Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe et consécration de deux Vierges consacrées dans l’Ordo Virginum du diocèse de Paris à Saint-Germain l’Auxerrois

Samedi 8 juin 2024 - Saint-Germain l’Auxerrois (1er)

 Voir l’album-photos de la célébration.

- Os 2, 16.21-22 ; Ps 1 S 2 ; Lc 2, 41-51

Il y a d’abord une histoire, un appel à la fidélité. Nous l’avons entendu dans le livre du prophète Osée : « je vais la séduire ». Plus exactement il faudrait comprendre : « je vais la séduire à nouveau parce qu’elle a été infidèle, je vais la séduire, je vais la fiancer à moi, et elle vivra dans la fidélité, elle vivra dans la loyauté, elle vivra dans la joie du Seigneur ».

Bien sûr on peut se dire que la fidélité n’est pas une vertu très prisée dans le monde d’aujourd’hui et il semble que déjà, au VIIIe siècle avant Jésus, à l’époque du prophète Osée, elle ne l’était pas tellement non plus. C’est une affaire de tous les temps ; c’est une affaire de toutes les vies. Appelé à être fidèle est un appel permanent du Seigneur. Nous avons besoin de l’entendre, et en ce jour où nous fêtons le Cœur immaculée de Marie, et en ce jour où nous présentons deux femmes pour la Consécration des Vierges, cet appel est évidemment bienvenu, il nous rejoint particulièrement, il nous fait grandir.

Mais il n’y a pas que cela : il y a la promesse qui accompagne cet appel. La promesse d’entrer davantage dans le cœur de Dieu grâce à cette fidélité, la promesse que la fidélité, c’est Dieu qui l’a à notre égard. Et si nous nourrissons cette fidélité c’est parce que lui-même est fidèle. Nous comprenons que nous ne sommes pas seuls dans cette recherche-là. Nous comprenons que la fidélité de Dieu est première et qu’elle est essentielle pour pouvoir grandir et mener un chemin de fidélité. La fidélité ne signifie pas simplement la fidélité dans le mariage : la fidélité en toute chose est comme entretenue par Dieu même. Et c’est l’objet de cette promesse la plus forte.

Nous comprenons aussi, à la lecture de l’Évangile, qu’il ne s’agit pas de comprendre tout ce qui se passe dans le cœur de Dieu. Il s’agit d’essayer de nous établir nous-mêmes dans le temple de notre cœur, comme la Vierge Marie, pour y trouver cette bienveillance de Dieu qui nous accompagne. Ceux qui ont pu lire, dans l’office des lectures de ce matin, le commentaire évangélique, le commentaire de cet auteur du XVIe siècle, ont pu lire ceci : « Si tu veux être purifié, si tu veux être rendu capable de combattre contre le péché qui est en toi, établis-toi dans le temple de ton cœur, tu y découvriras que le Seigneur regarde davantage l’affection que l’ouvrage, en tout ce que nous faisons ». C’est parce qu’il nourrit notre cœur de son affection que nous pouvons espérer grandir dans la fidélité. En effet, la Vierge Marie elle-même, qui était coutumière de se rendre dans le temple de son cœur, ne comprenait pas forcément tout ce qui lui arrivait et ne savait pas forcément où l’amènerait ce chemin de fidélité. Elle retrouve Jésus dans le temple, après l’avoir cherché et ce verbe n’est pas là par hasard : la recherche n’est pas simplement la recherche inquiète des parents qui ont égaré leur enfant, mais la recherche de Jésus lui-même. Et l’évangile dit : « ils rebroussèrent chemin tout en continuant à le chercher. » Ce qui est une œuvre permanente chez nous, ce qui est une œuvre permanente pour ceux qui suivent le Seigneur : le chercher tous les jours. Bien sûr, la Vierge Marie ne comprenait pas, à ce moment-là, ce que pouvait vouloir dire : « je dois être chez mon Père ». Elle ne pouvait pas imaginer jusqu’où ce « chez mon Père » conduirait son fils Jésus. Elle ne l’a compris que peu à peu, et les quelques scènes d’évangile où nous la voyons paraître, au cours du récit, montrent comment elle ne cesse de le chercher et d’essayer de comprendre ce que le Seigneur veut pour lui et pour elle.

Et c’est le chemin dans lequel vous vous engagez, ou plus exactement, Virginie et Dominique, dans lequel vous êtes déjà engagées, et que cette célébration marque fortement. Elle marque fortement non seulement de la promesse que vous faites mais la promesse que Dieu vous fait d’entrer peu à peu et de mieux en mieux dans le cœur qui est le sien, marque que vous trouvez dans votre propre cœur.

En commençant ce chemin de la vie consacrée dans la virginité, vous savez ce que le passé vous a déjà permis de vivre et vous voulez continuer à vivre ainsi de la fidélité et de la promesse de Dieu pour nous le partager, pour nous permettre de montrer, à travers votre vie, ce que signifient et où mènent la fidélité et la promesse de Dieu.

Pour l’Église, l’Église diocésaine dans laquelle vous vous engagez, c’est évidemment extrêmement important. Nous en avons besoin, tous, et nous nous encourageons mutuellement. Et l’engagement que vous prenez aujourd’hui, l’engagement que Dieu prend à votre égard, nous stimule, nous fait grandir et permet aux Églises diocésaines en particulier, de grandir, de ne pas perdre confiance, de croire que, demain, après-demain et chaque jour, le Seigneur se révélera dans cette bienveillance, dans cette fidélité qu’il a, dans cette promesse qu’il vous fait et qu’il nous fait.

Montrez-nous le chemin, montrez le chemin à l’Église, là où vous la servez, et que nos Églises diocésaines profitent vraiment de l’engagement que vous faites. Ce n’est pas un chemin seulement personnel : c’est un chemin pour toute l’Église.

Rendons grâce au Seigneur qui vous permet de le faire et qui vous ouvre dans les jours, les mois, les années qui viennent, de nouveaux horizons. Il n’est pas fini, ce chemin de la promesse du Seigneur.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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