Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe de rentrée de la Maison Saint-Augustin
Lundi 25 septembre 2023 - Maison Saint-Augustin (12e)
– 25e Semaine du Temps Ordinaire – Année A
- Esd 1, 1-6 ; Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 ; Lc 8, 16-18
Il est bien clair qu’il s’agit de la Bonne Nouvelle de l’Évangile qui doit être posée comme une lampe sur le lampadaire pour que l’on voie la lumière, que l’on soit éclairé. Il est bien clair que Jésus parle de cette Bonne Nouvelle dont il est porteur. Nous sommes dans des chapitres de l’Évangile où il n’est pas encore question des oppositions, pas encore, de façon forte, des oppositions qui sont levées, par les uns et par les autres, contre l’Évangile qu’il annonce. Il est à ce moment où il apporte l’Évangile comme une lumière pour la vie de tous et comme une généreuse ouverture au mystère de la vie, don de Dieu et grand bienfait apporté à l’humanité tout entière. On met la lampe sur le lampadaire pour que ceux qui entrent voient la lumière et surtout voient aussi grâce à la lumière.
Je crois qu’il y a ici quelque chose qui nous presse, qui nous invite très fortement à être les porteurs de cette Bonne Nouvelle : c’est que nous savons qu’elle est faite pour tous, qu’elle n’est pas simplement réservée à des initiés. Ce que nous croyons, nous le croyons vraiment comme un don apporté à l’humanité tout entière. A travers un certain nombre d’événements que le Seigneur place dans nos existences - et c’est pour cela que Jésus réagit comme il réagit à ce moment de l’Évangile - il sait toute la joie qu’il peut y avoir à ouvrir les cœurs, à des dimensions de la vie qui ne sont pas encore bien clairement vécues. Et la première lecture que nous venons d’entendre est une belle illustration de cela. Nous avons entendu ce récit par lequel l’auteur du Livre d’Esdras énonce que la foi d’Israël est ouverte à comprendre que même un roi étranger est capable d’agir suivant la motion, ou suivant l’intuition que Dieu, le Dieu d’Israël, est capable de mettre dans son cœur et dans son intelligence : « Le Seigneur inspira Cyrus, roi de Perse. » Et ce n’est pas rien : c’est là que se trouvait bloqué le peuple de Dieu, et tout d’un coup il comprend, ce peuple, que Dieu se sert même de quelqu’un qui n’est pas de ce peuple pour accomplir sa volonté. Et je suis très frappé de la conclusion, une fois que l’on a compris ce que Cyrus demande, de retourner à Jérusalem, pour le peuple qui était en captivité : retourner à Jérusalem pour rebâtir la maison de Dieu. Et la conclusion de ce texte c’est que les chefs de famille de Judas et de Benjamin, les prêtres et les lévites, bref, tous ceux à qui Dieu avait inspiré cette décision se mettent en route parce qu’ils ont décidé de suivre l’ordre que leur a donné ce roi qui n’est pas de leur peuple mais qui était celui sous lequel ils devaient vivre en dehors de leur terre. Cette deuxième mention, qui montre que les chefs du peuple sont capables de comprendre que Dieu a fait appel à quelqu’un d’étranger pour réaliser sa volonté, est évidemment un moment extrêmement important de la vie du peuple de Dieu. Et bien c’est la lumière qui se fait, peu à peu, dans le cœur de Cyrus et dans son intelligence, mais aussi dans le cœur des chefs de famille, des prêtres et des lévites. Peu à peu ils comprennent comment Dieu agit.
Au seuil de cette année, jeunes qui êtes dans cette maison Saint-Augustin, et tout au long de cette année, vous êtes invités à faire cette lumière et à laisser pénétrer cette lumière en vous et à comprendre que, de multiples façons, Dieu va ouvrir le chemin pour vous et vous faire percevoir comment il agit à travers les événements de vos existences, à travers les événements de la vie de l’Église, à travers les événements de la vie du monde, à comprendre quel est le meilleur service pour vous. Et cela s’adresse à chacun d’entre nous aussi : quel est le meilleur service pour chacun d’entre nous pour vivre selon la volonté du Seigneur ?
Que le Seigneur nous donne cette lumière et nous ouvre à sa façon d’agir, à sa liberté à notre égard, et à l’égard du monde tout entier.
+Laurent Ulrich, archevêque de Paris