Abraham et l’élection

Chronique de Mgr Renauld de Dinechin : « Dieu a-t-il des préférences ? Voilà une question névralgique dans la culture de l’appel. Notre société égalitaire affirme que tous les êtres humains sont égaux. Elle a raison. Mais ce discours suggère trop facilement qu’en conséquence, Dieu est anonyme. »

Chronique de Mgr Renauld de Dinechin "Abraham et l’élection"

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Chronique "Abraham et l’élection"

Dieu a-t-il des préférences ?

Dieu a-t-il des préférences ? Voilà une question névralgique dans la culture de l’appel. Notre société égalitaire affirme que tous les êtres humains sont égaux. Elle a raison. Mais ce discours suggère trop facilement qu’en conséquence, Dieu est anonyme. Non, la relation à Dieu est tout le contraire d’un processus arbitraire et égalitaire. Elle s’accomplit de manière personnelle. Dans la tendresse.

Dieu a-t-il des préférences ? Avec l’appel d’Abraham, la question est aigüe. « Je ferai de toi un grand peuple - lui dit Dieu -. Ceux qui te béniront, je les bénirai ». Non seulement Dieu choisit Abraham, mais en plus il demande que les hommes bénissent Abraham. Dieu aurait-il des préférences ?

En fait, Dieu aime « tous » les hommes. Et comment faire pour le dire à tous de manière crédible. Peut-il crier du haut du ciel : « je vous aime tous » ? Cela aurait-il changé quelque chose ? Il affute sa méthode : parmi tous, il en choisit un – Abraham. Il le bénit. En disant : « je bénirai ceux qui le béniront ». En vue de tous, Dieu en choisit un. A travers son élu il bénira ceux qui le suivront. Il fit ainsi avec Abraham. Il fit ainsi avec Moïse pour sortir tous les hébreux d’Égypte. Il fit ainsi avec Marie de Nazareth qui par son humilité entraine toutes les générations vers une vie féconde.

[Quelle est ma place dans ce monde ? Ai-je une mission sur cette terre ? Suis-je ici par hasard, ou pour un projet ? « Je me pose une question :- m’écrivait un lycéen - pourquoi est-ce que Dieu m’a choisi pour me mettre sur sa terre ? L’étape de ma vie où j’en suis, représente un tournant. J’ai envie de vivre parce que la vie est un trésor que Dieu nous a offert. Cela m’inspire de faire des gestes pour les gens qui sont pauvres. J’estime avoir de la chance par rapport à d’autres enfants du monde. »]

Au sein d’une société égalitaire, il y a une tentation : c’est de douter d’être quelqu’un d’unique. De douter d’avoir une mission sur la terre. As-tu déjà découvert la mission pour laquelle tu es envoyé(e) sur la terre ? Et il y a deux formes de courage : le courage de croire en sa grâce propre – pour Dieu, je suis quelqu’un d’unique ; et j’ose reconnaitre que je suis sur la terre pour une mission. 2ème forme de courage : accepter l’élection d’un autre. Me réjouir de la vocation de mon prochain. Exactement le contraire de la jalousie.

Année de l’appel (2013-2014)

Culture de l’appel : Chronique audio de Mgr de Dinechin