Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe à Notre-Dame de Clignancourt et consécration du nouvel autel

Dimanche 3 novembre 2024 - Notre-Dame de Clignancourt (18e)

– 31e dimanche du Temps Ordinaire — Année B

- Dt 6, 2-6 ; Ps 17 (18), 2-3, 4, 47.51ab ; He 7, 23-28 ; Mc 12, 28b-34

Le scribe nous met sur la voie pour bien comprendre ce que nous allons faire tout à l’heure. Il nous dit que : « Aimer le Seigneur de tout son cœur et aimer son prochain vaut mieux que tous les sacrifices. » Tous les sacrifices, c’est-à-dire toutes les offrandes extérieures à nous-mêmes. Les sacrifices dont parle le scribe sont les animaux que l’on offre à l’autel du temple. Mais ce sont des offrandes extérieures à soi-même, ce ne sont pas des réalités qui nous engagent. Et voilà que nous savons, en effet, et c’est la deuxième lecture qui nous a instruits sur ce sujet, qu’il y en a un qui s’offre lui-même : le sacrifice de Jésus sur la croix n’est pas un sacrifice extérieur mais le don de lui-même pour tous. Et en venant s’offrir sur l’autel de la croix - comme nous l’avons dit dans l’oraison du début de cette célébration - Jésus accomplit parfaitement cela. Il se donne à Dieu son Père et il se donne à tous les hommes. C’est lui-même qui se donne ; et il n’oublie pas les hommes en s’offrant à Dieu ; et il n’oublie pas Dieu en s’offrant aux hommes.

Voilà pourquoi nous pouvons bien comprendre ce que nous allons vivre dans un instant. L’autel qui est ici et vers lequel convergent bien tous les regards, parce qu’on l’illumine, parce qu’il est un peu en hauteur et qu’on le voit du fond de l’église, est le lieu où le Christ, qui s’est donné une fois pour toutes, manifeste qu’il se donne encore à Dieu son Père et à nous. Sur cet autel que je vais consacrer, nous savons, nous croyons, nous disons que nous pouvons manifester tout notre amour en retour de l’amour du Christ. Nous nous appuyons solidement sur cet autel qui a été construit pour être un roc solide devant nous, l’image même du Christ. Et nous allons honorer cet autel du sacrifice du Christ de bien des façons dans les minutes qui viennent, dans une liturgie dont tous les gestes et toutes les paroles ont leur importance.

Nous allons commencer par la litanie des saints et l’introduction des reliques de saints dans cet autel. Il y a ici avec nous le père Jean-Luc Papet, les religieux de Saint-Vincent-de-Paul qui apportent l’une des reliques, celle du père Henri Planchat qui a été béatifié il y a dix-huit mois, ici, à Paris. Les hommes, les femmes, qui ont voulu imiter le Seigneur et ont donné leur vie nous sont un signe : on le comprend dans le signe bien sûr exceptionnel du martyre, mais il y a aussi bien d’autres façons de donner sa vie. Chacun de vous, chacun de nous le sait : jour après jour, à l’image du Seigneur, par amour du Seigneur, par amour de son amour pour tous les hommes, nous sommes invités les uns et les autres à donner notre vie à Dieu et aux autres, dans le service de la prière, de la louange à Dieu et dans le service de la charité. Et vous ne manquez certainement d’être fidèles ni à l’un ni à l’autre, vous qui êtes ici. Nous ne sommes pas une assemblée fermée sur elle-même mais toujours ouverte à ceux qui ne sont pas dans l’assemblée et pour lesquels la louange à Dieu et la charité des hommes sont si importantes.

Nous allons donc penser à tous ces saints qui nous précèdent, qui nous entourent et qui forment une assemblée extraordinaire. Nous allons déposer les reliques de quelques-uns d’entre eux avec beaucoup d’attention, beaucoup d’humilité, beaucoup de désir de leur ressembler et de marcher avec le Christ et avec eux vers le Père, en donnant tout ce que nous pouvons donner de nous-mêmes.

Puis je chanterai devant vous et en votre nom, devant cet autel, la prière de la dédicace. C’est-à-dire la prière accompagnant le don de cet autel que nous faisons à Dieu en retour de son amour, pour qu’il en fasse vraiment le lieu de la célébration, le lieu vers lequel nous nous tournons pour trouver, dans le Christ, toute la force.

Dans la prière de dédicace, l’Église rappelle d’où vient l’idée de faire des autels, à travers l’histoire de l’Ancien Testament qui conduit vers le Christ qui est l’autel lui aussi. Il est à la fois l’autel, la victime et le prêtre. C’est donc pour cela que nous sommes là et que nous prions le Seigneur dans cette grande prière de la dédicace.

Ensuite viendra l’onction de l’autel avec le saint chrême. Le saint chrême nous l’utilisons dans les sacrements : je l’ai consacré lors de la messe chrismale en pensant à ceux qui en recevraient l’onction lors de leur baptême, lors de leur confirmation, lors de l’ordination des prêtres et des évêques. Ce saint chrême est toujours présent et j’ai aussi pensé, en le consacrant lors de la messe chrismale, aux autels qui allaient devoir être consacrés au cours de cette année. Il y en a déjà eu plusieurs, et dans un peu plus d’un mois il y aura l’autel de la cathédrale Notre-Dame. Bien sûr ce sont des moments extraordinaires. Répandre sur l’autel, sur les croix centrales et de côté, répandre sur toute la table de l’autel le saint chrême, c’est manifester la douceur et la tendresse de l’amour du Christ et de notre amour pour le Christ. Nous l’habillons de cette huile sainte comme nous-mêmes, qui en sommes marqués à notre baptême, à notre confirmation, et pour certains d’entre nous à notre ordination : c’est un geste qui manifeste la bonté de Dieu et notre désir de lui donner toute notre tendresse.

Après quoi nous habillerons cet autel. Il sera paré de nappes et tout à fait éclairé. Nous l’illuminerons, nous l’encenserons parce que nous l’aimons comme le lieu vers lequel nous nous retrouvons en assemblée d’Église pour offrir le sacrifice de l’eucharistie.

Et enfin, une fois qu’il aura été habillé, éclairé, encensé, nous apporterons les offrandes avec lesquelles sera ensuite célébrée l’eucharistie.

Que le Seigneur nous rende très attentifs à tous ces gestes, à toutes ces paroles, pour que nous comprenions bien ce que nous faisons en célébrant l’eucharistie, ce que nous faisons en recevant les sacrements puisqu’ils proviennent tous du don du Christ dans l’eucharistie. Ce que nous vivons avec lui, aujourd’hui et chaque jour, nous le célébrons ce matin d’une façon particulière mais nous savons que, chaque jour, nous sommes invités à le vivre : nous donner à Dieu notre Père, rendre au Christ l’amour qu’il nous porte, confiants que la force de l’Esprit nous aide chaque jour à nous transformer et à rendre notre vie comme un signe de bonne odeur, comme un signe de belle vitalité à son service et à celui de nos frères.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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