Homélie de Mgr Laurent Ulrich – Messe durant la Rencontre fraternelle du Presbyterium
Lourdes – Lundi 13 novembre 2023
– Voir le compte-rendu de la Rencontre fraternelle du presbyterium de Paris.
– Lundi, 32e semaine du Temps Ordinaire — Année Impaire
– Sg 1, 1-7 ; Ps 138 (139), 1-3, 4-6, 7-8, 9-10 ; Lc 17, 1-6
Le passage d’Évangile que nous venons d’entendre, et aussi d’ailleurs le passage du Livre de la Sagesse, ressemblent à une collection de préceptes qui sont mis les uns au bout des autres comme cela arrive assez régulièrement dans l’Évangile, et parfois on ne voit pas tout à fait le lien entre tous : le scandale, le pardon donné sans cesse et la foi dans l’Évangile, et puis la recherche de la justice dans le Livre de la Sagesse, les pensées tortueuses qui éloignent de Dieu, la sagesse qui est amie des hommes et qui est l’Esprit du Seigneur lui-même.
Le pardon énoncé sans cesse et donné aussi souvent qu’il est nécessaire, c’est fait pour avancer dans l’existence. Le scandale, c’est ce qui empêche d’avancer sur le chemin, c’est la pierre qui vous fait buter et qui empêche de trouver le chemin du Seigneur. Mais voilà que dans ces deux lectures, il y a une sorte d’unité autour de la foi, autour de la recherche de Celui qui nous aime, autour du chemin qu’il s’agit de faire dans l’existence à l’appel du Seigneur.
Nous avons entendu aujourd’hui, nous l’avons déjà entendu redire, cette parole de la Vierge Marie à Bernadette : « Me ferez-vous la grâce de venir jusqu’ici, en ce lieu ». Nous avons entendu cet appel : vous, les pèlerins qui êtes ici ; vous, les prêtres pèlerins aussi, du diocèse de Paris ou en service dans le diocèse de Paris. Nous avons entendu cet appel. Vous, les prêtres, vous avez répondu à l’invitation de votre archevêque mais en réalité, tous ensemble, nous avons répondu à l’appel de la Vierge Marie, qui nous dit : « Venez ici et allez sur le chemin qui mène, avec mon Fils, jusqu’au Père ». C’est la démarche même de la foi que nous vivons jour après jour.
Puisque je m’adresse aux pèlerins de Paris, prêtres, prêtres de ce diocèse, prêtres en service dans ce diocèse, prêtres de Paris en service dans d’autres diocèses aussi, prêtres religieux, prêtres d’autres diocèses venus participer à la vie pastorale et à l’engagement pastoral dans le diocèse de Paris, je voudrais redire comment nous voulons vivre ce temps que nous avons d’abord voulu être un temps fraternel entre nous : trouver la joie d’être prêtres ensemble, trouver la joie de constituer le presbyterium de Paris. Parce qu’un prêtre n’est jamais tout seul : un prêtre est, avec les autres et autour de son évêque, signe de cette recherche permanente de ce désir d’aller à la rencontre de Celui qui fait le premier pas vers nous.
Nous ne sommes pas là pour nous montrer, nous ne sommes pas là pour faire une sorte d’acte d’identité, pour nous manifester comme un corps puissant. Mais nous sommes là pour retrouver ce qui fait l’unité de notre existence : le ministère auquel nous avons été appelés et qui aujourd’hui nous amène en ce lieu, avec tant de millions d’autres pèlerins au cours de l’année.
Nous sommes là pour nous souvenir que ce qui fait l’unité de notre vie, c’est bien la recherche de Celui qui nous aime, c’est bien de montrer ensemble que, tout dispersés que nous puissions être les uns et les autres par la vie – et nous dans notre ministère, chacun dans notre quartier, chacun dans notre mission – tous ensemble nous sommes d’abord, à l’appel de Dieu, faits pour prier pour que l’annonce de l’Évangile soit entendue et féconde, prier pour le peuple que Dieu aime. Qu’il puisse marcher d’un pas assuré sur le chemin qui l’approche de Dieu, qu’il y découvre la source de tout amour et de toute paix.
C’est le premier geste que nous faisons, les uns et les autres, de prier pour vous, peuple de Dieu, de prier avec vous, peuple de Dieu. Pour marcher ensemble, avec le Christ, à la rencontre du Père, dans la force de l’Esprit, sachant que, sur le chemin, nous sommes accompagnés par la Vierge Marie et par l’humilité de sainte Bernadette : « Voulez-vous me faire la grâce de venir en ce lieu ? »
Nous sommes venus aussi pour montrer que ce qui nous motive, c’est la charité pour le peuple de Dieu, l’amour intense qui ne veut pas faire des remontrances au peuple de Dieu, mais l’aider, faire en sorte qu’il puisse marcher, faire en sorte que rien dans notre témoignage ne puisse contredire, ne puisse arrêter ce chemin. Mais au contraire, par la parole et par l’action, par tout ce que nous entreprenons, par les initiatives pastorales auxquelles nous nous dédions avec les responsables qui partagent notre charge dans le peuple de Dieu, nous sommes venus pour dire que, priant pour le peuple de Dieu, nous voulons lui manifester l’amour et la miséricorde que le Seigneur veut lui signifier.
Et nous sommes venus enfin pour nous souvenir que notre témoignage passe, en effet, par la parole et par l’action. Par ce que nous disons et ce que nous faisons. Que le Seigneur, en ce lieu, nous permette de retrouver la centralité de Son amour pour tous. Que dans notre ministère, les plus pauvres, les plus éloignés du chemin, ceux qui sont plus fragiles et qui marchent plus lentement, les personnes malades et les personnes porteuses de handicap, les étrangers, les oubliés, les petits, soient premiers et qu’ils ne puissent pas ne pas trouver place dans notre Église. Que le Seigneur nous fasse retrouver cette tendresse qu’Il veut faire partager à tous. Qu’Il nous donne, en ce lieu, la force, l’intelligence, le courage qui nous sont nécessaires pour avancer et faire avancer avec nous ceux qu’Il aime.
Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris