Patrice de Plunkett : porte-parole du respect de la Création
Paris Notre-Dame du 30 avril 2015
Journaliste, blogueur, écrivain, Patrice de Plunkett fait entendre sa voix sur l’écologie depuis 2008. Ses prises de position faites « haut et fort » témoignent d’une espérance que se lève une génération qui protège la Création comme un bien inestimable.
« Ma femme dirait que je suis fatiguant », lâche Patrice de Plunkett dans un sourire. Fatiguant, peut-être pas, mais infatigable défenseur de l’écologie, certainement. À plus de soixante ans, ce journaliste, ancien directeur du Figaro Magazine, n’a pas abandonné l’écriture et l’investigation en passant à la retraite. Au contraire. Il tient un blog chrétien documenté et influent, notamment sur l’écologie [1], intervient sur ce thème dans des conférences et écrit livres et articles pour fonder dans le texte biblique l’urgence d’une action en faveur de l’écologie [2].
Il ne s’est pourtant intéressé au sujet que tardivement, après sa conversion au catholicisme en 1985, à Paray-le-Monial : « J’ai retrouvé la foi après vingt ans d’athéisme », raconte-t-il. Et avec la redécouverte de sa foi, il découvre également les écrits de Jean-Paul II sur l’écologie, qui lui font vivre une véritable prise de conscience. Une lecture en amène une autre : progressivement, il découvre et maîtrise parfaitement les écrits des papes sur cette question, dont ceux de Benoît XVI qui l’interpellent par leur radicalité et leur vigueur. C’est tout son regard sur le monde qui s’en trouve changé. Libéré de ses obligations de directeur de magazine à la fin des années 90, il développe alors une réflexion très critique à l’égard de l’ultralibéralisme et du « mythe de la croissance », et relie la crise écologique que connaît la planète à son organisation économique.
Pour lui, cette réflexion et ce travail d’information ne sont qu’une façon « d’accomplir son devoir d’état de journaliste » mais aussi de disciple du Christ : « Le chrétien ne peut avoir la même relation avec le monde qu’un disciple du dieu Argent, qui participe à la dé-création », explique-t-il. La dé-création, c’est toute action qui stérilise la nature ou la détruit en la rendant artificielle. Ses conséquences sont terribles : « Si nous ne modifions pas le modèle écologique actuel, les peuples pauvres de l’hémisphère Sud vont vivre des catastrophes. Il provoquera des sécheresses, des submersions de territoire et des migrations de masse. Les nonces apostoliques ont expliqué toutes ces conséquences lors de la conférence de Copenhague ! [3] » Pas question d’y voir là une question secondaire qui passerait après les questions éthiques. L’écologie est au contraire une façon globale d’envisager les défis auxquels les contemporains sont confrontés, tant du point de vue des ressources naturelles, des équilibres politiques, de la justice économique et sociale que du respect des structures naturelles comme la famille.
Patrice de Plunkett est un homme passionné. Grand amateur de Georges Bernanos et de Léon Bloy, il manierait volontiers l’invective, s’il ne savait qu’elle n’est pas le moyen le plus pédagogique pour se faire comprendre. Alors il préfère argumenter sans se lasser et soutenir les initiatives novatrices comme le jeune réseau « Chrétiens, changeons » (Clermont-Ferrand), qui prône une société de la sobriété. Conscient que le premier théâtre à conquérir est celui de l’opinion publique, qui seule peut faire basculer un système néfaste, il plaide sans se lasser pour une alliance entre hommes de bonne volonté, qu’ils soient catholiques ou appartenant à des mouvements écologiques prônant le respect du vivant. • Pauline Quillon
À votre tour d’agir ?
Agir en faveur de l’écologie, selon Patrice de Plunkett, c’est tout d’abord accepter d’être lucide sur les dégâts de notre système économique et sur l’écologie entendue comme responsabilité de l’homme envers le reste de la Création. Il faut ensuite s’informer sur ces questions, et relayer l’information, y compris sur les réseaux sociaux. Enfin, il est pertinent de susciter des réunions- débats dans les paroisses pour éveiller la conscience des catholiques.
[2] L’écologie de la Bible à nos jours - Pour en finir avec les idées reçues, L’Œuvre, 2008. Cathos, écolos, mêmes combats ?, éd. Peuple libre, mai 2015.
[3] En 2009, Benoît XVI a plaidé en vain pour que les États signent des accords internationaux contraignants en faveur de l’environnement.