susceptible d’apporter quelque chose aux autres. Voilà ce qui nous réunit ce matin.
Notre réflexion sur l’éducation dans la famille renvoie, d’une part, aux besoins et aux désirs de nos enfants ; et, d’autre part, à l’appel de Dieu. Avec notre histoire, avec les ressources qui sont les nôtres, intellectuelles, affectives, spirituelles, nous essayons de répondre à ces différents aspects. Dans ce contexte je me permets de souligner deux choses :
Tout d’abord, nous sommes confiés les uns aux autres. L’originalité de la vie familiale, ce qui la distingue de la relation amicale tient en ceci que les membres de notre famille, au point de départ on ne les choisit pas. Ça n’empêche pas que dans la manière que l’on va avoir de les aimer, la volonté et donc le choix ont leur part. Mais au point de départ il y a le don. Je te reçois comme mon fils ou ma fille, je te reçois aussi comme mon père, mon grand-père, mon cousin… au point de départ il n’y a pas de choix. Ou si choix il y a, ça n’est pas le nôtre, c’est le choix de Dieu.
Deuxièmement, la vie dans la famille, la vie éducative, dans la perspective de la vie conjugale ou familiale, c’est une vie qui unit les extrêmes. C’est pourquoi il est si difficile de l’analyser. Il s’agit d’unir le spirituel et les petites choses de la vie quotidienne : telle est la richesse du mystère de notre vie et il ne faut sacrifier aucun de ces deux aspects.
Je voudrais maintenant souligner quelques aspects anthropologiques de mon propos. Premièrement, l’enfant n’est pas directement à l’image de son père ou de sa mère. L’enfant, comme chaque personne humaine, est à l’image et ressemblance de Dieu. Que, bien-entendu, on se reconnaisse plus facilement dans les traits ou la psychologie de tel ou tel de nos enfants ou qu’on reconnaisse dans nos parents les aspects qui nous sont psychologiquement plus proches, on en a tous fait l’expérience. Mais, fondamentalement, il est important d’avoir cette idée en tête. Pourquoi ? Parce que chaque enfant est unique. Chacun d’entre nous n’existe qu’à un seul exemplaire. Cet aspect d’unicité fait qu’il est souhaitable que nous réévaluions la personne de nos enfants, quel qu’âge qu’ils aient. Sous le regard de Dieu chacun d’entre nous est unique. Notre sagesse c’est de nous rapprocher, de nous inspirer de ce regard que Dieu a sur chacun d’entre nous. Donc, nous n’en n’aurons jamais fini d’explorer les richesses des personnalités qui nous entourent. L’éducation étant une relation entre des personnes, il est extrêmement important que nous ayons quelque part au fond de nous-mêmes une sorte d’inquiétude, je dis bien « inquiétude », au sens étymologique du terme… La beauté, la bonté de chaque personne nous fait découvrir un infini et cet infini est la vérité parce que chaque personne est à l’image et à la ressemblance de Dieu. De telle sorte que jamais, nous ne pourrons dire « j’ai fait le tour de cette personne ». Vous voyez également la conséquence psychologique énorme de cette proposition, à savoir que chacun d’entre nous évolue. Il n’y a jamais de cas désespéré sur cette terre. Si nous pouvons être à tel ou tel moment déçus ou blessés par les réactions de telle personne dans nos familles, ça fait partie d’un chemin, et ce chemin nous n’en voyons pas le terme parce que nous ne sommes pas mesure de l’identité profonde des personnes. Si c’est une personne, notre foi nous dit qu’elle jaillit directement du cœur de Dieu. En ce sens là, toute personne est gratuite. C’est un mot auquel je tiens. Pourquoi ? Parce que nous sommes dans un monde qui, intellectuellement, hésite sur le sens du mot gratuit pour des raisons très profondes. Le mot gratuit peut s’interpréter de deux façons. Vous pouvez regarder la gratuité comme ce qui est sans raison c’est à dire absurde. Mais il y a une autre interprétation possible. La gratuité peut renvoyer au fait qu’on parle de ce qui existe en tant qu’il dépend fondamentalement d’un amour gratuit. Et cet amour gratuit, qui est tout-puissant c’est l’amour de Dieu. Mais alors, à ce moment là, le gratuit ce n’est pas l’absurde, c’est le gracieux, ce qui est de l’ordre du don. Et il me semble important qu’on ait la capacité d’accéder à cette compréhension. Nous procédons d’un amour qui est tellement puissant, tellement don, qu’il donne parce que c’est sa gloire et sa joie. Ce n’est pas une réalité d’ordre psychologique ici, c’est une réalité d’ordre théologique. Pour notre fonctionnement psychologique la gratuité est difficile, et il faut se poser la question de savoir quel en est le sens ; l’extraordinaire magnanimité de Dieu, elle, trouve sa joie dans le don précisément et dans les personnes qu’elle fait exister.
