Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe du 4e dimanche de l’Avent à la Maison Marie-Thérèse
Dimanche 24 décembre 2023 - Maison Marie-Thérèse (14e)
– 4e dimanche de l’Avent – Année B
- 2 S 7, 1-5.8b-12.14a.16 ; Ps 88, 2-3, 4-5, 27.29 ; Rm 16, 25-27 ; Lc 1, 26-38
Nous voici arrivés, enfin presque, nous y serons demain. Mais nous sommes déjà dans la maison de Marie, là où l’ange vient la rejoindre de la part de Dieu. Cette maison n’est pas encore habitée complétement par cette présence de Dieu mais elle est déjà habitée par la Parole de Dieu. C’est déjà une maison de la Parole de Dieu. Nous connaissons bien des tableaux de grands maîtres où nous voyons la Vierge Marie recevant la visite de l’Ange. Elle semble toute paisible. Je pense à cette phrase de la grande prière de sainte Élisabeth de la Trinité : « immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l’éternité. » Voilà comment se trouve être la Vierge Marie entendant cette salutation qui la réjouit et l’inquiète à la fois. Mais nous connaissons aussi d’autres œuvres d’art, en général plutôt des sculptures, mais quelquefois aussi des peintures, de l’éducation de la Vierge. Sainte Anne aidant la Vierge Marie, qui a un livre posé sur ses genoux, non pas tant à déchiffrer l’alphabet et à apprendre à lire comme on le fait à l’école, mais à décrypter, à découvrir le sens de la Parole de Dieu qui lui est adressée, à la lecture même et à la méditation de l’Écriture biblique. En effet, la maison de Marie est une maison de la Parole de Dieu.
Nous voici donc arrivés à la maison, qui est aussi la maison dans un autre sens. C’est une maison qui n’a pas forcément l’air très solide, nous le verrons à la crèche demain. C’est une maison où Dieu habite provisoirement. Mais cette maison demeure avec nous et nous suit tout au long des jours que nous vivons. C’est une maison que Dieu construit pour nous, comme dit le prophète Nathan à David : ce n’est pas toi qui me construira un beau temple dont les belles pierres suscitent l’admiration, c’est moi qui vais te construire une maison qui est ta descendance. C’est donc une maison que l’on porte avec soi-même tous les jours, la maison d’une famille, la maison d’une descendance où l’on fait confiance à Dieu, où l’on fait confiance à la volonté aimante de Dieu. C’est ce que promet le prophète à David : une descendance fortement ancrée sur la confiance en moi, dit Dieu, la maison de la volonté de Dieu qui s’inscrit dans nos vies.
Et nous voici rendus à la maison, c’est la maison de l’accueil de la volonté de Dieu, de la volonté aimante de Dieu. La Vierge Marie l’exprime à la fin de ce passage : « Qu’il me soit fait selon ta parole ». C’est la maison du service de la volonté de Dieu dans laquelle nous entrons le mieux possible chaque jour. Nous accueillons sa Parole, nous comprenons sa volonté d’aimer de génération en génération, et nous essayons d’entrer dans cette volonté.
Voilà la maison dans laquelle nous sommes. Qu’elle nous accueille, qu’elle soit une maison faite non pas de belles pierres mais du désir humain de répondre à l’amour de Dieu.
+Laurent Ulrich, archevêque de Paris