Au MEJ, une pédagogie pour affermir les jeunes dans leur foi

Paris Notre-Dame du 27 mars 2008

Les 29 et 30 mars, les jeunes du « Mouvement eucharistique des jeunes » d’Ile-de- France se retrouveront à Jambville. Encore mal connu à Paris, ce mouvement recèle pourtant des richesses étonnantes. Reportage le 19 mars à St-Ignace (6e), dans une équipe de 10-13 ans.

Le 19 mars, à St-Ignace (6e), des enfants se sont retrouvés en équipes MEJ pour jouer ensemble, réfléchir sur leur vie de foi. Le MEJ ne remplace par le catéchisme, mais permet au jeune de s’approprier sa foi.
© Bénédicte Hériard

Qu’avez-vous fait de beau aujourd’hui ? » Ce sont quatre jeunes apprentis réalisateurs de cinéma, Léa, Marie, Julien et Victor qui vous posent la question. Agés d’une dizaine d’années, ils attendent des réponses pour bâtir le scénario d’un film sur « la beauté du monde ». Le travail s’opère dans l’une des salles de l’église St-Ignace (6e), dans le cadre du « Mouvement eucharistique des jeunes » (MEJ), mouvement pour les jeunes de 7 à 21 ans qui vise à les accompagner dans leur apprentissage de la vie, sur le plan humain et spirituel.

On tourne !

« Qu’a-t-on répondu à votre question ? », lancent deux animatrices, Laure et Fanny. Les enfants cherchent dans leur cahier ou trifouillent dans leur mémoire quand le cahier a été oublié... On nous a répondu : « “Je me suis occupée de mon mari et j’ai transmis l’amour de la musique à mes élèves”, a dit mon prof. de piano ». « “Je suis heureuse avec la famille et les amis, et lorsque je sens Dieu près de moi”, a dit ma sœur. » « Mon bonheur ? Ta naissance, celles de ta sœur et de ton frère. » Autour de ces réponses se poursuit la construction d’un court scénario.

Voilà un exemple d’activité que propose le MEJ, sur le thème d’année du Mouvement : « Toi l’artiste, fais jaillir les couleurs de ta vie, poursuis l’œuvre de Dieu et sa beauté resplendira ! » Le jeu n’est pas une fin en soi. Au MEJ, toute activité est l’occasion de vivre en équipe, d’accueillir la différence, de s’engager dans l’Eglise et dans le monde.

Relire sa vie

Au centre de la table, trône une « caméra » en carton qui a la particularité de s’ouvrir. A l’intérieur, s’y trouvent des feuilles de papier sur lesquelles est racontée, en mots et en dessins, la vie de l’équipe. Cette caméra un peu spéciale n’est pas le fruit du hasard. Par le jeu, les animateurs entendent aider les jeunes à « relire » leur vie d’équipe et personnelle, selon la démarche inspirée de saint Ignace : regarder, relire, choisir. Cette démarche est adaptée à chaque âge : à 7 ans, il s’agit de se souvenir ; à l’adolescence, le jeune apprend à regarder sa vie et à faire des choix libres.

Ce soir, Léa, Marie, Julien et Victor doivent se rappeler ce qu’ils ont fait pendant les vacances de février. Chacun prend son cahier – appelé « mémento » au MEJ – pour faire le point. « Vous avez cinq minutes pour écrire là où vous en êtes à la fin du carême, annonce Laure. Quand vous relirez votre mémento en fin d’année, vous aurez toute l’évolution. » Après deux, trois fous rires des filles, très en forme ce soir-là, le silence se fait.

Consolider la foi

Une grille de mots mêlés est ensuite proposée aux enfants. Elle comporte des termes très utilisés pendant le carême. Objectif : comprendre les Ecritures puis, peu à peu, faire sienne la foi catholique. Ces activités ne remplacent pas le catéchisme. « Notre but est de consolider la vie spirituelle et d’aider les jeunes à faire le lien entre leur vie et leur foi », souligne Bernard Depouilly, président du MEJ. Pour cela, les jeunes travaillent à partir de la Parole de Dieu. « Nous essayons de voir comment elle peut nous orienter dans notre vie », ajoute Marie-Odile, responsable du MEJ à Paris.