En tant que parents nous cherchons à nourrir les différents aspects de la personne de telle sorte que ces personnes soient pleinement elles-mêmes, qu’elles s’épanouissent, et bien-entendu nous voyons que les besoins évoluent en permanence. Je veux dire simplement que les enfants grandissent et les besoins en nourriture changent : nourriture corporelle, nourriture psychologique, et nourriture spirituelle. Mais au-delà de cela, on voit bien également que chacun d’entre nous évolue dans sa démarche. Cette dimension d’une histoire personnelle est évidemment tout à fait essentielle pour qu’on ne se méprenne pas et qu’on ne croit pas qu’il y aurait un petit mode d’emploi tout prêt comme si, en quelque sorte, une fois le bon geste trouvé il n’y avait plus après qu’à le re-dupliquer à l’infini. L’amour est et doit être inventif. Si nos enfants nous éduquent c’est à réinventer indéfiniment les petits moyens au travers desquels nous leurs signifions, avec les moyens qui sont les nôtres, que nous les aimons. Les parents, quel qu’âge qu’ils aient, sont témoins d’un but. Avons-nous bien conscience que, pour nous, vivre avec Dieu dès maintenant, vivre l’aventure de la sainteté, est le sens même de notre vie ? Je me permets de poser la question, avec en arrière-plan cette idée que le mot « sanctification » qui était effectivement présent dans une des questions, doit être bien compris. Ça n’est pas une activité technique de plus, c’est une des dimensions les plus profondes de l’amour humain. Si Dieu plante une graine dans notre âme, la graine de la vie divine, la sanctification c’est l’épanouissement de cette vie divine qui a été plantée en nous au baptême. Notre éducation, qui n’est pas un dressage, est en quelque sorte imprégnée de cette compréhension profonde de la personne. Avons-nous le désir de transmettre ce que nous avons reçu avec la conviction profonde que nous ne sommes pas juges de ce que nous donnons ? Mais, en revanche, rien ne vaut l’exemple. Dans l’un des témoignages de ce matin, j’ai été très nourri et très impressionné aussi par la clarté du propos consistant à dire : nous n’avons pas menti à nos enfants. Je trouve ça magnifique parce que, de fait, il n’est pas si facile de dire toujours la vérité. Cette transparence est sans aucun doute une condition pour que la vie quotidienne soit le plus possible exempte de quiproquos et de malentendus. J’ai employé le mot « exemple » avec une certaine hésitation. Les uns et les autres nous avons du mal évidemment à nous dire que nous sommes des exemples, parce que nous mesurons tous les jours les difficultés qui sont les nôtres et pourtant nos enfants ne peuvent pas ne pas tenter de voir en nous quelqu’un qui a parcouru une partie du chemin. Cette dimension il faut savoir l’assumer. Après tout, le chemin de la vie n’est pas simple et nous le savons bien. Par conséquent, nos enfants cherchent au travers de la vie de leurs parents à tracer progressivement leur chemin et on ne peut pas le leur reprocher. Il y a un embarras face à la vie. L’importance de l’exemple atteste que nous sommes tous des êtres d’imitation. Connaitre pour nous c’est imiter. L’imitation ne suffit évidemment pas mais c’est un bon point de départ. Pensez à cette expérience : l’apprentissage de la langue qui est la nôtre, comment l’a-t-on fait si ce n’est pas imitation, par imprégnation du comportement d’autrui ? Dans ce contexte il convient de nous poser la question de savoir quels sont les gestes au travers desquels nous transmettons notre affection. Ces gestes peuvent-ils parler à l’enfant de telle sorte qu’il puisse les incorporer. Cette dimension très concrète, très charnelle de l’éducation, me semble être une piste extrêmement importante. Rien ne vaut l’exemple. C’est pourquoi tout ce que les parents peuvent donner en termes d’authenticité de leur vie personnelle et chrétienne me semble excellent. Pour ce qui me concerne je conserve très présente l’image de mes parents en prière. Je sens encore sur mon épaule, alors qu’il est décédé depuis bien longtemps, la main de mon père. Ces expériences sont pour moi fondatrices. J’ai dû probablement transmettre à mes enfants un certain nombre de gestes au travers desquels quelque chose d’une affection profonde, paternelle, est passé. L’éducation est affaire de transmission avec tout ce que nous sommes, y compris nos échecs. Ici, dire la vérité, reconnaitre que nous ne sommes pas toujours à la hauteur de notre tâche, c’est aussi une manière de dire à nos enfants « je t’aime, j’essaie d’être attentif à toi dans des circonstances qui sont parfois assez contrariantes ». De toute façon, nous cherchons à être là, témoins de quelque chose de plus grand que nous, dont nous ne sommes pas la mesure. Au fond, si j’avais à synthétiser mon propos, je dirais pour revenir au titre de la conférence de ce matin : dans la famille et dans la vie familiale il s’agit d’une communication sur la vie à tous les sens du terme, ainsi que d’une communion entre les personnes. Ici le mot « communion » indique une attention privilégiée à ce que chacun d’entre nous a d’unique.
Comme le temps tourne, je voudrais pour finir me concentrer sur deux perspectives.
