Face à la souffrance
Chronique de Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire de Paris : « J’ose l’affirmer : le chrétien a reçu une grâce de communion. S’il ne peut pas matériellement voler au secours de celui qui lui tend la main, il ne peut en revanche couper la relation. Le Pape François dénonce la mondialisation de l’indifférence. Nous devons refuser de jouer le jeu de l’indifférence. »
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Chronique La mondialisation de l’indifférence
Diffusée les 20 et 23 juin
Une collégienne m’a confié avec sincérité une question qui habite beaucoup de chrétiens : « Je suis très sensible aux malheurs du monde même si je sais qu’à notre âge, on a tendance à partir dans le superficiel. Je prie souvent pour les malheureux et les pauvres. J’aimerais partir en mission humanitaire et annoncer la Parole de Dieu ». Je voudrais ici saluer les jeunes qui partent en mission humanitaire. Consacrer une ou deux années de sa vie aux autres, au plus démunis, au sein d’une autre culture, c’est un geste puissant pour construire la fraternité universelle.
Que faire quand ce n’est pas l’heure de partir au loin ? Que faire quand notre devoir d’état ne nous permet pas de voler au secours de ceux qui nous tendent la main ? Que faire face à tant de souffrances pour lesquelles on se sent impuissant ? Et démuni ?
J’ose l’affirmer : le chrétien a reçu une grâce de communion. S’il ne peut pas matériellement voler au secours de celui qui lui tend la main, il ne peut en revanche couper la relation. Le Pape François dénonce la mondialisation de l’indifférence. Nous devons refuser de jouer le jeu de l’indifférence. Cette question conduit chacun de nous en un lieu intime de notre personnalité : notre rapport à la souffrance. Aucun de nous n’est spontanément à l’aise avec la souffrance. La souffrance d’autrui ; et aussi ma souffrance propre. C’est plutôt sain !
Mais le Christ introduit un nouveau rapport à la souffrance. St Paul affirme que nous sommes « héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, à condition de souffrir avec lui pour être avec lui dans la gloire ». Pas facile d’interpréter un propos qui remue notre intime rapport à la souffrance et à Dieu. Je me risque à une interprétation : je peux souffrir sans lui – ce que je fais lorsque je refoule les lieux de souffrance – ou bien je peux souffrir avec lui. Car de toute façon cette souffrance est là. La souffrance, soit elle est stérile - et même destructrice -. Soit elle accueillie avec le Christ et devient chemin de la gloire.
La tentation, face à la souffrance, c’est de se durcir. C’est d’occulter. Le chemin, c’est d’ouvrir son cœur. D’ouvrir l’oreille du cœur. Cette écoute intérieure, aussi bien me ma propre souffrance que de la souffrance de mon prochain.