La rencontre des jeunes se termine par la prière. Les animatrices ont disposé des bougies au pied de la croix. Victor les allume. Puis tous se rassemblent pour prier. Tisser une relation avec Dieu est au cœur de la démarche du MEJ.

Guitare

Tous repartent le cœur léger avec, dans les sacs, une invitation pour un rassemblement diocésain, le 18 mai (lire l’encadré). Les rencontres diocésaines, régionales, nationales de jeunes de tous âges, ainsi que les camps d’été sont essentiels dans la démarche pédagogique du MEJ. Ils permettent aux jeunes de sortir du confort de leur équipe MEJ, de célébrer l’Eucharistie ensemble, dans la joie.

Le MEJ insiste pour que les jeunes collaborent activement à la messe, pour s’en nourrir. Ils participent par exemple à la procession des offrandes. « Chacun apporte le fruit de son travail, ou un objet qui a du sens : guitare, mémento... Ils présentent au Seigneur ce qu’ils sont. »

Voilà des expériences qui donnent sens à l’intuition du MEJ : « A la suite du Christ, le chrétien est appelé à recevoir et à donner sa vie gratuitement afin d’être tout entier pour et avec les autres. C’est ainsi qu’il entre dans l’attitude d’offrande du Christ dans l’Eucharistie. » • Bénédicte Hériard

Au MEJ, on aime les grands rassemblements

« Les 29 et 30 mars, les jeunes du MEJ Ile-de-France, âgés de 10 à 18 ans sont conviés à un week-end régional à Jambville (Yvelines). Chaque tranche d’âge approfondira sa foi à partir d’un thème. Les enfants de 10 à 13 ans s’amuseront autour du cinéma ; les 13-15 ans réfléchiront sur le thème « Enflamme-toi pour Lui... Il s’enflammera pour toi ! » Quant aux 15-18 ans, ils se pencheront sur le thème « Parta-gESte de Fraternité ». Au programme de ce week-end, grands jeux, ateliers, veillée, témoignages, prière... Dimanche 18 mai, tous les membres du MEJ de Paris, de 7 à 21 ans, sont invités à un rassemblement diocésain à « Alésia Jeunes », 16 rue du Moulin Vert, dans le 14e. Ils peuvent y inviter leurs amis, même s’ils ne sont pas engagés au MEJ. Le rassemblement sera axé sur le thème d’année du MEJ : « Toi l’artiste, fais jaillir les couleurs de ta vie, poursuis l’œuvre de Dieu et sa beauté resplendira ! » Ateliers, spectacle, et Eucharistie sont au programme.

Elles témoignent

Marie-Odile, responsable du MEJ à Paris
« Au MEJ, avec l’aide des animateurs, je me suis appropriée la foi que mes parents m’avaient transmise pour ensuite aller de l’avant. Ma prière est devenue personnelle, elle est devenue un plaisir et un besoin. J’ai appris à lire la Parole de Dieu et à voir comment elle résonnait en moi ; j’ai appris à faire le lien entre cette Parole de Dieu et ma vie. Je me suis aussi fait des amis, qui me sont restés très proches. »

Laure, étudiante, animatrice MEJ à Paris
« Au MEJ, je me souviens que nous avions monté un spectacle dans une maison de retraite. L’idée était de mettre un peu de jeunesse et de vie dans cette maison. Au MEJ, j’appréciais aussi beaucoup la « relecture de vie » ; j’ai gardé le cahier dans lequel je relatais ma vie de foi. Adolescente, j’ai apprécié la liberté avec laquelle nous pouvions nous exprimer en équipe. Nous pouvions nous montrer tels que nous étions et partager nos questions en vérité, dans la confiance. »

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