Première perspective : une des dimensions de grandes richesses de la famille est la découverte de la fraternité. La vie familiale nous offre cette possibilité extraordinaire d’avoir des frères et des sœurs au sens le plus immédiat du terme. En politique on nous parle de liberté, égalité, et fraternité, et c’est magnifique, mais il est bon d’avoir fait déjà l’expérience très concrète de la fraternité dans les liens charnels qui sont ceux de la famille. Or un frère ou une sœur, c’est une personne très particulière. Ça n’est pas quelqu’un que j’ai d’abord choisi, mais c’est quelqu’un qui me ressemble. Et ça ne simplifie pas les choses. Dans ce domaine, chacun d’entre nous a son histoire. J’ai eu la chance d’avoir deux frères et deux sœurs. J’avais une sœur ainée extrêmement gentille, et j’avais deux frères cadets mais, avec eux, c’était moins facile. Je garde un souvenir ému de nos bagarres d’enfants mais il en resté une immense affection ! Être frère, c’est aussi une réalité dont on prend progressivement la mesure. Je voudrais me concentrer simplement sur un point : chacun d’entre nous est à jamais un fils ainé, un fils cadet, quelqu’un qui a grandi avec le sentiment qu’il y avait -ou pas- quelqu’un devant lui, qui était plus âgé ou au contraire qui ne l’était pas et cela donne des psychologies en partie différentes ; étant entendu, d’autre part, que sous un autre rapport, la vie apporte à chacun d’autres expériences et permet de se situer autrement et par rapport à d’autres. Mais les relations à l’intérieur de la fratrie sont bien là. On a une extraordinaire richesse à explorer et il me semble que l’on aurait avantage les uns et les autres à explorer ces chemins dans la perspective de la foi. Il y a beaucoup de choses à découvrir. La fraternité est une extraordinaire expérience, facile et difficile, comme toute expérience authentiquement humaine. En dehors de la famille aussi, avec nos amis et nos relations, il y a toujours ce double aspect, c’est avers et ce revers : des facilités d’entrer en communication, et sur tel ou tel point des difficultés. La famille nous fournit comme un premier chantier d’expériences où j’ai telle facilité avec mon frère ou ma sœur, et telle autre difficulté avec parfois la même personne, d’ailleurs ; richesse de la vie familiale, richesse de chaque vie familiale, dont les parents sont les premiers responsables.
Deuxième perspective : la référence aux grands-parents. Notre vie personnelle et familiale ouvre sur une grande profondeur de champ. Des collègues professeurs d’histoire me disent : « Certains des enfants auxquels on enseigne, ont une grande difficulté à entrer dans une perspective proprement historique ». Ils sont capables d’apprendre évidemment, mais la réalité de l’histoire, souvent leur parle peu. Une des raisons de cette difficulté tient au fait que le sens de l’histoire nous est d’abord donné à lire sur le visage. Il y a des personnes plus jeunes que nous et ça se voit, et il y a des personnes plus âgées que nous et ça se voit aussi. Or la famille est ce lieu où tous les visages sont les bienvenus. En disant que la famille est ce lieu, je dis que la famille doit être ce lieu. C’est exigeant et ça demande un effort pour tous, chacun pour assumer sa propre position dans son histoire personnelle et dans cette histoire relative des uns par rapport aux autres. La famille est le lieu où chacun devrait être le bienvenu. Sous le regard des grands-parents, les parents sont des enfants qui ont grandi. Lorsqu’il y a une crise dans la famille, souvent deux générations s’affrontent. Il est bon qu’un adolescent se rende compte du fait que, sous le regard de son grand-père ou de sa grand-mère, son père ou sa mère -qui a l’autorité- est, lui aussi, un fils ou une fille. Autrement dit, l’autorité des parents n’a rien de jupitérien. Elle se transmet avec l’âge comme un témoin, au sens où les coureurs se transmettent un témoin. A un moment donné, il est vrai, c’est une génération qui le tient, mais ça n’est pas pour l’éternité. On reste toujours les parents de ses enfants mais les modalités selon lesquelles on exerce l’autorité varient bien entendu. L’extraordinaire puissance des grands-parents, c’est qu’ils relativisent l’autorité des parents. Quand je dis qu’ils relativisent, je ne suis pas en train de dire qu’ils l’amoindrissent, je dis qu’ils la situent. N’y a-t-il pas là mystérieusement comme une dimension de fraternité ?
Ça me ramène à mon point de départ : nous sommes tous des enfants qui empruntons une route. Cette route est notre vie. Chacun avance à son rythme. Le rythme des parents n’est pas toujours en accord avec celui de leurs enfants. Parfois, celui des grands-parents s’harmonise davantage avec celui des petits enfants. Il faut rendre grâce pour cet accord. Sous le regard, ultime, de Dieu nous sommes tous des enfants. En tant qu’adultes la valeur vraie de notre vie est celle du service. Au total, nous ne savons jamais parfaitement si nous avons réussi notre tâche éducative. Qu’importe ? L’essentiel est de s’y donner avec la conviction qu’il s’agit d’une réalité trop grande pour que nous puissions, dès maintenant, l’embrasser d’un seul regard...