Bénédiction du coq de la flèche de Notre-Dame de Paris
Le samedi 16 décembre 2023, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, a béni le coq, dans lequel sont scellés les reliques de saint Denys, sainte Geneviève, un fragment de la couronne d’épines du Christ et les noms des personnes ayant œuvré à la reconstruction.
Il a ensuite été disposé au sommet de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cette célébration s’est déroulée au chevet de la Cathédrale, centre de la base-vie du chantier.
Au lendemain de l’incendie, l’ancien coq avait été retrouvé parmi les décombres. Il avait été posé en 1859 et restauré en 1935, contenant déjà les reliques qui sont demeurées intactes. Le nouveau coq a été dessiné par Philippe Villeneuve et a été posé à 96 m de hauteur.
Le coq est l’animal connu pour être le premier à annoncer le lever du soleil par son chant. Il symbolise la vigilance (celui qui guette la venue de l’aurore) et l’annonce de la Résurrection de Jésus-Christ au matin de Pâques, la victoire de la vie sur la mort, la lumière qui chasse les ténèbres. Placé au sommet des clochers, il indique la direction du vent et de la tempête, en lui faisant face. Le coq des clochers n’est pas un symbole français, puisqu’on le trouve également dans d’autres pays d’Europe, depuis le IXe siècle.
Avant d’entrer dans le temps de prière, M. Philippe Jost, président de l’Établissement Public « Rebâtir Notre-Dame » et M. Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques, ont remis ce coq à l’archevêque de Paris, affectataire de la cathédrale. Un tube scellé y a été déposé, contenant un document sur lequel figurent les noms de tous ceux qui ont participé à cette reconstruction, soit près de 2000 noms.
Déroulement de la célébration
- Le recteur de la cathédrale, Mgr Olivier Ribadeau Dumas, proclame l’Évangile qui a été choisi par Mgr Laurent Ulrich. Il s’agit du récit de la résurrection du Christ dans l’Évangile de saint Marc. Ce texte a été choisi en lien avec la symbolique évoquée ci-dessus. Mgr Laurent Ulrich commente cet Évangile en lien avec l’événement que représente cette bénédiction et le placement du coq au sommet de la flèche.
- Quelques personnes liront des intentions de prière
- Mgr Laurent Ulrich prononce la prière de bénédiction
- Il asperge le coq avec de l’eau bénite
- Il place dans un deuxième tube scellé les reliques de saint Denys, sainte Geneviève, un fragment de la couronne d’épines du Christ et le procès-verbal récapitulant l’événement.
Dans la foi catholique, les reliques des saints rappellent leur réalité historique. Elles rappellent également la communion spirituelle et l’intercession de ceux que les chrétiens croient vivants dans la vie éternelle. Dans le coq situé au sommet de la cathédrale, à 96 mètres de hauteur, ils « veillent » sur Paris.
Saint Denys est le premier évêque de Paris. Grégoire de Tours raconte que le pape avait envoyé Denys en Gaule avec six autres évêques pour y annoncer l’Évangile. Denys se fixa à Lutèce vers 250, et y subit le martyre sous la persécution de l’empereur Dèce (250-251) ou celle de l’empereur Valérien (258) sur une colline proche de Lutèce qui recevra plus tard le nom de Montmartre (le mont des martyrs). Saint Denys est le saint patron de l’Église de Paris.
Sainte Geneviève naquit à Nanterre en 420. Consacrée à Dieu, elle eut un grand rayonnement dans la cité. Elle prit l’initiative de faire ériger une basilique dédiée à saint Denys (sur le lieu de l’actuelle basilique de la ville de Saint-Denis). En 451, elle réconforta le peuple effrayé par la menace que faisait peser Attila sur la vallée de la Seine. Plus tard, elle sauva les Parisiens de la famine en allant chercher des vivres jusqu’en Champagne. Elle mourut vers 500 et fut inhumée sur la colline située au sud de la Cité et qui porte aujourd’hui le nom de « Montagne Sainte-Geneviève » (5e arrondissement). Sainte Geneviève est la sainte patronne de la ville de Paris.
