Homélie de Mgr Laurent Ulrich – Office de réouverture de Notre-Dame de Paris
Notre-Dame de Paris – Samedi 7 décembre 2024
Monition après l’intervention du Président de la République
Monsieur le Président,
Permettez que je vous remercie de ces mots et de ceux de la semaine dernière qui traduisent votre reconnaissance à tous ceux qui ont sauvegardé cet édifice au moment de l’incendie, les pompiers de Paris sous la garde du Général Gallet, et ceux qui ont travaillé à ce chantier incroyable : les deux-cent-cinquante entreprises au grand complet, le personnel de l’Établissement public Rebâtir Notre Dame de Paris, aujourd’hui sous la responsabilité de Monsieur Philippe Jost, et les équipes de la Cathédrale conduites par Mgr Olivier Ribadeau-Dumas ; tous ont travaillé de grand cœur mais aussi avec un effort permanent et de longue haleine.
Nous savons ce que l’Église, Paris et la France vous doivent : votre présence devant la cathédrale au moment où lui était infligée une blessure si forte en ce soir du 15 avril 2019 ; votre décision immédiate de nommer un Délégué spécial pour la reconstruction de l’édifice en la personne du Général Jean-Louis Georgelin, dont la mémoire reste si vive chez nous ; la promesse – un pari auquel vous étiez le seul à croire à ce moment ! – d’obtenir ce résultat en cinq années ; la création de l’Établissement public ayant pour une unique mission de rebâtir Notre-Dame de Paris ; et votre attention de tous les instants à ce chantier, marquée par vos visites régulières, notamment à la date anniversaire de l’incendie, jusqu’à cet anniversaire par anticipation, il y a tout juste un an. Pour tout cela vous savez la gratitude des Parisiens, des Français et du monde entier que vous avez tenu à rendre témoin de ce joyeux événement d’aujourd’hui.
Et tous ici savent ce que nous devons aux généreux mécènes de cette reconstruction et aux trois cent quarante mille donateurs. Cette immense et universelle générosité est un signe très remarquable, elle manifeste un désir profond de participer à la beauté qui sauve l’humanité de tant de tristesses et de maux de toutes sortes. Et la générosité des plus modestes signe la participation à une œuvre collective : elle est comme un morceau du filet de fraternité qui recouvre heureusement ce monde et lui évite de céder aux seuls intérêts particuliers.
Et maintenant, avec vous et tous les invités de ce soir dans cette cathédrale qui éclate de lumière au cœur de la Cité, nous entendons chanter la louange de Dieu. Le grand orgue de Notre-Dame, complètement révisé pendant cette période, va redonner sa voix, ses voix multiples, ses harmonies capables de traduire tous les sentiments de la prière chrétienne, de la supplication à l’exultation pour l’œuvre de Dieu, l’œuvre de sa liberté et de sa volonté puissante et aimante.
+Laurent Ulrich,
archevêque de Paris
Homélie de Mgr Laurent Ulrich
C’est une vraie louange que nous adressons à Dieu le Père de tous, en cette soirée bénie. Nous avons été dans l’attente de ce jour depuis cinq années et nous y sommes ! nous rendons grâce pour ce chantier si incroyable, mené avec une grande énergie, mais aussi avec une grande volonté de toutes les parties prenantes de le faire réussir pour la joie de tous, à l’évidence ; pour la satisfaction d’avoir relevé un défi inouï ; et, il ne faut pas manquer de le dire, pour le renom de la France dont les entreprises ont démontré leur immense savoir-faire en matière de restauration de l’ancien ! Une belle louange à Dieu qui nous a donné de rendre possible ce qui, a priori, ne le paraissait pas : « de la poussière il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre, pour qu’il siège parmi les princes, parmi les princes de son peuple », dit le psalmiste.
En effet, ce ne sont pas seulement les princes, les chefs, les notables qui ont leur place dans l’église ; nous voulons qu’en elle puissent y venir ceux qui habituellement ne s’en sentent pas dignes.
Tant d’hommes et de femmes ne pensent pas qu’ils soient invités à entrer dans une église, parce qu’ils croient que l’église est réservée à ceux qui la fréquentent depuis toujours, à ceux qui connaissent les codes qu’on y respecte, à ceux qui savent chanter, à ceux qui pourront donner leur offrande, à ceux qui sont dans la droite ligne morale, à ceux qui ont des relations ! La pierre angulaire de cet édifice – puisque le mot église est à la fois le nom d’un bâtiment et celui d’une communauté – c’est le Christ, comme le dit l’apôtre Paul aux chrétiens de la ville d’Éphèse, toute jeune communauté chrétienne qu’il a vu grandir et se développer comme une belle fraternité de croyants.
Et ceci signifie que la porte est ouverte à tous, même s’il est de passage, s’il est un étranger, s’il n’est pas un habitué ; ici bien sûr, il pourra rester dans sa condition, ne pas devenir un fidèle du Christ, et demeurer comme un visiteur qui trouve en ce lieu beauté, ravissement, recueillement, paix intérieure et sentiment d’une présence bénéfique, rassurante. Mais aussi le Christ lui ouvrira la porte de son cœur.
Dieu a pris chair humaine de la Vierge Marie que nous honorons ici ; cette maison justement, cette église insigne, cette cathédrale tout harmonieuse dans ses proportions et tout entière tournée vers le mystère du Christ, est le signe de la joie immense des croyants et de millions d’hommes et de femmes, d’enfants, de vieillards, de malades et de personnes avec handicap.
Cette église, cette cathédrale qui parle à tant de monde, elle a traversé les siècles, gardant son identité bien reconnaissable, et aussi s’est enrichie au long des siècles d’expressions qui l’ont rendue familière à chaque époque. Et par un mystère étonnant, elle a trouvé en notre siècle une renommée qui a justifié ce soin que nous prenons d’elle. Elle est comme un message qui traverse les époques et les frontières.
Vous qui entrez ici, soyez bienvenus ; que vous soyez chrétiens ou non, croyants ou non, la Vierge Marie vous tend ses bras, vous écoute et vous présente son Fils Jésus à qui soient tout honneur et toute gloire, aujourd’hui et pour tous les siècles !
+Laurent Ulrich,
archevêque de Paris
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– Voir le compte-rendu de l’office de réouverture.