Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe lors de la journée du presbyterium du diocèse de Paris à Saint-Honoré d’Eylau

Mardi 14 mai 2024 - Saint-Honoré d’Eylau (16e)

– Fête de saint Matthias

- Ac 1,15-17.20-26 ; Ps 112,1-8 ; Jn 15,9-17

Nous entendons une nouvelle fois cette indication que le Seigneur nous rappelle : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis pour que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure ». Nous avons toujours besoin de nous le rappeler. Cela fait allusion à ce que nous lisons dans chacun des évangiles de l’appel des premiers disciples, devenus des apôtres du Seigneur. Cet appel, spécialement dans l’évangile de saint Jean, en cascade, André appelle Simon, Philippe appelle Nathanaël, manifeste que c’est à chaque fois le Seigneur lui qui a appelé. De Simon il changera le nom, et à Nathanaël il dit : « je te connaissais, je t’ai vu sous le figuier avant que Philippe t’appelle ». Et même si les tout premiers sont deux, parmi lesquels André qui voit le Seigneur aller et venir et vouloir le rejoindre, il leur dit : « Venez et vous verrez », manifestant ainsi que dans toute démarche vers lui, c’est lui qui est d’abord venu vers nous. De cette façon, a été choisi aussi Matthias dans le récit que nous entendons au Livre des Actes des Apôtres. Bien sûr qu’il y a des critères pour devenir apôtre : pour les onze, il y a des critères qui sont d’avoir vécu tout ce qui s’est passé avec Jésus avant sa mort et d’avoir été témoin de sa résurrection. Parmi eux, on peut choisir, il faut présenter des critères pour être choisi, comme disciple et comme apôtre, comme ministre du Seigneur. Mais parmi ceux qui présentent les critères que l’on a établis, il se trouve que la volonté du Seigneur est marquée comme la première. Le choix par le sort qui était simplement un choix habituel et culturel manifeste bien que l’Église se déprend elle-même du rôle de choisir et laisse au Seigneur la primauté du choix.

De telle sorte que nous sommes toujours amenés, méditant ce texte, à rendre grâce pour le choix qui a été fait de nous, mais rendre grâce humblement. Ce n’est pas une victoire que nous avons obtenue sur quelqu’un d’autre, c’est la reconnaissance à laquelle nous avons consenti sachant notre faiblesse, notre indignité, notre insuffisance. Sachant tout cela nous continuons de croire que le Seigneur veut, avec nous, faire connaître son Évangile, annoncer la Bonne Nouvelle du Salut et non pas simplement quelques techniques pour approcher et se laisser approcher, pour réussir dans l’existence et pour manifester nos qualités. C’est bien à la suite de ce que le Seigneur a voulu pour nous et de ce que, à travers ce que nous vivons, il est capable de se manifester à tous.

De la sorte aussi, bien sûr, nous comprenons que ceux qui vont nous rejoindre dans quelques jours par l’ordination presbytérale, ceux qui s’y préparent au séminaire, ceux-là aussi ont été choisis et nous les accueillerons comme des envoyés du Seigneur, comme étant eux aussi des choisis, de ceux qui ont été aimés par le Seigneur pour cette mission qui leur est désormais confiée. Et dans l’attente de cette ordination à la fin du mois de juin, nous sommes reconnaissants au Seigneur de continuer à envoyer des ouvriers à sa mission et de venir partager avec nous la tâche qui nous est impartie. Et dont nous savons bien qu’elle est plus lourde que ce que nous sommes capables vraiment d’accueillir et de porter si nous ne sommes pas soutenus par lui, si nous ne sommes pas choisis par lui et si nous ne sommes pas aimés par lui.

Mais de la même façon, élargissant notre regard, nous accueillons tous ceux que le Seigneur agrège à l’Église. Parce que, eux aussi, il les a choisis : ceux qui ont été baptisés dans la nuit de Pâques, ceux qui demandent et recevront la confirmation adultes ce samedi à Saint-Sulpice, eux aussi sont appelés, choisis, connus du Seigneur dès avant toute chose et aimés, capables de porter l’amour qui est en eux et qui vient de lui.

Toutes les vocations ont besoin, toujours, d’être honorées et comprises comme des signes que Dieu donne.
Accueillons donc avec grâce, en cette fête de saint Matthias, tous ceux que le Seigneur envoie à sa mission, à sa moisson, et à l’annonce de son évangile de Salut. Nous savons qu’aucun de nous ne satisfait complètement à toutes les exigences de cette annonce : nous comptons les uns sur les autres, nous comptons sur la prière les uns des autres.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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