Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe en la cathédrale Notre-Dame avec les prêtres, diacres permanents et baptisés en mission diocésaine de Paris

Lundi 9 décembre 2024 - Notre-Dame de Paris

 Solennité de l’Immaculée Conception

- Gn 3,9-15.20 ; Ps 97,1-4.6 ; Ep 1,3-6.11-12. Lc 1,26-38

Marie s’entend dire par l’ange : « Le Seigneur est avec toi ! » ; et la longue méditation de l’Église sur la place privilégiée de Marie dans le dessein de Dieu conclut à cette accréditation particulière : elle est conçue immaculée, sans le péché qui pèse sur la liberté de tous les autres êtres humains.
Nous pouvons rêver de cette liberté dont jouit Marie : elle est complètement libre pour aimer, pour être tout entière tournée vers Dieu notre Père, et vers son dessein bienveillant de miséricorde pour tous les hommes. Elle est complètement libre pour n’avoir jamais d’autre désir que d’être au service de tous, à travers son Fils Jésus. Qui pourrait la convaincre de chercher son propre intérêt, sa propre justification ? À ce fils, elle dira plus tard : « Ton père et moi, nous te cherchions » – de nombreux parents qui voient leur enfant s’égarer sur des chemins de traverse sont bien capables de le dire aussi et c’est très beau. Mais elle, nous pressentons qu’elle le dit parce qu’elle sait qu’en le cherchant, c’est Dieu même qu’elle s’attend à voir !
Nous pouvons rêver de cette particulière disponibilité de Marie, l’Immaculée, à Dieu et à nous tous. Nous savons que nous ne sommes pas sans péché ; mais ce qu’elle est nous est un soutien et un modèle qui nous guide.
L’hymne des Éphésiens nous le fait comprendre : « Béni soit Dieu ! Il nous a bénis, Il nous a choisis pour que nous soyons saints, immaculés dans l’amour ! » Nous sommes inclus dans ce mouvement de sainteté, de révélation progressive de la pureté à laquelle nous sommes appelés. Nous sommes destinés à être aussi, un jour en tout cas, purs de tout péché, chantant pour toujours à la louange de la gloire de Dieu. Et c’est le Fils du Dieu Très-Haut qui nous y conduit, jour après jour, et en compagnie de sa Mère très sainte.
Comme elle, nous pouvons être étonnés : comment cela va-t-il se faire ? L’Esprit Saint - qui pourrait en douter ? - nous donne, à nous aussi, ce qu’il nous faut pour marcher à la rencontre du Christ, avec moins d’aisance qu’elle, avec plus d’entraves qui viennent du fond de notre cœur meurtri et divisé.
Comme elle, nous avons certes envie de dire : « Qu’il me soit fait selon ta parole, je suis la servante, le serviteur du Seigneur. » Comme nous l’avons appris du pape François dès son premier grand message, la joie de l’évangile : ne nous laissons pas voler l’espérance d’être sur ce chemin !

Aujourd’hui, dans notre Église diocésaine, c’est fête du chapitre cathédral : ceux qui exercent des responsabilités diocésaines comme les Vicaires généraux et épiscopaux, ceux qui en ont exercé ces dernières années, qui prient chaque jour aux intentions missionnaires du diocèse et de son pasteur, ceux-là, parce qu’ils sont le chapitre de Notre-Dame, celle que nous fêtons aujourd’hui, se réjouissent d’une joie profonde d’être inclus dans ce service.
C’est aussi la fête du séminaire de Paris : les séminaristes et leurs formateurs se réjouissent de cette étape de leur vie et rendent pareillement grâce à Dieu de ce qui arrive dans notre diocèse avec le retour dans la cathédrale.
Vous les prêtres, vous étiez pour un grand nombre occupés hier dimanche dans les paroisses et chapelles du diocèse pour la célébration du deuxième dimanche de l’Avent, et c’est vraiment avec vous que je voulais commencer la série de ces messes célébrées tout au cours de cette octave avec les différentes parties constituantes de notre Église diocésaine. Vous êtes les premiers collaborateurs de l’évêque, et l’évêque cherche à être avec vous un père, un frère et un ami selon les mots du Concile Vatican II. Il n’est pas forcément aisé d’endosser ces trois rôles à la fois ; peut-être y a-t-il moyen qu’ils soient exercés alternativement selon des moments de l’existence de chaque prêtre. Et avec le nombre que vous êtes, nombre heureusement privilégié dans le diocèse de Paris, l’évêque ne peut pas faire la promesse d’être simplement disponible à chacun à tout moment. Mais je désire demeurer dans la simplicité d’une relation qui est guidée par le service de l’Évangile annoncé à tous, par la liturgie, le kérygme et la catéchèse, la charité. Vous savez que par le ministère des vicaires généraux et des doyens aussi, vous pouvez bénéficier d’une proximité effective.
J’ai voulu que les diacres soient associés, avec leur épouse pour ceux qui sont mariés, à ce moment extraordinaire : les diacres sont membres du clergé de ce diocèse, ils ne sont pas des laïcs davantage mis en valeur ou davantage engagés, ils sont des ministres ordonnés : « Ils exercent ce ministère dans le service de la charité, dans l’annonce et dans la liturgie en montrant, dans chaque contexte social et ecclésial où ils sont présents, la relation entre l’Évangile proclamé et la vie vécue dans l’amour, et en promouvant dans toute l’Église une conscience et un style de service à l’égard de tous, en particulier des plus pauvres. » Document final du synode sur la synodalité §73.
J’ai voulu que les laïcs en mission ecclésiale, ou baptisés en mission diocésaine, soient aussi avec nous : leur ministère est un ministère confié par l’évêque pour affermir, prolonger et développer, par toutes sortes d’initiatives qui leur reviennent, l’action missionnaire, l’action pastorale, l’action caritative de l’Église selon la mission qui leur a été tracée.

C’est bien tous ensemble que, dans les secousses parfois violentes que doit affronter le peuple de Dieu, l’Église, et dans les tensions qui traversent notre société et la divisent, nous avons la charge d’annoncer le salut et la paix. Permettez que je me cite moi-même ; dans la première lettre pastorale que je vous ai adressée pour l’Avent 2022, je vous avais dit, en citant le prophète Jérémie 12, 5 : « Si la course avec des coureurs te fatigue, comment rivaliseras-tu avec des chevaux ? S’il te faut un pays en paix pour avoir confiance, comment feras-tu dans les maquis du Jourdain ? » Aujourd’hui, autant que par le passé, le témoignage de l’Évangile est un engagement en situation difficile ; nous pouvons rêver d’un passé où l’Église dominait la société… cela n’a pas été toujours réussi ! En tout cas, ce n’est pas la situation présente et l’Évangile a quelque chose à dire qu’il nous faut mettre en évidence. La terre où nous vivons n’est pas en paix, et c’est justement cette terre-là qui attend des témoignages et des appels à la paix, l’appel du Christ qui est « notre paix ».

La Vierge Immaculée nous fait aujourd’hui de nouveau ce signe, accueillons-la comme notre Mère aimante pour aller courageusement à la rencontre de son Fils.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris


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