Extrait du discours de clôture du cardinal André Vingt-Trois lors de l’Assemblée Plénière des évêques de France, le 9 novembre 2011
« Faisons de notre recherche d’un développement durable un vecteur de notre volonté de partager les biens de la terre entre tous les hommes. »
« L’Écologie et l’environnement est un thème sur lequel nous travaillons depuis deux ans. Au cours de cette assemblée nous avons approfondi notre réflexion sur la responsabilité de l’homme à l’égard du monde dont il a reçu la gérance. Contrairement à certaines visions catastrophistes qui dépeignent l’homme comme le principal ennemi de la nature, nous vivons dans la confiance. Nous savons que les comportements humains peuvent compromettre ou même détruire des équilibres fragiles de l’univers. Mais nous croyons aussi que l’humanité est dotée des moyens de surmonter de grandes difficultés. Elle l’a montré dans le passé. Elle peut encore le faire dans l’avenir. Cela dépend de notre capacité à maîtriser l’usage que nous faisons des biens dont nous disposons. Cela dépend aussi de notre capacité à ouvrir notre réflexion au-delà de nos débats hexagonaux. Ne laissons pas croire que le souci de l’environnement serait un esthétisme de luxe pour pays développés. Faisons de notre recherche d’un développement durable un vecteur de notre volonté de partager les biens de la terre entre tous les hommes. La responsabilité à l’égard de l’environnement est aujourd’hui indissociable de la crise dans sa dimension universelle.
L’accident nucléaire consécutif au raz-de-marée japonais a donné une acuité particulière au débat sur les centrales nucléaires dans nos pays avec des enjeux économiques et politiques dont nous avons bien conscience. Nous souhaitons que la réflexion sur les choix à venir dépasse chez nous le niveau de la surenchère électorale. Il n’est pas certain que les informations nécessaires soient totalement fournies, si elles ont été sérieusement établies et vérifiées. Quelles seraient les énergies alternatives ? Seraient-elles réellement moins polluantes ? Pour combien de temps et à quel prix ? Qu’en est-il dans les pays émergents à très fortes populations et dont le développement économique suppose une forte consommation d’énergie ? Autant de questions sur lesquelles il serait intéressant d’avoir des réponses. En tout cas, la raréfaction des sources d’énergie non-renouvelable nous acculera à des choix de consommation. Lesquels ? Nul n’ignore que, derrière l’angoisse nucléaire, rôde la question des armes atomiques, de leur dispersion et de leur dangerosité. Où en sommes-nous de la régulation internationale dans ce domaine ?
Si l’écologie est une œuvre spécifiquement humaine qui ressortit à la responsabilité singulière de l’homme dans l’univers, elle doit être aussi une œuvre au service de l’homme. Elle est un des éléments du développement intégral de l’homme comme le Saint Père l’a rappelé à plusieurs reprises. L’écologie au service de l’homme n’est pas un vague naturalisme, c’est un engagement pour défendre la qualité de la vie des hommes. La qualité de la vie de tous les hommes, la qualité de vie de tout l’homme dans toutes les dimensions de son existence, non seulement physique, mais aussi psychique, morale et spirituelle. C’est dans cette ampleur que se déploie l’implication des chrétiens dans la défense de la vie. »