La couronne d’épines (Sainte Couronne) est celle dont le Christ fut revêtu au cours de sa Passion, en signe de moquerie [1]. Achetée par saint Louis (Louis IX) en 1238, elle fut conservée dans la Sainte-Chapelle. Depuis 1806, elle est présente dans le trésor de Notre-Dame. Elle est proposée à la vénération des fidèles du monde entier au cours des vendredis de carême et le Vendredi saint.
Le procès-verbal a été calligraphié et illustré à la main. Il est établi en deux exemplaires signés de la main de l’archevêque, le deuxième étant conservé aux archives du diocèse de Paris et sera présenté au cœur du Trésor de la Cathédrale. Il est introduit par une formule latine : « A fulguri et tempestate et omni malo libera nos Domine » (De la foudre, de la tempête et de tout mal, délivre-nous Seigneur). La deuxième phrase introductive est une citation du Psaume 129 : « Mon âme attend le Seigneur plus qu’un veilleur ne guette l’aurore ».
Qu’est-ce qu’une bénédiction ? (Du latin bene dictio : dire du bien). Dans la foi chrétienne et dans la foi juive, Dieu bénit l’humanité (il accompagne son chemin) et les croyants bénissent Dieu (ils proclament la bonté de Dieu). Pour les catholiques, invoquer la bénédiction de Dieu sur des objets signifie que l’usage honorable des biens de ce monde peut être orienté vers la sanctification de l’homme et la louange de Dieu. Ici, la prière de bénédiction est accompagnée par l’aspersion d’eau bénite. Lors de la bénédiction de la croix de la flèche (mercredi 7 décembre 2023), c’est l’encens qui avait accompagné la prière, en signe de vénération et d’honneur.
Au cours de cette célébration sont chantés l’Alléluia (mot hébreux signifiant « Loué soit le Seigneur »), la litanie des saints et le Magnificat. Les chants seront dirigés par un chantre de la Maîtrise Notre-Dame de Paris.
Textes et prières
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 16,1-7)
Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus. De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au tombeau dès le lever du soleil. Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » Levant les yeux, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande. En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de frayeur. Mais il leur dit : « Ne soyez pas effrayées ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé. Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.” »
– Pour ceux et celles qui depuis des semaines, des mois et des années ont œuvré pour le relèvement de notre cathédrale ; pour leurs familles et leurs proches, afin qu’à l’intercession de Notre Dame, tu ne cesses de les accompagner sur le chemin de la vie, Seigneur nous te prions.
Seigneur écoute-nous, Seigneur exauce-nous.
– Pour tous les habitants de notre ville de Paris, particulièrement pour les malades, pour les personnes isolées, pour les exclus ; pour qu’à l’intercession de saint Denys et de sainte Geneviève, tu nous aides à tisser entre nous des liens d’amitié et de service, pour que tu fasses de nous des artisans de paix et des témoins de ta bonté, Seigneur, nous te prions.
Seigneur écoute-nous, Seigneur exauce-nous.
– Pour toutes les personnes venant du monde entier qui entreront dans Notre-Dame de Paris : afin qu’elles puissent y rendre grâce pour leurs joies et y confier leurs peines ; pour ceux et celles qui y recevront la grâce de tes sacrements, Seigneur nous te prions.
Seigneur écoute-nous, Seigneur exauce-nous.
– Pour notre monde qui semble privé d’espérance : que brille sur nous la lumière de la Résurrection, Seigneur nous te prions.
Seigneur écoute-nous, Seigneur exauce-nous.
Seigneur, regarde notre peuple et tout ce qu’il consent pour restaurer une demeure digne de toi. Bénis ce coq, symbole du veilleur annonçant l’aurore et le jour de la Résurrection, reflet de la lumière qu’est le Christ. Il nous ouvre à la dimension du monde regardant les quatre points cardinaux, de l’est à l’ouest, du nord au sud. Il nous ouvre à la dimension universelle de l’Église. Il nous rappelle que nous sommes fragiles comme saint Pierre. C’est pourquoi nous t’implorons : viens au secours de notre faiblesse. Donne-nous le courage de nous ressaisir. Fortifie-nous, alors nous repartirons chaque matin plein de confiance et d’espérance à la rencontre des hommes et des femmes qui partagent notre vie en cette ville et dans cette cathédrale. Et nous le bénissons : Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen.
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